Il nous a fallu patienter longtemps avant de voir enfin le fameux Boktai se frayer un chemin en version européenne. Une fois le jeu en main, on comprend mieux pourquoi le titre imaginé par Hideo Kojima sort en rayon juste avant l'été. Jamais chasse aux vampires n'aura été aussi crédible.
Boktai, contraction du japonais Bokura no Taiyô qui veut dire "notre soleil", est la toute première cartouche GBA équipée d'un capteur solaire. On savait l'imagination d'Hideo Kojima débordante depuis Metal Gear Solid, mais il fallait tout de même oser un concept aussi audacieux que celui de Boktai. L'idée réside dans le fait que le héros du jeu, un chasseur de vampires, est équipé d'une arme nommée Solar Gun ou Gun Del Sol, qui ne fonctionne qu'avec l'énergie solaire. Il faut donc impérativement jouer sous la lumière du soleil pour charger le Solar Gun, seule arme efficace contre les monstres qui peuplent les donjons.
Vous imaginez bien que Kojima a tout mis en oeuvre pour s'assurer que les joueurs ne trouvent pas un moyen détourné de jouer à Boktai, l'objectif étant justement de les pousser à sortir le nez dehors. Il est donc impossible de remplacer la lumière du soleil par une lumière artificielle, et impensable de jouer dans le noir. Autant dire que ça fait beaucoup de contraintes que n'apprécieront pas forcément les joueurs, surtout quand on sait qu'on ne peut avoir de prise sur la météo. Malgré tout, une fois les conditions réunies, il faut reconnaître que l'idée est intéressante et colle bien au scénario du jeu. Le jeune Django a pour tâche de traquer tous les seigneurs vampires qui se terrent au fin fond de leur donjon, de les vaincre avec le Gun Del Sol puis de traîner leur cercueil à l'extérieur pour le purifier en pleine lumière. La tâche est d'autant plus difficile qu'il faut alors retraverser le donjon peuplé de monstres dans l'autre sens, tout en prenant garde au cercueil qui s'anime parfois de lui-même pour tenter de retourner dans son repaire. Au fil de l'aventure, l'arme de Django acquiert de nouvelles capacités qui facilitent la destruction des monstres.
Mais il vaut parfois mieux éviter les combats inutiles en se faufilant discrètement de salle en salle à la manière d'un Solid Snake. N'oublions pas que c'est le père de Metal Gear Solid qui est aux commandes de ce jeu, ce qui explique que l'on retrouve tous les codes de MGS dans ces phases d'infiltration, depuis la possibilité de cogner contre les murs pour faire diversion jusqu'aux points d'exclamation et d'interrogation qui traduisent le niveau d'alerte des ennemis. Dommage tout de même que le soft ne bénéficie que d'une traduction partielle, puisque tous les termes clés ont été conservés en anglais, ce qui entraîne un mélange français/anglais très pénible à lire. De même, il faut un temps d'adaptation avant de se faire à la vue isométrique qui n'est pas forcément évidente à gérer lorsqu'il s'agit de viser avec précision. Pour revenir sur le Gun Del Sol, il faut préciser que si la recharge peut se faire à tout moment lorsqu'on se trouve en extérieur, pour peu qu'on ait de la lumière, elle ne peut se faire à l'intérieur des donjons que via les sources lumineuses qui filtrent du plafond. Une trop longue exposition au soleil entraîne même la surchauffe du Solar Gun, une contrainte de plus imaginée par Kojima pour éviter les insolations.
Mais le niveau de luminosité peut aussi influer sur les environnements du jeu en asséchant des flaques d'eau par exemple, et bien sûr sur les Undead en les ralentissant ou en les faisant disparaître. Ainsi, à l'instar de Sword of Mana mais de manière beaucoup plus réaliste, chaque écran peut être visité à trois moments de la journée différents : pendant le jour, le crépuscule ou la nuit. Sans vouloir non plus rentrer dans les détails, on note aussi bon nombre d'idées originales, comme la possibilité de faire pousser des fruits et des noisettes sur un arbre solaire pour récolter ensuite des objets. Mais aussi la présence d'un mode 4 joueurs avec comme enjeu la récupération de l'énergie solaire emmagasinée par les autres joueurs. Au bout du compte, on finit après quelques réticences dues aux contraintes solaires à rentrer complètement dans cette aventure totalement originale et plus prenante qu'il n'y paraît de prime abord. En tout cas, si jamais Boktai vous tente, n'attendez pas la rentrée de septembre pour vous le procurer.
- Graphismes16/20
La réalisation se révèle soignée et plutôt détaillée avec sa vue isométrique. Malgré tout, les environnements ne sont pas très surprenants.
- Jouabilité16/20
Kojima a réussi son pari avec Boktai puisque le système basé sur la lumière fonctionne très bien malgré les contraintes qu'il impose. Evidemment, l'aventure sera beaucoup plus fastidieuse si vous vous obstinez à jouer en intérieur. La représentation en vue isométrique nécessite un certain temps d'adaptation.
- Durée de vie15/20
Après deux, trois donjons, on se rend compte que la progression se contente de réutiliser inlassablement le même concept et l'aventure fait donc plus office d'éternel recommencement que de quête riche en rebondissements.
- Bande son15/20
Une ambiance sonore réussie qui sait se faire ténébreuse dans les donjons.
- Scénario14/20
Comme précisé plus haut, on a davantage l'impression d'enchaîner les donjons que de suivre une histoire riche en rebondissements, mais la chasse au vampires n'est pas le genre de quête qu'on trouve très fréquemment dans les Action/RPG.
Totalement inédit, le concept de Boktai basé sur l'utilisation de la lumière solaire convient parfaitement à l'aventure qui est proposée dans le jeu, même si elle entraîne pas mal de contraintes qui obligent le joueur à jouer en extérieur. L'expérience vaut tout de même largement le détour, et une suite est d'ores et déjà prévue pour l'été prochain.