J'imagine que c'est empreint d'angoisse et rongé par le doute que vous lisez ces lignes. Vous savez que Project Zero 2 constitue l'une des meilleures sorties de ce mois sur PS2, mais vous connaissez aussi son énorme potentiel horrifique et ignorez si vous serez à la hauteur. Aurez-vous suffisamment de sang-froid et de détermination pour aller au-delà de vos peurs et vous immerger dans la sinistre histoire de deux soeurs vouées à défier le monde des esprits ?
Depuis l'impact du premier volet sorti en 2002 sur PS2, Tecmo sait que Project Zero peut donner naissance à une série reconnue dans le domaine du survival horror, côtoyant fièrement les Silent Hill et autres Resident Evil. Comme son prédécesseur, Project Zero 2 parvient même à se démarquer en alliant une atmosphère typique des films d'horreur japonais à la Ring avec un gameplay basé sur l'utilisation d'un appareil photo comme seul moyen de défense.
A l'instar du premier volet, l'ambiance trouve aussi sa source dans le fait que le joueur ressent d'autant plus la peur que la jeune fille qu'il contrôle semble aussi vulnérable que terrorisée par tout ce qui lui arrive. Le pire, c'est qu'il lui faut malgré tout surmonter sa peur pour venir en aide à sa soeur jumelle blessée depuis ce qui apparaît visiblement comme un accident. Celle-ci a tout de même la capacité de sentir la présence des fantômes tout autour d'elle, un poids psychologique supplémentaire pour cette jeune fille déjà suffisamment traumatisée. Mais même si l'on peste parfois contre la présence de ce personnage qui obstrue souvent la progression, sachant qu'il est déjà bien difficile de se repérer dans les environnements à cause des changements d'angles de vue et des ouvertures quasi invisibles, on finit par regretter ce don précieux une fois les deux soeurs séparées. Il s'agit alors de trouver le moyen de réunir les deux soeurs, la plus faible pouvant être contrôlée au cours de très courtes séquences en noir et blanc qui permettent de savoir ce qu'elle devient et où elle se trouve. Des scènes qui donnent d'ailleurs tout leur sens au sous-titre du jeu, Crimson Butterfly, puisque les papillons rouges semblent étroitement liés à ce personnage. Un détail que n'a pas manqué de me faire remarquer Logan en évoquant le film "Butterfly Murders" de Tsui Hark, qui donne également une idée du symbole des papillons qui représentent pour les asiatiques une visite ou la mort d'un proche.
C'est donc un épais voile de mystère qui entoure le scénario du jeu et qui s'épaissit encore davantage au fil de l'histoire, attisant l'envie du joueur de découvrir le fin mot de ce cauchemar empreint de mysticisme asiatique. L'environnement graphique et sonore atteint d'ailleurs un niveau de réussite tel que l'on est immédiatement plongé dans l'ambiance et saisi d'effroi. Il faut donc prendre son courage à deux mains pour se résoudre à faire un pas devant l'autre dans ces environnements lugubres où n'importe quoi est susceptible de surgir de n'importe où. On a presque l'impression d'agripper soi-même fiévreusement l'appareil photo qui nous sert à capturer l'âme des esprits qui surgissent aux moments les plus critiques pour nous faire sursauter. Comme dans le premier volet, les fantômes se classent en plusieurs catégories. On peut simplement les capturer en une prise pour libérer leur âme ou bien aspirer leur énergie progressivement en enchaînant les clichés. L'efficacité de la pellicule n'est pas le seul élément à prendre en compte dans ce dernier cas, puisque les dégâts infligés dépendent de la qualité du cadrage, le but étant de réussir à effectuer des cadrages mortels pour une efficacité optimale.
Les capacités de l'appareil évoluent également à plusieurs niveaux au moyen de globes d'esprit qui permettent d'améliorer l'efficacité des fonctions de base de l'appareil et de rajouter des fonctions bonus. Une fois en votre possession, la radio joue également un rôle bienvenu dans la mesure où elle permet d'écouter les voix des esprits et leurs messages morbides tout en accentuant la dimension horrifique. Le soft ne vous laisse d'ailleurs aucun répit, puisque même lorsqu'on croit pouvoir souffler en posant la manette quelques secondes, un fantôme vient nous narguer à l'écran par intermittence. D'une durée de vie tout à fait raisonnable pour ce type de jeux, Project Zero 2 justifie encore plus que son prédécesseur de prendre sur soi pour découvrir une aventure horrifique aussi prenante qu'indispensable.
- Graphismes17/20
Une réalisation très pertinente qui joue sur les contrastes entre le noir et le blanc, mais aussi sur le grain de l'image selon le type de séquence proposé. Les scènes cinématiques sont à glacer le sang et l'apparition des esprits semble quasi réelle.
- Jouabilité16/20
On a le choix entre un mode de déplacement 2D ou 3D à la Resident Evil. On peste juste un peu contre la lenteur de déplacement de l'héroïne et la difficulté à se repérer dans les environnements, ce qui oblige à recourir très souvent à la carte. L'utilisation de l'appareil photo est toujours aussi pertinente.
- Durée de vie14/20
Une durée de vie respectable pour ce type de jeux, qui avoisine la huitaine d'heures de jeux pour un joueur moyen.
- Bande son16/20
Une franche réussite au niveau sonore puisque la bande son contribue pleinement à l'ambiance tétanisante du jeu composée de hurlements, de cris, de bruits sourds, de râles et de silences. Le doublage est également soigné.
- Scénario15/20
L'histoire de Project Zero 2 étant indépendante de celle du premier volet, n'importe qui pourra apprécier l'histoire sinistre du jeu à sa juste valeur. Un scénario auréolé de mystère et de mysticisme.
Tecmo parvient à faire de ce nouveau Project Zero un survival horror encore plus réussi que son prédécesseur. L'ambiance est phénoménale, la richesse visuelle et sonore exceptionnelle et le gameplay toujours aussi pertinent. Une aventure terrifiante à ne surtout pas manquer si vous avez le cran de vous y plonger.