Pris dans le feu de conflits politiques entre deux factions antagonistes, le peuple se voit contraint de subir chaque jour davantage l'oppression liée aux bombardements intensifs et aux combats furieux et carnassiers que se livrent les militaires. Placé au creux d'un maelström de feu et de cris, ce dernier ne peut se détacher de cette atmosphère étouffante. Le but de nombre d'entre eux est ainsi de s'élever au-dessus des nuages afin de ne contempler que le blanc tapis cotonneux. Voici donc l'échappatoire de la caste des pilotes de Deadly Skies 3.
Nouvelle recrue au sein de la troisième force du groupe Delta, afin de compléter des rangs passablement vides du fait des nombreux affrontements défavorables à la section, vous débutez votre très récente carrière par un premier choc aérien, vous mettant face à la C.O.C, votre principal opposant, et en particulier la MERV, équivalent de la "team" Delta. Plongé dès le départ dans l'action, il va falloir faire vos preuves et garder le contrôle de vos émotions lors de vos premières confrontations en plein ciel. Fort heureusement pour vous, les commandes s'avèrent on ne peut plus intuitives. Basé sur la gestion de quatre touches principales seulement, contrôlant l'accélération, le freinage, les tirs primaires et secondaires, le gameplay demeure à la portée du plus grand nombre et permet de profiter immédiatement d'une certaine dextérité et d'un plaisir de jeu non feint. Prendre à revers un chasseur ennemi en le contournant rapidement, effectuer des brusques changements de cap, faire un looping pour éviter un missile, ou encore abattre un opposant en pleine course d'une roquette rageuse, s'acquiert en un instant et ne nécessite pas de longs et pénibles entraînements préalables. Ce titre est dédié à l'immersion, au réflexe, ne sollicitant que l'imaginaire instantané, plaçant le joueur dans un flot continu de situations et de défis à relever sans l'amputer de sa concentration sur son aire de jeu. Il se rapproche en cela d'un certain Ace Combat qui met clairement en avant l'arcade pure, et les sensations de vol libres et prenantes. De même, le contrôle de votre véhicule à la vitesse non négligeable s'avère fort plaisant, le stick autorisant les acrobaties les plus incroyables et surtout des effets de style, certes égocentriques, mais tellement jouissifs. Vous déchirerez les nuages en de longs filaments argentés découvrant alors un soleil aux chaudes couleurs, se couchant à l'horizon. Une scène onirique qui pourtant ne vous emmènera aucunement dans des limbes de plaisir visuel.
En effet, la qualité graphique du titre reste relativement moyenne, tout du moins en ce qui concerne les avions et les décors "plaqués". Commençons par ces derniers. Censés représenter la beauté d'un ciel embrasé par le levant, ou la sobriété d'un bleu azur, ces derniers ne parviennent pas à assumer leur rôle. Bénéficiant le plus souvent d'un dégradé et d'une gestion des contrastes peu convaincants, ceux-ci paraissent tenir parfois d'une sorte de mur peint comportant des aspérités. Il faut faire bien attention pour s'en rendre compte à pleine vitesse, mais les ralentis ne laissent aucun doute sur le sujet. De même, les appareils supersoniques, s'ils disposent pour la plupart d'un design intéressant et novateur (certains sont d'ailleurs des reproductions très fidèles de modèles existants, tels que F-15E, le MIG-29SMT, et bien d'autres), ne brillent pas au sein des cieux illuminés par leur modélisation. Subissant un aliasing détestable, ces pauvres hères aux ailes profilées errent seuls dans les airs avec leurs angles saillants et leur niveau de détail bien faible. Seule la vision cockpit peut se targuer d'une réalisation exemplaire, de par l'utilisation de textures véritablement réalistes. Cet état de fait ne nuit en rien au plaisir pris de voltiger au gré des vents, mais laisse une impression tenace de travail peu finalisé, ce qui est vraiment regrettable à la vue du fond et de la dynamique du soft. D'autre part les environnements naturels que ce soient des falaises ou des étendues herbeuses, se voient affligés d'un scintillement important, renvoyant aux premiers jeux issus des esprits féconds des créateurs dédiés à la PS2. Fort heureusement les divers effets allant des explosions aux couches nuageuses, et la représentation, (parfois) du sol, notamment des îles au-dessus de la mer, contrebalancent très légèrement les incriminations précédentes. Mais il est de bon ton de regarder un tout petit peu plus loin que cette ligne d'horizon ayant perdu ses agréables teintes.
Véritable dessin animé interactif, Deadly Skies 3 vous fait entrer dans une trame scénaristique, qui, si elle n'est pas sincèrement riche, a le mérite d'exister et de vous stimuler à repousser la belliqueuse MERV encore et toujours, avec une détermination constante. Pourquoi dessin animé me direz-vous ? Car la construction durant les missions est relativement semblable. En effet, vos équipiers, comme vos ennemis ne cessent de discuter. Que ces messages vous soient adressés, ou qu'ils émanent de tierces personnes ne vous concernant d'aucune manière, ils ne surviennent jamais au hasard et sont toujours liés à une situation particulière. Vous ne vous sentirez jamais seul. On se croit réellement impliqué au coeur d'un épisode de n'importe quel animé traitant de combats aériens. Cela apporte un intérêt sans cesse renouvelé et une concentration de tous les instants, pendus aux allégations douteuses de vos opposants ou aux cris de désespoirs de vos amis. Cela insuffle une vie dans l'univers bien froid de votre cockpit et confère un dynamisme conséquent, doublé de l'apport salutaire d'une "dramaturgie" attribuant un but à vos actions. L'implication n'en est que plus totale, d'autant que les doubleurs semblent assez concernés par leurs personnages. Ces derniers, quant à eux, et pour corroborer les dires précédents, disposent d'un graphisme typé manga du plus bel effet, dispensé par un dessinateur professionnel, chara-designer de son état, Tsukasa Jun, ayant auparavant travaillé pour les studios Psikyo. Très charismatiques bien que dotés d'une psychologie limitée à d'éternels clichés, ces intervenants feront rapidement partie de votre environnement direct, se révélant vraiment attachants au bout du compte. La grande force de ce titre.
