"J'ai la solution !". Le jour faste où le département sport de Electronics Arts a entendu ce cri d'espoir, les développeurs d'Acclaim auraient sans nul doute apprécié de tenir place dans la salle. En effet, la proposition de créer quelque chose de totalement innovant pointait à l'horizon. Cela aboutit à NBA Street vol.2, jeu de basket tiré de NBA Live, mais y adjoignant un appendice terriblement ludique à défaut de simulation précise et rédhibitoire pour certains. Urban Freestyle Soccer suit il attentivement la balle ?
Dans le vaste et joyeux monde du jeu-vidéo, certains titres se sont avérés réussis, malgré une qualité graphique détachée quelque peu des attentes actuelles et logiques des valeureux consommateurs. Au moment de sa mise en vente, Pro Evolution Soccer premier du nom, avait été décrié comme n'étant pas conforme à ce que la Playstation était en capacité de fournir. Cependant il s'avéra fort rapidement que ce dernier surpassait de moult vallons le photo-réaliste FIFA au niveau de l'intérêt intrinsèque. En est-il de même avec le titre mis en avant sous vos yeux grand ouverts (ce qui se révèle au final plus pratique pour déchiffrer ces quelques lignes) ?
Vous avez donc parfaitement assimilé le fait que ce soft ne brille en aucun cas pour ses qualités graphiques. Bénéficiant (si l'on peut parler ainsi) d'une modélisation de faible mérite, les différents joueurs endossent une trop lourde veste, les contraignant à assumer leur fatalité de force. De même, les environnements urbains présents dans le titre, oscillent entre le correct et le relativement moyen, dans le cas du quartier chinois par exemple. Les textures sont crédibles, mais ressortent peu d'un imbroglio de couleurs fades et sombres. Ajouté à cela, l'animation des sportifs tout en restant acceptable, évolue dans des sphères bien moins élevées qu'un FIFA 2004 ou même un PES 3. Mais la petite touche d'originalité s'appelle Mme Caméra. En effet, faisant fi des convenances, cette rebelle en herbe gambade innocemment le long du terrain, appréciant énormément les espaces grillagés où elle se blottit dès qu'un joueur s'approche de l'un des abords. Ce qui a pour principal effet de masquer votre vision par de désagréables textures transparentes, mais néanmoins gênantes. La possibilité de changer la distance et le mode de vision de cette dernière ne permettent en aucun cas de remédier à cet écueil. D'autre part le design général, mis à part celui des menus, s'abaisse à reprendre les styles vestimentaires communs aux bandes de jeunes écumant les cités. Et dans l'ensemble il faut bien dire que certains accoutrements s'avèrent malvenus.
La jouabilité quant à elle connaît des petits déboires malheureux. Dans l'ensemble confus, les affrontements balle au pied ne permettent pas de distinguer convenablement toutes les phases de l'action. De même, les différentes manières de s'interposer demeurent approximatives et peu précises, donnant parfois un arrière-goût de frustration agrémenté d'énervement. Les reprises de volée, et autres gestes techniques se réalisent cependant de manière simple, conférant au jeu un côté spectaculaire agréablement surprenant. Une fois votre jauge de style, remplie par les différents gestes acrobatiques vous ayant attiré l'attrait des foules, au sommet de sa puissance, il vous est possible de déclencher un super tir par le biais d'une manipulation simple à réaliser, au sein de cônes de lumière éparpillés sur le terrain. Mais attention, votre temps de grâce est limité. En résumé, baigné par une bande-son qui personnellement ne me passionne guère à base de Hip-hop, de Gansta Rap, et de Drum'n Bass, le plaisir de jeu aurait pu se muer en un véritable moment jouissif, si seulement tout cela s'était avéré moins brouillon. Mais ce n'est pas le plus grave.
Il ne s'agit plus vraiment de parler du titre en lui-même, mais de ce qu'il véhicule. En effet, vous n'êtes pas sans savoir qu'en ce moment, le "problème" (comme disent certains) des cités est au coeur de la vie politique française. Accusés de tout les maux modernes, la jeunesse du quartier, et même d'ailleurs (refrain connu), souhaite sincèrement que les avis à son égard évoluent. Malgré cela, il reste des softs qui ne trouvent rien de plus malin que de faire passer ces mêmes personnes pour des gens décérébrés, véhiculant un tas d'énormes clichés raciaux qui n'ont rien à faire dans un jeu vidéo. Lorsque cela est fait dans un soucis avéré de dérision, le raisonnement est moins vicié. Mais je ne pense pas que ce soit le cas ici. Un exemple parlant, l'équipe comprenant des joueurs asiatiques, pénètre sur l'espace de jeu, déclamant ces termes : "Nous somme des Tsunamis !", suivi d'un : "Nous sommes les Mandarins du style (ou quelque chose du genre) !". De même que l'on aimerait dire aux boîtes de développement américaines que la Guerre Froide est terminée, concernant certaines de leurs sorties, il est nécessaire de mettre en avant cet aspect relativement fallacieux. D'un seul coup, d'un seul, un titre ludiquement divertissant et relativement prenant du fait de nouveaux clans à débloquer et d'un système de customisation des "teams" via les points durement gagnés lors des matches, régresse en un simple soft de mauvais goût, ciblé de manière duelle. Dommage.
- Graphismes12/20
Des joueurs modélisés très sobrement évoluent dans des décors du même acabit. Il est cependant intéressant de noter des animations d'assez bonne tenue, ainsi que des effets lors des tirs spéciaux retranscrivant parfaitement la puissance délivrée.
- Jouabilité11/20
Des commandes relativement intuitives gâchées par une faible précision lors des actions défensives. De nombreuses actions d'attaque sont toutefois disponibles et simples d'accès, grâce à une combinaison de touches bien pensée. Il apparaît cependant que le système de points, récoltés à chaque action d'un style fédérateur, est moins intéressant que celui de NBA Street vol.2.
- Durée de vie9/20
Plusieurs clans sont à débloquer, relançant un tant soit peu votre participation au titre. Il demeure néanmoins une évolution d'équipe à l'aide de points récoltés au gré des affrontements, ayant le mérite d'exister. De plus, il vous sera possible de visionner certains petits films concernant le football de rue.
- Bande son10/20
L'explication est que je n'aime pas spécialement ce style de musique. Mais il faut avouer que le thèmes sont bien travaillés et originaux pour la plupart, composés par des célébrités telles que TLC ou encore Method Man. Les voix françaises pour leur part, se révèlent calamiteuses, tout autant que les interjections émanant du public.
- Scénario/
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Honnêtement, ce soft possède un potentiel parvenant à attirer le regard, concernant son aspect spectaculaire et immédiatement accessible. Cependant pour de nombreuses raisons citées ci-dessus, il ne parvient pas à égaler dans le domaine médiatique du football, ce que NBA Street vol.2 a réussi à exécuter dans le monde non moins médiatisé du basket. Pas aussi polémique qu'un Conflict Desert Storm, ou un Manhunt, Urban Freestyle Soccer doit être approché en étant pleinement conscient de l'univers qu'il dépeint. Chacun possède une approche différente. A vous d'adapter la votre. Je conseille toutefois de l'essayer avant de l'acheter. Un bon jeu virtuellement parlant, qui aurait mérité un traitement autre. Si une séquelle s'en suit, exempte de ces défauts, vous aurez alors affaire à une expression de la qualité. En attendant.....