Quand on m'a dit que j'allais avoir l'honneur de tester "l'arlésienne" du jeu vidéo, j'ai tout de suite compris qu'il s'agissait de Malice. Après plus de trois ans d'attente pour un jeu qui devait faire l'apanage du potentiel de la Xbox, on ne s'attendait plus à grand chose de révolutionnaire de la part de Malice, enfin disponible en premier lieu sur PS2. C'est donc avec de tels a priori que je commençai le jeu, et autant vous dire toute suite que les choses ne se sont pas améliorées en jouant.
Je ne vous cacherai pas que ça fait forcément de la peine de voir un jeu qu'on attendait comme un vrai fer de lance de la Xbox se hisser avec grand peine à la hauteur des jeux de plates-formes juste moyens sur PS2. Très honnêtement, Malice me semble tout juste à même de rivaliser avec un jeu comme Evil Twin, et encore, mais en aucun cas avec un Jak & Daxter ou un Ratchet & Clank. Non seulement au niveau de la qualité en dents de scie du soft, mais il est vrai aussi que l'atmosphère un peu noire du jeu n'est pas très éloignée de celle du titre de In Utero. Du moins c'est ce que l'on croit en début de partie après le sort aussi inattendu qu'exagérément violent qui attend l'héroïne en début de partie. Je préfère ne pas vous briser la surprise étant donné que c'est l'un des très rares moments "forts" du jeu. Le fait est que le tout s'assagit beaucoup trop rapidement pour virer à la plate-forme pure et simple où le scénario se fait tout petit pour nous laisser nous concentrer sur les basses besognes du genre comme la collecte d'objets ou l'épreuve de sauts au-dessus du vide. L'occasion de déplorer de gros soucis de gameplay sur lesquels nous allons revenir un peu plus loin.
Malice est une jeune fille qui ne s'en laisse pas compter, surtout depuis qu'elle est en possession d'une arme pas comme les autres : la masse de piques. Sa destinée n'est autre que de sauver le monde, mais est-elle vraiment en mesure d'y parvenir ? Capable d'évoluer pour gagner en puissance, son arme lui permet de se défaire sans problème de tous ses opposants en l'assénant brutalement sur la tête de ses agresseurs. Elle lui a été offerte par le gardien de métal, un être qui régit l'univers et qui envoie Malice résoudre différentes quêtes dans le but de retrouver les huit clés mécaniques qui lui permettront de localiser Grocabot, l'ennemi qui menace l'équilibre du monde.
Le seul élément qui vient pimenter un tout petit peu la progression est la présence des sorts. A acquérir au fur et à mesure de l'avancée dans le jeu, ces sortilèges décuplent les capacités de Malice en renouvelant un peu les énigmes proposées, mais leur utilisation demeure hélas trop peu exploitée. Chaque sort pompe toutefois du mana qu'il faut donc prendre la peine de récupérer pour recharger sa jauge de magie. Malice peut alors librement planer dans les airs, gagner en force, courir plus vite, parer les attaques, ou effectuer des actions un peu plus subtiles comme envoyer un sort de lenteur qui permet de ralentir tous les ennemis à l'écran. L'autre bon point c'est la possibilité de sauvegarder à n'importe quel moment en cours de partie. En cas de décès, on atterrit sur la plage des âmes à l'état de fantôme, et il faut alors parvenir à récupérer la pierre spirituelle de Malice en moins d'une minute pour éviter le game over.
Mais une fois la surprise passée, il faut en venir au bilan et reconnaître les gros défauts du titre d'Argonaut. D'une part la lenteur de l'animation est réellement sidérante au point de donner l'impression d'évoluer sous l'eau. Tous les coups, tous les sauts, tous les mouvements s'effectuent au ralenti, ce qui rend la progression laborieuse et guère plaisante à jouer. Ensuite les ennemis sont trop peu variés, et il n'est pas rare de rencontrer uniquement le même type d'adversaires sur tout un niveau. Et pour enfoncer le clou, la moindre action à faire est détaillée au fur et à mesure dans le sous-menu, résultat, on se contente de faire ce qu'on nous dit sans réfléchir et on avance très vite dans le jeu qui se révèle en plus assez court. Autant dire que Malice se révèle franchement à court d'arguments pour nous convaincre que ça valait la peine de l'attendre si longtemps.
- Graphismes13/20
Le jeu offre un rendu très bizarre, parfois trop flou, trop lumineux ou avec des couleurs qui flashent. Globalement, ça n'est pas particulièrement joli, d'autant que certains environnements font preuve d'un manque flagrant d'originalité.
- Jouabilité10/20
On a vite fait le tour des possibilités de mouvement avec la masse de piques et les sorts ne sont pas assez mis à contribution. En plus des problèmes dûs aux angles de caméra, il faut outrepasser la lenteur de l'animation qui donne l'impression constante d'évoluer sous l'eau. C'est tout sauf un plaisir à jouer.
- Durée de vie12/20
Le niveau de difficulté plutôt aisé, la possibilité de sauvegarder à tout moment et l'indication systématique des actions à réaliser font que l'on progresse très vite dans un jeu qui ne dispose pas d'une durée de vie monstrueuse.
- Bande son11/20
Le doublage français s'arrête dès la fin de la cinématique d'intro pour laisser la place à des voix en anglais sous-titrées français. Les musiques sont plutôt quelconques mais ce n'est pas l'aspect le plus critiquable du soft.
- Scénario11/20
Après les premières cinématiques, on s'attend à une atmosphère tendant vers l'humour noir d'un bout à l'autre de l'aventure. Autant dire que ce n'est pas le cas et que la pertinence de l'histoire s'effiloche très rapidement.
J'ignore s'il existe encore des irréductibles qui attendaient la venue de Malice après une telle attente, mais le fait est qu'on se retrouve avec un jeu plutôt classique dans son déroulement, doté d'une ambiance qui aurait pu être sympathique mais qui se noie lui-même dans des lacunes de gameplay qui nuisent complètement au plaisir de jeu. La sortie du fameux Malice risque donc de passer beaucoup plus inaperçue que prévu.