Comme me le soulignait judicieusement Jihem, en faisant montre d'une grande connaissance vidéoludique, "Ce Pitfall, il a ben évolué depuis 1982" (à deux trois détails près c'est ce que mon compadré m'a jeté à la figure en me voyant me balancer de liane en liane), et c'est vrai ! Depuis la première version sur Atari 2600, Pitfall a fait un bout de chemin en sortant sur de multiples supports et c'est moins de deux ans après la dernière version en date (sur GBA) que Harry nous revient plus souple que jamais.
Pour votre nom, que diriez-vous de Harry ? Pour votre job, que diriez-vous d'aventurier/tombeur de ces dames ? Pour vos hobbies, que diriez-vous de pièges mortels à éviter, de natation en compagnie de crocodiles, de temples anciens à visiter ? Et bien, mes amis, cela tombe bien puisque le dernier Pitfall, tout comme ses aînés, ne change pas d'un iota et respecte à la lettre la charte de la série. Au menu, des phases de plates-formes, quelques énigmes se basant le plus souvent sur votre rapidité et vos réflexes, une ambiance très nature à même d'assouvir tous les désirs de n'importe-quel botaniste, des plantes mangeuses d'hommes, des crocodiles mangeurs d'hommes, des singes anthropophages (hum quoique, attendez j'ai un doute pour les pitis primates)... Pitfall : L'expédition Perdue, est ainsi la concrétisation de tous les fans de la première heure, qui ne rêvaient que d"un chose : voir les volumes et les formes de l'audacieux Pitfall Harry. Alors d'une chose, le résultat s'avère plutôt convaincant et de deux, vous allez me faire le plaisir de sortir un peu de chez vous pour éviter d'avoir ce genre de pensées vidéolubriques !
L'histoire de cet opus, sans prévaloir au prix Pulitzer, nous conte une énième aventure de l'intrépide aventurier menée par le docteur Bernard Bittenbinder et une tripotée d'explorateurs dont la belle Nicole. Suite à un violent orage, l'avion dans lequel la petite troupe se trouvait prend feu et c'est ni une ni deux que notre groupe décide de sauter de l'appareil pour se retrouver dans une jungle dense et touffue. En somme, vous prenez le début de Indiana Jones Et Le Temple Maudit (un gros film bien connu), quelques bribes d'Arachnid (un petit film pas connu mais bien marrant) ou encore du A la poursuite du diamant vert (un gros film bien connu mais qui a un peu subi les affres du temps) et vous aurez une bonne idée de ce que vous trouverez dans ce Pitfall. Pour mieux situer le tout, Pitfall se veut donc un pur jeu de plates-formes où vous devrez dans 95% des cas avancer en croisant le fer avec divers ennemis (singes, plantes carnivores, crocodiles, mercenaires, porcs-épics...) et bien sûr utiliser tous les mouvements mis à votre disposition pour passer des passages demandant réflexes et précision.
On retrouve pèle mêle des séquences classiques de lianes, des étendues d'eau à traverser en sautant de crocodile en crocodile, des explorations de temples avec pics et roues acérées à éviter, etc. Si le tout marche plutôt bien, il va sans dire que tout ceci est un peu répétitif et si je n'ai pu constater cet état de faits que sur 6 ou 7 niveaux (le jeu en comportant 40), on peut raisonnablement penser que le titre n'évoluera pas sur le long terme. Ceci dit, cet épisode de Pitfall est très frais et plusieurs petites idées viennent rompre le marasme, qui risquerait de s'insinuer par lui-même, passé quelques heures de jeu. On note par exemple la possibilité d'acheter à un Shaman (moyennant quelques fétiches trouvés ici ou là) plusieurs objets de soin, des combos ou encore des morceaux de carte. Ensuite, je trouve l'idée de pouvoir sortir de la bouche d'un crocodile (quand ce dernier nous happe pendant une de nos baignades) assez drôle et totalement dans l'esprit de la série : cartoonesque et délirante. Le jeu ne se contente pas seulement de ces deux petites trouvailles mais ce sont pour moi les deux plus significatives puisque pour le reste, nous serons en face d'un conventionnalisme certain pour ce qui est de la construction du jeu et des énigmes qui nous obligeront le plus souvent à aller à un endroit A pour trouver un objet qui nous servira à un endroit B. On ne sort pas ici du carcan d'un Tomb Raider qui reposait sur ce principe immuable. Quelque part ce n'est pas si dommageable pour le soft puisque ce qui nous intéresse le plus est bien la partie plates-formes qui, elle, vous donnera du fil à retordre.
