Ils sont six, six descendants des Titans, peuple de fiers guerriers légendaires. Malheureusement, et en accord avec le scénario, il va vous falloir choisir un de ses valeureux combattants dont le but sera d'accomplir une quête salvatrice, construisant une légende des pièces de sa bravoure. Entre les jolies Helga, Velmira, et Anastasia, votre coeur balancera, du moins plus que face à de grands et musculeux hommes, pour la plupart barbus et manquant singulièrement de charisme. Nommés Ratibor, Ejnar, et Alexander, ils vous seront de la plus grande utilité face au rude hiver et aux hordes de démons et de gobelins envoyés par Tyran, dont le patronyme est des plus originaux. Chaque héros ou heroïne possède en effet des dons propres qui pourront être plus ou moins développés au gré de vos péripéties. Ne bénéficiant d'aucune once d'originalité et se focalisant sur le schéma le plus simple possible, les augmentations de stratus via l'expérience s'exécutent de la manière suivante. A chaque niveau dépassé, un nombre défini de points vous est alloué, qu'il vous faut bien entendu redistribuer entre les diverses caractéristiques composant votre avatar à la fibre guerrière aiguisée. Ces dernières sont en fait de deux types différents. Tout d'abord, celles ayant trait à la force physique et psychologique, allant du Charisme à la Force en passant par l'Intelligence (six au total), et ensuite celles tenant plus des compétences. Au nombre de 20, elles englobent chaque sorte d'arme (épée, hache, massue, etc), tout en y adjoignant des données comme l'alchimie, la reconnaissance, le commerce ou encore l'art de la forge. Il vous est donc recommandé de bien vous occuper de la gestion de votre personnage, en modifiant consciencieusement les points forts et les faiblesses, afin d'obtenir un équilibre nécessaire à la conclusion de votre saga nordique.

Néanmoins, devant tant de classicisme exacerbé, la motivation n'est plus, et l'on se contente de reprendre des schémas déjà établis, et qui ont porté leur fruit précédemment. Seule l'importance du charisme demeure intéressante, mais ne se détache aucunement de sa parfaite mise en place dans des titres tels que Fallout ou encore Morrowind. Jouant sur l'attitude des NPC face à vous, cette aura vous octroiera des missions que vous n'auriez pas eu en possédant la prestance d'une loutre. Il n'en reste pas moins que les choix de "carrière" sont nombreux et que vous pouvez faire prendre n'importe quelle voie à votre protégé. Les matériaux de base de l'adepte du RPG PC sont donc présents, mais auraient mérité une focalisation et une attention vraiment plus importantes. Au bout de quelques heures de jeu, vous ressentirez sincèrement l'impression de vous essayer à un titre paru il y a trois ou quatre années. Dans un registre similaire, l'interface, assez simple d'accès, est réduite au strict minimum. Une barre sur le bas de l'écran permet d'afficher la contenance de votre "paquetage", contenant le plus souvent diverses potions et artefacts, et un menu sur la gauche proposant les différentes actions à effectuer et les protagonistes ralliés à votre cause (jusqu'à huit).

En effet, il est possible d'engager ou plutôt de recruter des malandrins, barbares et magiciens afin que ces derniers prennent part à l'aventure. Surtout utiles en raison de la résistance relativement élevée des créatures démoniaques, ces amis de passage ont pour la plupart une tâche spécifique à accomplir dans leur pauvre existence, ce qui motive leur volonté de rejoindre la troupe. Plus travaillé que dans Fallout premier du nom, cet aspect comporte des avantages et des inconvénients. En premier, il est vital d'équiper votre compatriote en faisant simplement glisser un objet de votre inventaire (barre du bas) jusqu'à son image. Il ne vous reste plus alors qu'à changer de personne d'un petit clic dans le but de disposer les pièces d'armure sur son corps.

