Il n'aura pas fallu longtemps pour voir débarquer le suite de SOCOM aux Etats-Unis, quelques mois à peine. C'est avec un peu de retard que le titre arrive enfin en Europe mais le mal est fait et l'empressement mis à développer ce second volet se ressent fortement, entre le manque d'intérêt de certaines missions et l'absence totale de corrections des défauts originaux.
Vouloir surfer le succès est une attitude tout à fait compréhensible. Le hic, c'est qu'il ne faut pas faire n'importe quoi. A peine SOCOM était sorti aux USA que sa suite était déjà sur les rayons. Optimiste que je suis, c'est toutefois confiant que je me suis lancé dans ce nouveau volet du fort sympathique SOCOM de l'année dernière. Premier contact, bon ben tout est là, on reprend vite nos marques, même maniabilité, même gameplay. Zou, c'est parti pour une virée en campagne avec Alpha et Bravo. On jette un oeil sur le système d'ordres, oui c'est pareil, à deux ou trois ordres près. Le principe d'arborescence est toujours là. L'obligation de répéter certains ordres aussi d'ailleurs, gare à la prononciation. Un premier héritage moins positif de SOCOM.
Et ce n'est malheureusement pas le seul. Si on retrouve certaines qualités du premier opus, on en retrouve également l'ensemble des défauts. L'IA par exemple nous fait des sautes d'humeur. Autant on peut apprécier que les équipiers sachent se mettre à couvert et adapter leur pathfinding en fonction des abris disponibles, autant il est déplorable de constater qu'ils se balancent toujours des grenades sur la gueule (voire sur vous), de même, on ose encore nous servir des équipiers qui se bloquent dans les couloirs ou butent sur des murs, avec diverses conséquences qui vont du bloquage du joueur dans un lieu étriqué à l'impossibilité de poursuivre la progression si on ne va pas les chercher nous-mêmes. Autre problème, la difficulté qu'ils semblent éprouver à respecter l'ordre de ne pas tirer. En règle générale pas de problème, mais dès qu'un ennemi est trop proche à leur goût, ça ne rate pas, ils tirent, heureusement avec succès, ce qui est un moindre mal. En gros, absolument aucun effort n'a été fourni pour corriger des défauts déjà présents et souvent reprocher au premier SOCOM. Chacun appréciera comme il le veut ce souci du détail et du soin.
Soit, mais on y a survécu la première fois à ces défauts. Alors qu'est-ce qui peut arranger tout ça ? La qualité des missions ? Faut voir. La plupart sont en vérité assez peu passionnantes et surtout bien trop faciles. Oubliez toute tactique ailleurs qu'en mode hard, foncer dans le tas sera tout aussi efficace à moins de vouloir à tout prix obtenir un bon classement. Ceux qui s'aventureront dans l'infiltration et la tactique pour la première fois y trouveront peut-être leur compte. Mais pour peu qu'on ait tâté un Rainbow Six, on risque de trouver tout ça un peu limite. Outre leur grande linéarité, les missions manquent de challenge en raison d'une IA ennemie pas folichonne. Les vilains ont généralement tendance à rester planté comme des idiots et s'il est toujours possible de réaliser des stealth kills (en prenant soin de dire aux équipiers de ne pas bouger, sinon c'est garanti ils vont vous griller) jouissives, force est de constater que la méthode la plus payante est bien de sniper à tout va. A noter au passage le côté oeil de lynx des ennemis qui vous repèrent parfois de manière assez incompréhensible. Et dans le genre incohérence qui gonflent, sachez qu'il vaut mieux se prendre une rafale de mitrailleuse qu'un coup de crosse au visage qui vous tue instantanément. Je vous laisse imaginer comme c'est plaisant de mourir comme ça à la fin d'une mission. Et comme en plus les-dites missions se montrent moins intéressantes que dans le premier volet, c'est un peu tout le jeu qui perd avec tout ça réuni.
Du coup, niveau campagne solo, SOCOM 2 se montre moins convaincant que son aîné. Missions mois palpitantes, IA toujours aussi erratique et aspect tactique finalement limité. Ceci dit, on pourra toujours se tourner du côté du online pour retrouver des sensations plus fortes, notamment grâce au Headset toujours d'actualité pour taper la causette avec nos compagnons de frag. En ce qui concerne la technique, le moteur ne semble pas avoir changé des masses. C'est donc fort joli, avec de sympathiques animations et des environnements variés. Ceci dit, on note des ralentissements relativement fréquents à défaut d'être violents et surtout un aliasing parfois très prononcé. Autre point qui n'a pas beaucoup évolué, la bande-son. Percutante en matière d'effets sonores, elle faiblit un poil sur les musiques et se vautrent carrément sur les doublages avec des speechs qui pour le coup, sont limites ridicules. Si on a enfin droit à des briefings dans lesquels on a appris à prononcer le mot "sniper", on doit se farcir les commentaires idiots des équipiers. Alors non seulement ils hurlent pendant une phase d'infiltration (bonjour l'immersion on y croit trop) mais en plus on a souvent l'impression qu'ils s'excusent, avec des choses du genre "j'ai tiré parce qu'ils étaient trop près", sur un ton presque honteux. C'est très rigolo.
- Graphismes16/20
A peu de chose près la même chose que l'an passé, en dehors des ralentissements et de l'aliasing qui étaient inédits.
- Jouabilité13/20
Les mêmes tares de gameplay essentiellement dues à l'IA moyenne des équipiers et des ennemis. Le problème étant que cette fois, les missions sont peu passionnantes, le gameplay s'en trouve donc plus atteint que dans le premier volet. Cette fainéantise dans le développement donne la désagréable sensation de jouer à un mauvais add-on. Reste le multi, toujours aussi fun.
- Durée de vie14/20
Vu la facilité des missions, les habitués du genre vont plier le jeu en deux jours. Les plus novices mettront plus de temps. Heureusement le multijoueur online promet de belles heures de jeu.
- Bande son14/20
Une bande-son un peu moins efficace qu'auparavant mais qui fonctionne toujours pour ce qui est des effets. En revanche, le doublages semblent encore plus mauvais, non seulement on aurait préféré éviter les SEALs qui hurlent en missions mais les intonations sont parfois risibles.
- Scénario13/20
C'est le genre qui veut ça, mais les jeux d'action-tactique finissent tous par avoir des scénario d'une banalité affligeante qui se contente d'être des pretextes crédibles. C'est le cas ici.
Il n'y a pas de mystère, avec un développement qu'on suppute bref, SOCOM 2 n'est pas le jeu qui exploitera à fond le concept de base. Aucun effort pour corriger les divers défauts du premier (l'IA essentiellement) et une campagne solo plus tiède font de SOCOM 2 un titre assez moyen en définitive, même si son mode online est séduisant. Mais quand il s'agit de mettre la main au porte-monnaie, on ne peut s'empêcher de regretter la nonchalance qui a dû prévaloir durant le développement d'un jeu qui aurait mérité d'être plus soigné.