Mais attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Pitfall est loin d'être un jeu injouable, mais si on n'éprouve pas de réelles difficultés lors d'un saut ou d'un combat, le tout aurait pu être bien plus peaufiné. Premièrement, la gestion des caméras n'est pas optimun. On peut recentrer automatiquement derrière le personnage ou bouger l'objectif à 360 degrès, mais la non-possibilité de zoomer ou dézoomer, nuit parfois en cela qu'on ne se sent pas vraiment à l'aise avec l'angle proposé. On s'en tire, certes, mais avec une désagréable impression qui nous fait dire qu'on a peut-être réussi en ayant eu de la chance. Il est aussi parfois agaçant que le seul moyen d'atteindre une berge soit en sautant sur un crocodile puis sur ladite berge. Il est en effet impossible, après avoir fait une petite trempette, de rejoindre le plancher des vaches qui ne se situe pourtant qu'à un bras de distance. Je veux bien que cet aspect soit directement lié à l'aspect plates-formes du jeu mais je pense qu'il est parfois bon de ne pas obliger le joueur à systématiquement sauter/rouler/plonger/nager quand le besoin ne s'en fait pas sentir ! Sorti de là, Harry dispose de plusieurs mouvements, qui auraient pu être plus nombreux, mais qui se montrent au final raisonnables pour la tâche qui nous attend. Vous pourrez placer des coups sautés, des coups de pied, utiliser un lance-pierres, de la TNT, naviguer grâce à un canot, nager, et j'en passe. La maniabilité s'avère ainsi au service du jeu et si on aurait aimé quelque chose de plus précis (surtout au niveau de la gestion de la caméra qui bien que libre montre rapidement ses limites), les sauts ne posent pas de problèmes, à l'inverse d'un titre comme Wallace et Gromit par exemple.
Vous trouverez ainsi au cours de vos pérégrinations qui vous feront visiter une jungle immense, un territoire indigène, des cavernes, des montagnes enneigées ou des ruines, un titre tout à fait convenable. La patte graphique est charmante même si on ne peut pas en dire autant de la qualité intrinsèque. Car si les décors sont imprégnés d'une très belle ambiance où la lumière acquière parfois une personnalité propre, si le soft réclame haut et fort son statut de jeu de plates-formes cartoonesque , on ne peut que rester dubitatif devant un rendu de l'eau médiocre (bien dans l'esprit du jeu ok, mais médiocre malgré cela), le manque de polygones au niveau des personnages (même si les mouvements de Harry sont coulants et apportent au personnage une souplesse digne d'un fauve) ou certains décors plutôt vides. Ceci dit, ne montrons pas du doigt ce qui n'a pas à l'être, Pitfall étant un soft artistiquement plaisant et apportant sa pierre à l'univers de la série, qui ceci étant n'a jamais vraiment évolué.
Pitfall : L'expédition Perdue est une agréable surprise. Sans être un ténor du genre, ce Pitfall en volumes réussit le pari qui était d'innover techniquement tout en préservant ce qui faisait le charme des anciennes versions (des passages de plates-formes sous couvert d'un exotisme affirmé). Si on aurait aimé une maniabilité plus étoffée (surtout au niveau de la gestion de la caméra) et un titre amenant plus de passages différents au sein d'une aventure pourtant réjouissante, force est de constater que ce nouvel opus arrive à convaincre tant du point de vue de sa durée de vie que de celui du plaisir de jeu.
- Graphismes14/20
Un passage à la 3D plus ou moins réussi. D'un côté, certains décors sont superbes mais quand on y regarde de plus près, le même style architectural transparaît au travers des cinq environnements et les personnages (surtout les ennemis) manquent de polygones. Les mouvements de Harry sont malgré tout empreints de souplesse et on a vraiment l'impression de regarder un homme élastique s'agiter à l'écran.
- Jouabilité14/20
Pas de gros problèmes en ce qui concerne les sauts, ceux-ci étant plutôt précis. Malheureusement la gestion de la caméra est limitée et il arrive souvent que nous pestions devant un angle mal choisi. Harry dispose de plus de plusieurs mouvements qui seront bien exploités au fil de l'aventure. Par contre, l'utilisation du pad est mal adaptée avec des combos demandant par exemple un appui simultané sur les touches Y et B, peu pratique !
- Durée de vie15/20
De nombreux check-point, une sauvegarde en début de chaque niveau, 5 vies avec la possibilité de les retrouver en s'abreuvant à une fontaine magique, les deux premiers Pitfall à débloquer, et une aventure à la difficulté corsée.
- Bande son13/20
Le doublage français est assez réussi, les bruitages d'ambiance également et les musiques, bien triomphantes, sont des plus effacées pendant le jeu.
- Scénario/
Harry Pitfall ne perd pas en charmes ce qu'il gagne en volumes. Si ce titre de plates-formes ne se démarque pas vraiment de ce qu'on peut trouver sur le Cube, il arrive facilement à retenir le joueur grâce à des environnements exotiques et une difficulté bien dosée. Le gameplay et la diversité des énigmes auraient pu bénéficer d'un peu plus de soins mais l'ensemble fait tout de même preuve d'une bonne efficacité.