Désormais pratiquement aussi puissant que vous, mais non soumis à la montée de niveau, votre compagnon double en quelque sorte votre force offensive. Néanmoins, s'il est facile de sélectionner chacun des membres et de les regrouper (en formant un rectangle de sélection via la souris), il n'est pas rare de perdre votre meilleur allié lors d'une course folle ou d'une retraite stratégique, appelée aussi fuite. Restant béat d'admiration devant un dragon de l'apocalypse à deux têtes, il se fera cruellement malmener, quand bien même vous aviez cru l'avoir inclus dans votre communauté. Fort heureusement, le bon pathfinding aidant, vous avez la possibilité de l'appeler à se regrouper par le biais de la touche "F". Mais lorsqu'il se retrouve encerclé par des araignées géantes, vous pouvez lui dire adieu. D'ailleurs, les phases de combats si elles se révèlent intuitives et on ne peut plus accessibles, ne se distinguent pas spécifiquement. Après avoir dégainé grâce à la touche espace, votre unique préoccupation sera de double-cliquer sur votre adversaire afin qu'un torrent d'acier se déverse sur lui. Légèrement différentes car mises à contribution à distance, les attaques magiques et celles dispensées par les archers, octroient un tant soit peu de stratégie dans ce monde barbare.

Néanmoins, à côté de ce constat plutôt terne, il existe quelques petites originalités rehaussant d'autant plus l'intérêt porté à Konung 2. Pour commencer, vous allez être confronté dès que vous entrerez en possession d'un village à la gestion de celui-ci. Sans être vraiment fouillées, ces phases vous permettent de proposer aux villageois de construire des bâtiments particuliers, tels que des forges ou des centres d'entraînement, afin de parfaire la défense du lieu et d'augmenter ses finances. Et oui, car une fois quelques aventures terminées, rien ne vous empêche de rendre une petite visite aux habitants afin de collecter l'impôt. Cependant, tâchez de rester correct avec eux. Ensuite, lors de vos recrutements, au lieu de toujours penser à estourbir des innocentes goules, essayez de convaincre des forgerons et des médecins de rejoindre votre colonie, afin de la faire prospérer. Enfin, même si la nouveauté ne prime pas, le fait de pouvoir se concocter des potions est assez jouissif, surtout lorsque l'on s'empoisonne accidentellement. Pourtant les lacunes rattrapent bien vite l'intérêt au galop. Plus vite que la marée au Mont Saint-Michel.

Un constat s'impose dès les cinq premières minutes de jeu. Le jeu ne possède pas un attrait graphique exceptionnel, loin de là. Réalisé dans une 2D aux couleurs ternes et aux détails en faible quantité, la réalisation globale pêche par un manque d'imagination flagrant. Des intervenants aux bâtiments et armes, rien ne se détache et tout rappelle des productions précédentes. Dénué de toute âme propre, le titre paraît comme un insipide tableau, aux coups de pinceau incertains et vains. Ceci est d'autant plus dommage que l'ambiance, via des décors d'un aspect moyennement travaillé, mais représentatif du thème général, se révèle immersive et bénéficie d'accents mystiques. Les légendes nordiques sont passionnantes et d'une grande richesse, comportant nombres de thèmes fondateurs du RPG tel qu'on le connaît. De même, le travail psychologique des individus peuplant ces arides plaines est d'une navrante platitude, accumulant les incohérences. Un exemple parmi d'autres, le héros Alexander, dès le début, se voit confier la mission de détruire le mal incarné et réagit à cette annonce très tranquillement, comme si son mentor lui avait demandé d'aller cueillir des fraises. Un problème qui ne participe décidément pas à une quelconque implication profonde.

Enfin, la bande sonore est assez critiquable. Non que les thèmes musicaux soient de mauvaise qualité, bien au contraire certains étant même composés ingénieusement et possédant d'intéressantes sonorités, mais l'ambiance sonore et les voix digitalisées sont risibles. Ne pouvant pas régler le volume sonore des effets, vous serez obligé de supporter les cris stridents d'oiseaux visiblement énormes, et les chants tonitruants (vraiment) du coq. Prenant le pas largement sur la partition musicale, il est embêtant que cet écueil ne puisse être éliminé. De plus, manquant sincèrement de caractères et surtout de thèmes épiques, les musiques n'aident pas à profiter d'un scénario indigent qui aurait cependant pu être vécu à défaut d'être simplement observé. Au bout d'une heure, j'ai inséré la B.O de FF Tactics dans mon lecteur CD afin de ressentir enfin des émotions. Essayez, ça marche. Au final, Konung 2 se présente comme un soft moyen, ne disposant de suffisamment d"assise" et d'originalités pour espérer se hisser parmi les fleurons du RPG PC. Odin ne va pas être content.