Longtemps repoussée, la version console de Fallout est enfin disponible. Avec elle, il ne faut pas s'attendre à renouer avec le style RPG propre à la série, mais plutôt à trouver un jeu de hack and slash dans le même esprit que la série Baldur's Gate : Dark Alliance.
Après avoir transformé avec une grande maîtrise son fameux jeu de rôle Baldur's Gate en un hack and slash de luxe, Interplay s'attaque cette fois-ci à l'un des autres piliers du genre, je veux parler de Fallout. Encore reconnue comme une référence pour tous les rôlistes PC, Fallout rassemble effectivement autour de lui une énorme communauté qui pouvait légitimement voir d'un mauvais oeil ce changement d'orientation. Cela dit, après la brillante démonstration faite sur Baldur's Gate, il n'y avait pas vraiment de quoi s'inquiéter. Pour développer Fallout : Brotherhood Of Steel, Interplay n'avait qu'à reprendre les grandes lignes de Dark Alliance et les assaisonner à l'esprit post apocalyptique de Fallout. Reste juste à savoir si la sauce peut prendre.
Autant le dire tout de suite, le résultat est plutôt positif. Même s'il n'atteint pas la profondeur de jeu de Dark Alliance, Fallout : Brotherhood Of Steel a quand même un certain charme qui tient à mon avis bien plus à son ambiance trashy qu'à son gameplay bourrin. Le sous-titre le souligne habilement, la confrérie de l'Acier (bien connue des joueurs de Fallout) est au centre du scénario. Cette organisation a pour but de rétablir l'ordre à la surface de la Terre, dévastée par une guerre atomique. En tant qu'apprenti puis membre de la confrérie, vous allez devoir nettoyer quelques environnements des pillards, des goules et de la pourriture mutante qui squattent un peu partout. Dans la catégorie monstres, viennent également s'ajouter quelques bestioles déjà connues comme les Radscorpions ou les Griffes Mort. Normal, on est dans Fallout...
Tout le jeu se déroule dans des décors à la Mad Max, sales et complètement délabrés, ce qui nous change agréablement des univers heroic fantasy dans lesquels le genre hack and slash a un peu trop tendance à puiser son inspiration. En reprenant le même moteur graphique que celui de Dark Alliance 1 et 2, Fallout : Brotherhood Of Steel s'assure ainsi une certaine qualité visuelle lui permettant d'afficher une jolie palette de textures crades et poussiéreuses. Le sentiment d'évoluer dans des niveaux en ruines est réel ce qui ne gâche rien au plaisir. Mais plus que l'ambiance graphique, c'est à mon avis au niveau des sons et des dialogues que l'ambiance parvient à nous surprendre. Assez discrètes au fil du jeu, les musiques font appel à plusieurs groupes métal venus prêter leurs riffs saturés aux moments clés du scénario. Les combats contre les boss se voient alors dynamiser par une bande-son assez lourde en total accord avec l'action. Pour les dialogues, c'est encore autre chose. Si le doublage se révèle satisfaisant, sans pour autant casser la baraque, les lignes de textes se démarquent réellement de ce qu'on a l'habitude de voir. Grossièretés et insultes sont ainsi mises en avant comme rarement elles l'avaient été jusqu'alors dans un autre jeu. Le pire, c'est que la vulgarité n'est pas gratuite et qu'elle sert réellement le titre, lui donnant une ambiance parfaitement unique. Jeter à la face de quelqu'un qu'il a moins de c....... qu'un eunuque, ou l'envoyer balader en lui répondant qu'on n'est pas sa p..... de femme de ménage a quelque chose de bien fendard qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Inutile de préciser d'ailleurs, que le titre est déconseillé aux moins de 16 ans...
Cependant, le langage cru n'est pas le seul responsable de cette classification, puisque la violence des combats a elle aussi été jugée un peu trop hard pour les plus jeunes. C'est vrai qu'on n'y va pas vraiment de main morte contre les sales bestioles qui nous attaquent. Que ce soit avec des armes de mêlée (couteau, batte de base-ball cloutée, gants à pointes...) ou des armes de longue portée (beretta, carabine artisanale, dynamite...), on passe le plus clair de son temps à tuer des ennemis sans cesse plus nombreux et résistants. Le système d'armes reprend exactement celui de Dark Alliance, c'est-à-dire que l'on peut équiper son personnage de trois armes différentes parmi toutes celles contenues dans l'inventaire et qu'il suffit ensuite d'appuyer sur une touche pour passer de l'une à l'autre en plein jeu. Puisque nous y sommes, sachez que le reste de la jouabilité se calque également sur le modèle Baldur's Gate avec bien sûr la touche pour utiliser une potion (Stimpak dans le jeu) et regagner de la vie. La petite nouveauté ici vient du fait qu'il est désormais possible de cibler son ennemi et d'effectuer des esquives rapides dans n'importe quelle direction. C'est pas grand chose, mais c'est utile, croyez-moi.
