Il y a déjà un bon moment que Mafia est sorti sur PC, pour contenter les malfrats en herbes et les fans du Parrain qui toute leur vie ont regretté de ne pas être nés aux USA pendant la prohibition pour vendre de la limonade frelatée. Voilà que le titre s'attaque maintenant à la Xbox avec à la clé un résultat qu'on ne pourra que qualifier de déplorable.
Moi qui ait toujours été un mordu des films de mafieux, du Parrain aux Affranchis en passant par tous les incontournables, un jeu comme Mafia à sa sortie sur PC ne pouvait que me ravir (ça et un simulateur de Sergio Leone peut-être). Et il est vrai que même si certains écueils venaient l'entacher, tel qu'un gameplay parfois un peu mou, le jeu fut une réussite, une sorte de GTA scripté, la liberté en moins donc, mais le côté politiquement incorrect cher à Take Two toujours intact. Voilà qu'on vous donne l'occasion d'incarner Tommy Angelo, chauffeur de taxi qui va faire son chemin au service d'un Don du Chicago des années 30, faisant tout pour convaincre le concilieri de son talent.
Côté ambiance, Mafia assure, doublage de qualité (enfin pour les personnages principaux en tout cas), dialogues dans le ton, cinématiques qui portent bien leurs noms et missions crédibles, on ne peut pas dire le contraire, Illusion Softworks a fait un excellent travail d'immersion qui donne envie de bien faire son boulot. Justement, votre taf en tant qu'employé de la mafia sera d'accomplir un certain nombre de petits boulots, essentiellement au volant d'une guimbarde de l'époque. Après avoir servi de chauffeur pour aller récolter les profits du racket à la protection chez les commerçants, vous aurez le droit de commencer à filer vers l'entrepôt d'un concurrent pour réduire ses caisses en charpie à coups de batte de base-ball, de participer à des règlements de comptes avec votre sulfateuse Thompson, de transporter du Whisky et surtout de pratiquer l'art de la course poursuite endiablée. Et tout ça en évitant les esclandres. Renverser les piétons ou provoquer des accidents sont des choses à éviter car c'est le meilleur moyen de s'attirer des ennuis avec la police. Dans ces cas là, deux solutions s'offrent à vous : soit vous avez la possibilité de vous arrêter et d'arroser l'agent importun d'un délicat flot de billets (ou même de ranger les armes et de vous prendre un PV), soit vous filez et vous semez la flicaille.
Le principal reproche qu'on adresse au gameplay de Mafia sur PC, c'est sa lenteur. En effet, le titre n'hésite pas à prendre son temps, outre les premières missions qui sont du genre fastidieux, il faut reconnaître que les voitures de l'époque ne sont pas des bolides et leur conduite s'avère exigeante si on ne veut pas finir en flammes. Mais plus profondément que ça, l'intégralité du jeu progressait à un rythme posé, mais maîtrisé, au service de l'ambiance. Sur ce point, c'est une question de goûts, on adore ou on déteste. Mais ce qui sur PC pouvait être compensé par une réalisation scotchante (une longue errance dans une ville crédible ça passe mieux) est nettement plus difficile à avaler sur Xbox
Car oui, maintenant je peux lâcher le morceau : le portage de Mafia sur Xbox est calamiteux à tous les points de vue. En premier lieu, on abordera la question de la maniabilité. Passons sur la conduite dont la difficulté tient surtout au gameplay en lui-même et aux voitures utilisées, anciennes et pas évidentes à maîtriser. Ce sont les phases à pieds qui sont cauchemardesques. Tommy est un véritable piquet atrocement déplaisant à contrôler et qui semble toujours glisser sur le sol, se déplacer devient vite un calvaire d'imprécision. Mais se sont surtout les combats qui s'avèrent complètement ratés. Dire que je trouvais le système de visée de GTA pas terrible ! Ici, les gunfights sont abominables, non seulement à cause des déplacements calamiteux mais aussi en raison d'un système de lock foireux. En fait, on ne sait pas ou on tire, essayer de se lancer dans un gunfight à longue distance est une hérésie. Et comble du comble, d'étranges bugs de collision semblent parfois stopper vos balles devant un ennemi ! Vous tirez, même en étant collé à lui, et... rien, que pouic, nada. Quant aux combats au corps à corps, on n'en parle même pas.