Il faudra d'ailleurs vous faire à leur personnalité et à leur doux visage, car vous n'incarnerez pas le tourmenté Ken durant l'ensemble de l'histoire. Suivant les missions, il vous sera proposé de choisir un autre avatar appartenant à la Force Delta. Entre Jamie le vieux roublard fervent admirateur de vieux appareils à hélice, Ruth la belle dirigeante de la troisième force, ou encore le débonnaire Rick, l'embarras du choix s'offre à vous. Détenteur chacun d'un type de véhicule défini, il faudra vous habituer à la prise en main de ces derniers. Mais heureusement, grâce aux points collectés à la fin de chaque mission suivant la réussite de vos objectifs et du nombre d'adversaires abattus, il vous est possible d'acheter un nouvel avion en vous rendant à la base dans la section appropriée. De la même manière, le Hangar vous donne la possibilité de repeindre votre possession, de le recouvrir d'un métal spécial ou de le réparer. Il existe réellement une petite vie dans votre Q.G. Effectivement, c'est en ce lieu important qu'il faudra vous rendre afin de visionner les divers briefings de missions, de consulter vos statistiques ou de discuter avec vos compatriotes.
D'ailleurs ceux-ci, suivant les choix que vous avez opérés lors de la sélection des pilotes seront plus ou moins agréables avec vous,évoqueront des sujets différents, et leurs injonctions durant les missions seront dissemblables. Un plus non négligeable qui pourra vous conduire en outre à observer une fin différente. Les trajets ne sont pas foncièrement distincts, mais apportent une modification dans la linéarité des titres mettant en scène des avions de chasse. Dans une semblable veine, les missions disposent dans la majeure partie des cas d'un objectif propre, en relation avec le scénario, qui varie à chaque occurrence. Mis à part les affrontements d'interception, vous n'aurez que peu l'impression de refaire un challenge identique dans un nouvel environnement (ce qui est le cas de nombre de productions). Au final donc, bien qu'immersif et sincèrement agréable à expérimenter, Deadly Skies 3 souffre vraiment de son manque de finition qui entraîne avec lui un fond des plus intéressants mettant en scène nombre d'idées attrayantes, et détenteur d'un background futuriste addictif. Reprenant peut-être trop de choses d'un Ace Combat, la confrontation ne peut aboutir qu'à la baisse d'altitude du soft de Konami. Dommage.
- Graphismes13/20
La vitesse de défilement est vraiment optimale, tout comme les animations des missiles et autres objets volants identifiés, mais la modélisation des appareils demeure trop approximative pour combler le joueur esthète. De même, les environnements exposent un scintillement horripilant et l'aliasing fait un retour en force remarqué. Un ensemble qui n'est pas catastrophique, mais qui aurait mérité une plus grande application. Le chara-design est quant à lui de bonne qualité et donne envie de prendre la peau des différents héros.
- Jouabilité15/20
Les commandes se prennent immédiatement en main, et le plaisir immédiat ressenti à l'essai perdure même au bout de plusieurs heures de jeu. Le parti pris arcade est une très bonne chose, qui place le pilote chevronné que vous êtes face à lui et non à un gameplay complexe et rédhibitoire. Les mouvements réalisables avec votre avion sont autant de figures libres que vous seul dirigerez. Les affrontements fort dynamiques vous convaincront sûrement.
- Durée de vie12/20
Bien que disposant de plusieurs fins différentes et d'un système de collection d'appareils à la ligne acérée, dont le Vic Viper (mythique), la trame n'est pas véritablement longue, mais vous y reviendrez sûrement, ne serait-ce que pour admirer vos plus beaux replays.
- Bande son14/20
Les voix demeurent convaincantes et collent bien avec les différentes péripéties. Les effets sonores quant à eux s'avèrent assez réalistes et plongent agréablement dans l'ambiance. Néanmoins, il ne faut pas oublier les compositions musicales qui ne parviennent pas vraiment la plupart du temps à mettre dans l'ambiance. Possédant une sonorité "synthé" assez dépassée, elles mettent en avant des mélodies agréables, mais qui se révèlent trop chancelantes. A noter tout de même quelques morceaux sympathiques.
- Scénario12/20
Un scénario classique, mais qui octroie une raison à partir au combat ardemment, ce qui est le fil principal d'une histoire. Les aventures personnelles des pilotes sont, quant à elles, certes un tantinet conventionnelles, mais suffisent à leur donner un caractère propre.
Deadly Skies est un de ces titres possédant en leur sein un attrait non négligeable, mais amputés d'une données leur permettant de se hisser parmi les fleurons du genre. Dans ce cas présent, la fautive s'avère être la réalisation générale, peu convaincante et étonnante de la part de Konami. Il n'en reste pas moins que ce titre au gameplay accrocheur mérite que l'on s'y essaie, ne serait-ce que pour son ambiance particulière et son approche "originale" du soft de combat aérien. Espérons que Ace Combat 5 nous subjugue, sinon le prochain volet de Deadly Skies pourrait bien (si la direction artistique suit), créer la surprise.