S'il restait encore une petite partie RPG dans la gestion des personnages de Dark Alliance, Fallout : Brotherhood Of Steel réduit cela au strict minimum. Dès lors, le personnage n'est plus défini par de nombreuses caractéristiques mais uniquement par les points de défense et d'attaque que lui apportent les protections qu'il porte et les armes qu'il utilise. Le système de compétence n'est cependant pas banni du jeu et il se trouve toujours régi par l'expérience gagnée après chaque ennemi tué ou quête remplie. On peut ainsi faire évoluer son personnage en privilégiant ou non des compétences diverses et variées (premier secours, découverte de trésors, don des explosifs, etc.). En début de partie, le titre nous fait choisir entre trois héros (un homme, une femme ou un mutant) celui qui nous représentera ensuite. De ce choix, découle quelques compétences spécifiques qui vous aideront plus tard dans votre progression. Par exemple, le mutant reste insensible aux sources toxiques alors que l'homme frappe un poil plus fort que les deux autres.
Bien qu'il reste extrêmement proche de son homologue Dark Alliance, Brotherhood Of Steel ne parvient malheureusement pas à l'égaler. D'abord parce que son système de jeu est un tantinet moins riche (une gestion du personnage plus basique) mais aussi en raison d'un petit détail qui n'a l'air de rien mais qui change finalement pas mal de chose : le niveau de zoom. Avec une caméra bien trop rapprochée et totalement impossible à éloigner, on doit composer avec un champ de vision pour le moins restreint qui nous empêche réellement de prévoir ce qui peut nous tomber dessus (ennemis ou pièges). On se retrouve fréquemment en train de naviguer en ne regardant que la petite carte en haut à droite de l'écran (il est possible de l'agrandir en transparence sur tout l'écran) ce qui gâche quand même un peu le plaisir de jouer. Finalement, si le jeu parvient à retenir notre attention, c'est bien grâce à son ambiance si particulière que les fans de Fallout retrouveront avec envie et que les autres découvriront avec amusement. En dehors de cela, il s'agit d'un hack and slash plutôt bon, mais pas exceptionnel non plus.
- Graphismes15/20
Reprenant le même moteur que celui de Dark Alliance 1 et 2, ce Fallout là peut se vanter de proposer de bien jolis graphismes. On note parfois de légers ralentissements, mais rien de bien méchant. Par moment, les environnements semblent un peu vides, mais bon, après une guerre atomique, qui peut réellement prévoir de l'aspect qu'aura la surface de la Terre ? Etrangement, les graphismes de cette version Xbox sont légèrement plus flous que ceux de la version PS2.
- Jouabilité15/20
S'appuyant là aussi sur l'exemple de Baldur's Gate, Fallout parvient à offrir une bonne jouabilité dont on ne regrette finalement que l'absence de plusieurs niveaux de zooms.
- Durée de vie12/20
Fallout est plutôt court et sa linéarité ne l'aide pas vraiment à rallonger l'expérience de jeu, contrairement au mode deux joueurs. La question qui se pose est : pourquoi ne pas avoir pensé à un mode 4 joueurs comme Champions Of Norrath sur PS2 ?
- Bande son14/20
La bande-son se fait assez discrète pendant le jeu, mais les musiques ne sont pas pour autant mauvaises, loin de là. Le doublage s'avère correct et les dialogues excellent dans le politiquement pas correct du tout.
- Scénario13/20
Le déroulement du scénario est simple et linéaire mais la touche Fallout lui donne tout de suite plus d'intérêt.
Un peu moins profond que Baldur's Gate : Dark Alliance, Fallout : Brotherhood Of Steel n'en est pas moins un bon hack and slash qui a pour lui un intéressant background apocalyptique. Ca nous changera de l'heroic fantasy, tiens !