Comment faut-il aborder Bad Boys 2 ? Sachant que le film dont il est tiré est un véritable déluge d'explosions et de scènes d'action, je suppose que le mieux serait donc de l'aborder lui aussi comme un concentré de testostérone, à la fois nerveux, intense et, pourquoi pas, spectaculaire. C'est donc ce que j'ai fait mais, bizarrement en partant dans cette optique, je n'ai pas vraiment reconnu l'esprit Bad Boys. Si ce n'est pour la bande-son dans laquelle les deux flics n'arrêtent pas de se casser et de se contre casser, j'avoue ne pas vraiment avoir saisi ce qui pouvait rapprocher Bad Boys 2 le jeu de Bad Boys 2 le film.

Ah si, peut-être la mise en scène désastreuse. Oui, ça doit être ça le lien entre cinéma et jeu vidéo, une mise en scène déplorable servie par une caméra surexcitée, un peu comme si on voulait tout montrer à la fois, sans jamais trouver le bon angle de vue, celui de l'action. C'est fou que de nos jours il faille encore se farcir une telle focale. Pourtant, tout part d'une bonne intention, proposer au joueur l'alternance entre une vue à la première et à la troisième personne. La plupart du temps, la caméra est dans le dos du personnage, puis lorsque celui-ci se met à couvert derrière un mur, une poubelle ou un placard, on passe en vue intérieure pour des séquences de tir proches de celles de Time Crisis ou Virtua Cop. La gestion de la caméra est constamment couplée à celle du viseur, on ne peut donc pas tirer dans un sens et avoir une vue d'ensemble pour jauger le danger qui nous attend de l'autre côté. Très pénible d'autant qu'on doit aussi supporter une grande imprécision à la fois dans les mouvements et dans la gestion du viseur. Il arrive parfois de tirer droit dans le bide d'un ennemi sans que celui-ci s'en aperçoive. Même pas une brûlure d'estomac, rien. Etrange...

On note aussi des gros problèmes d'IA dans le comportement des méchants ET de son coéquipier, si bien que l'on ne sait pas vraiment si on fait des descentes dans des repères de bandits ou dans son frigo au milieu de ses Flamby. Les ennemis ont beau se mettre à couvert eux aussi, il leur arrive trop fréquemment de rester debout à tirer comme des flans sans rien faire d'autre. Bon, c'est tant mieux pour nous, ça nous facilite la tâche. Par contre, c'est dommage pour le jeu qui gagne là un défaut supplémentaire dont on se serait bien passé. Bah, de toute manière, un de plus, un de moins, Bad Boys 2 n'est pas à ça près. Côté réalisation graphique, on frôle aussi la catastrophe. Le jeu se cache derrière un grain d'image très particulier qui salit littéralement l'écran. Si dans un jeu comme Silent Hill, l'effet est génial, il passe plutôt pour une faute de goût dans un jeu qui, lui, se déroule sous le soleil écrasant de la Californie. L'ensemble du titre baigne alors dans des tons cradingues et des textures dégueulasses bavant les unes sur les autres. Dommage puisque les décors sont plutôt détaillés et que, maigre consolation, on peut à peu près tout détruire autour de soi.

Dernièrement, le vieux dicton qui voulait qu'une adaptation de film en jeu vidéo ne pouvait donner qu'un résultat minable avait tendance à se faire oublier grâce à des éditeurs soucieux d'offrir un produit de qualité à leur public. Avec Bad Boys 2, je dois bien avouer qu'on refait un pas en arrière sur ce sujet. Je veux bien que le film ne soit pas un chef d'oeuvre absolu du cinéma, mais un effort aurait quand même pu être fait sur le jeu, ne serait-ce que pour le débarrasser de ses défauts. Des tares bien trop lourdes pour que l'indulgence ou même le capital sympathie qu'on pourrait lui accorder suffisent à le sauver de son sombre destin, c'est-à-dire un sommeil éternel au fond du placard.