Commençons tout d'abord par la définition du Puyo, qui est celle-ci : Être à la consistance gélatineuse, de la famille des flanidés, très malléable, et disposant de capacités d'adaptation extraordinaires. Sa vie sociale s'avère quant à elle fort particulière. Demeurant essentiellement avec ses congénères, il ne peut entrer en contact direct qu'avec ceux de couleur analogue à la sienne. Discret et peureux, il disparaît lors de grandes concentrations.
Le principe même de ce jeu légendaire et atypique est contenu dans ces quelques malheureux mots. Pour les novices et surtout les non-initiés (car il faut pratiquement une cérémonie pour pénétrer dans le clan fermé des adorateurs de Puyo), une explication des règles générales du jeu se révèle par conséquent de rigueur. Semblable dans le fond à Tetris, le déroulement des parties de Puyo Pop diffère de ce dernier de par l'obligation de jouter contre un personnage, dirigé par l'ordinateur ou par un ami courageux. L'écran étant scindé en deux parties distinctes, chaque joueur dispose de son aire de jeu personnelle, où de multiples drames viendront bientôt s'immiscer. Il existe quatre types de Puyo, correspondant chacun à une couleur particulière. Des rouges, des jaunes, des verts et enfin des bleus. Le principe est alors enfantin. Il suffit d'empiler quatre blobs de teinte similaire afin de les supprimer dans un éclat de gelée dynamique et festif. La manière de combiner ces étranges êtres peut varier selon la position de ces derniers. Que ce soit de manière horizontale, verticale, ou encore en diagonale, il suffit que les côtés adjacents se touchent pour former une chaîne destructible. Comme vous l'aurez sans doute compris, votre but final est d'empêcher que votre zone soit envahie de bêtes flasques jusqu'en haut, tout en participant à la déchéance de votre adversaire. Et de quelle manière ? Par des attentats fourbes et veules sur sa personne.
En effet, il vous est possible et même chaudement recommandé, d'effectuer des combos, profitant d'un moment d'inattention de votre opposant. Il vous suffit pour cela d'enchaîner deux, trois, voire plus, d'associations de couleurs en un seul coup. Votre ami aura de ce fait la désagréable vision de Puyo blancs qui chutent mollement sur son terrain de jeu, l'empêchant pour le coup de parachever la liaison colorée qu'il avait préparée depuis cinq minutes. Considéré comme une plaie infâme, le blob de couleur blanche ne peut être lié avec aucun des autres pseudo-flans présents, ce qui explique sa relative mauvaise réputation. Néanmoins, cette calamité peut se voir effacée par l'encerclement de celle-ci à l'aide de Puyo de couleur analogue. Par exemple vous pourrez faire se volatiliser un bloc blanc en l'entourant de blocs rouges. Cela paraît donc anodin, du moins avec un seul. Car lorsque vous réaliserez des combinaisons de cinq, six ou sept liaisons, votre adversaire se verra inondé de Puyo blancs. Ce qui le conduira à terme à sa perte. Cependant, l'être humain se révèle pervers. Il lui aura suffi de placer intelligemment ses boules gélatineuses pour vous gratifier soudain d'un enchaînement impressionnant, lui octroyant par la même le célèbre état de "Fièvre". Dans ce mode, des dizaines de blobs sont déjà empilés, et il ne vous reste plus qu'à disposer deux ou trois de leurs congénères afin de déclencher un véritable cataclysme. A vous ensuite de lancer la contre-attaque. Mais auparavant il vous aura fallu remplir votre jauge de "Fever", grâce aux suites d'enchaînements successifs aux attaques de votre partenaire bien évidemment. Un aspect stratégique digne d'intérêt, permettant à tout un chacun de retourner une situation désespérée à son avantage. Mais ne serait-ce pas qu'une poudre jetée aux yeux de l'innocent cherchant une innovation notable ?