Mais ces problèmes de maniabilité ne sont pas tout. La réalisation est catastrophique même si on se situe un cran au-dessus la version PS2 (mais vu qu'elle était médiocre on ne va pas loin). Par quoi on commence ? Le plus cruel sans doutes. D'abord, je tiens à dire qu'une chose à survécu de la version PC : les excellentes cinématiques, filmées et cadrées à l'hollywoodienne et profitant de textures et de modèles fins et plaisants l'oeil. Mais pour ce qui est du moteur du jeu... la ville est devenue pathétique, les immeubles ne sont que de gros cubes sur lesquels on a collé une sale texture en basse résolution tout simplement dégueulasse. Et c'est encore pire si on passe à côté à pied. Si le Frame-rate se montre plus élevé sur Xbox, l'abominable aliasing n'a pas été éliminé, pas plus que le fort clipping toujours maladroitement dissimulé sous un brouillard miteux. Et ce n'est pas fini. Les modèles 3D sont simplistes, aussi bien pour les voitures que pour les personnages. Outre le frame-rate décent, cette déclinaison Xbox profite aussi d'un trafic un peu plus dense et de piétons plus nombreux, même si on reste toujours dans quelque chose d'assez limité à côté d'un GTA. Plus vivant donc mais pas encore autant qu'on le voudrait Le résultat, c'est que jouer est devenu affreusement barbant. Car si sur PC on se plaisait à traverser Chicago, sur console, c'est une plaie.
Une plaie rendue d'autant plus cruelle que c'est encore plus long vu qu'on doit se taper jusqu'à 3 loadings par mission, voire plus parfois. Toutefois, il faut reconnaître qu'une fois encore la version Xbox l'emporte sur sa copine PS2 puisque si les chargements sont toujours aussi cruellement nombreux, ils sont bien plus courts. Toujours est-il que cela devient malgré tout vite horripilant et que lorsqu'on découvre avec effroi qu'une fois arrivé d'un côté de la ville, on doit repartir à notre point de départ et donc se refarcir le chargement de la zone, on est tenté de tout arrêter. Ceci dit, comparé à la version PS2, il faut dire qu'on est bien moins dérangé ci et que le plaisir de jeu remonte d'un cran. Ces coupures dans le jeu ne font que renforcer un problème latent : son manque de rythme. Paradoxalement, ce problème existait déjà sur PC, dans la mesure ou le jeu prenait son temps mais compensait par une atmosphère prenante et une réalisation soignée. Ici, on doit se cogner une traversée rendue plus laborieuses (moins de trafic, décors laids) et juste au moment où on commence à s'exciter un peu, PAF ! Loading please wait !
Au final, que reste-il de Mafia ? Son scénario et son ambiance qui survivent dans les cinématiques, perdues au milieu d'un gameplay décharné et d'une réalisation à l'arrache.
- Graphismes9/20
Ok, les cinématiques sont irréprochables mais pour le reste... Aliasing, clipping, décors immondes, modèles simplistes etc. Cette version Xbox gagne tout de même un frame-rate plus élevé, des loadings moins et un trafic un poil plus dense mais c'est une maigre compensation au vu des capacités de la console.
- Jouabilité10/20
Le coeur du gameplay n'a pas bougé mais ses défauts sont exposés au grand jour. La maniabilité approximative est repoussante et la lenteur du jeu est devenue exécrable, faute d'être compensée.
- Durée de vie15/20
Environ 15 heures pour terminer le jeu, mais on doit compter avec le mode FreeRide et un nouveau mode Course.
- Bande son16/20
Un point fort qui ne change pas, on retrouve les doublages VF de qualité (à quelques exceptions près) et des musiques d'époques. Les effets sont eux aussi réussis.
- Scénario14/20
Plus scripté qu'un GTA, Mafia dispose aussi d'un scénario plus ficelé et d'une ambiance qui vaut le détour. Malheureusement, contrairement à la version PC, on ressent le décalage entre les cinématiques et les phases d'actions qui ont perdu en immersion.
Excellent sur PC, Mafia prend une sale tournure sur Xbox. Tout est là pour repousser, une maniabilité atroce et une réalisation rédhibitoire. Si certains aspects se trouvent un demi-cran au-dessus de la déclinaison PS2, on ne peut cependant pas dire que cela soit suffisant. Les loadings nettement plus courts permettent en tout cas d'atteindre la moyenne. Il n'est pas trop tard pour y jouer sur PC.