On peut effectivement se le demander à la vue du peu d'apports réalisés depuis la dernière version. Outre le principe de la "Fièvre" sincèrement nécessaire dans le but de dynamiser les parties et vraiment intéressant, on ne retiendra qu'un maigre remaniement au niveau des amas de gelée eux-mêmes. Contrairement au volet précédent sur GBA où les blocs parvenaient à vous par deux, ici les êtres flasques pourront tomber par trois ou quatre. Ce qui, il est vrai, augmente un tant soit peu les possibilités de liaisons et le mode de réflexion, mais ne relance pas fondamentalement l'intérêt du soft. Il est vrai que comparé à Tetris, ce titre apparaît comme rafraîchissant et dynamique, mais mis côte à côte avec son ou ses prédécesseurs, il n'apporte que peu d'idées. Bénéficiant tout de même d'un univers graphique chatoyant, aux formes rondes et lisses, dispensant son lot de personnages "kawai", il tranche nettement avec les épisodes N-Gage ou GBA par exemple. Était-il pourtant bien nécessaire de développer sur une machine que l'on se savait d'avance obligé de sous-exploiter ? Ce monde est féerique, enchanteur, véritable bonbonnière vidéoludique, mais un peu à l'étroit entre tous les mastodontes présents sur PS2.
Les puzzle-like sont assez compliqués à appréhender du fait d'un gameplay souvent ingénieux mais également rébarbatif et d'une durée de vie, dans l'absolu, infinie, mais subissant les mêmes affres que le gameplay. Seuls demeurent alors l'amusement ressenti, les émotions expérimentées, qui façonnent la manière d'aborder le jeu. Pour ma part, si le titre a le rare pouvoir d'égayer certaines heures de la journée, il ne fait aucun doute que le temps joue en sa défaveur. L'ajout d'un mode multijoueur bien que notable ne fait rien à l'affaire. Un divertissement de qualité sur le court terme. Pas aussi délirant qu'un Mario-Party, et moins fun qu'un Bomberman, seuls les férus de la série feront pencher la balance. Ceux qui découvrent cet univers particulier seront quant à eux agréablement surpris. Une impression mitigée donc, qui ne permet pas à ce Puyo Fever de surpasser ses valeureux collègues pourtant doté d'un habillage moins classieux. Pop !
- Graphismes11/20
Si l'on s'en tient à la qualité graphique en accord avec la machine hôte, il est évident que ce titre ne peut en aucun cas justifier sa présence en ces lieux. Néanmoins, le design général et la recherche artistique sont de qualité et participent activement à fournir une âme personnelle au soft. Les diverses animations lors de coups magistraux ont beau ne pas être très détaillées, il en résulte un dynamisme non feint.
- Jouabilité14/20
Les commandes sont extrêmement simples, et aucune errance de maniabilité ne daigne pointer le bout de sa truffe humide. Le gameplay quant à lui, bien que relativement agréable et regorgeant de bonnes idées, ne fait montre d'aucune évolution notable. On aurait souhaité davantage de nouveauté, justifiant le prix d'achat du soft.
- Durée de vie15/20
Comme tous les Tetris-like, Puyo Pop Fever dispose d'une durée de vie infinie, si tant est que l'on soit vraiment pris dans le jeu et que son esprit de compétition soit exacerbé. Dans la majeure partie des cas, ce titre agira comme passe-temps très divertissant mais éphémère. Ce qui n'est pas à proprement parler une tare, pourrait le devenir, si aucune innovation n'est apportée.
- Bande son10/20
Les voix des différents protagonistes sonnent plutôt bien, et les effets durant les pugilats se révèlent passablement convaincants. Les compositions musicales sont quant à elles répétitives et d'une qualité sonore moyenne. Rien de très grave, mais il est difficile de s'y habituer.
- Scénario/
Il y en a de minuscules bribes, mais j'ai peur de les effrayer.
Recueillant tous les apports de ses aînés en un mélange détonnant, Puyo Pop doit être essayé avant un achat que vous pourriez regretter. Effectivement, de nombreuses personnes seront sans doute tentées de goûter aux joies du blob, mais connaîtront une déception à la vue du peu de nouveautés incluses dans le soft. Mis à part la refonte graphique, et le mode "Fever"; le reste semble copié-collé des autres versions sans autre but qu'une volonté manifeste de rallier à sa cause les habitués. Les suites à rallonge sont passionnantes lorsqu'elles innovent. Un jeu correct, à l'ambiance délirante et à l'intérêt immédiat sincèrement addictif. Mais le temps passe et emporte les joies instinctives. A noter que ce jeu sort également sur... Dreamcast ! Cependant seuls les petits japonais y auront droit sur cette plate-forme.