La pluie ruisselant sur son armure luisait sous l'opaque luminosité d'une timide lune. Une lame aux ornements d'étain, mélange d'arabesques et de lignes épurées gisait à ses pieds. Les longs cheveux de cet homme, détrempé par l'ondée recouvrait un visage qu'aucune expression ne traversait. Mais son destin allait lui conférer une nouvelle raison d'espérer.
Voici en quelques mots l'état d'esprit de Maximo au terme de ses aventures passionnées de l'opus "Ghost For Glory". On comprendra aisément sa rancoeur, étant donné (attention spoiler) que sa chère et tendre Sophia, pour laquelle il avait fait preuve d'une bravoure sans égal, disparaît subrepticement devant ses yeux éteints de désespoir. De ce fait, accompagné de son fidèle compagnon Grim, il se mit en tête de retrouver coûte que coûte sa bien-aimée. Cependant, il doit faire face à un nouvel écueil, répondant au doux nom de "L'armée de Zin". Armada d'êtres mécaniques pourtant scellée en un caveau il y a des siècles de cela par le courageux régent d'un royaume en déliquescence, elle revient perpétrer ses crimes envers les innocents humains en proie à une terreur atavique. Fort heureusement pour ces pauvres hères, notre jeune ami détenteur du légendaire caleçon à pois dispose d'une rage décuplée. Se déroulant huit mois après la mort d'Achille, ce nouvel épisode de la saga Ghost'n Goblins abreuve toujours autant nos âmes friandes de dépaysements et de rêveries. En effet, comme c'était le cas précédemment, on retrouve Susumu Matsushita aux commandes de la partie artistique du titre, qui demeure comme à l'accoutumée originale et détaillée. L'homme à qui l'on doit entre autres le character-design de New Adventure Island, ainsi que de la série télévisée japonaise Monkey Magic, fait une fois de plus étal de ses talents, que l'on peut entrevoir dans ses somptueuses illustrations en couverture du magazine nippon Weekly Famitsu. Mais ce n'est pas le seul atout du dernier bijou de Capcom.
Ce message s'adresse à tous ceux qui n'ont jamais terminé le soft malgré une volonté d'acier, et des nerfs de même tenue (ils sont nombreux) ; les développeurs ont pris en compte les récriminations du public, afin d'offrir enfin un soft équilibré. Terminé l'insidieux stress à chaque début de mission, qui vous tenaillait le ventre, fini le douloureux malaise à chaque arrivée devant un point de sauvegarde lorsque vous ne disposiez pas de cent pièces. Maximo gagne en maturité et en confort de jeu. Ne vous inquiétez pas pour autant, car challenge il y aura. Le gameplay, intemporel, réside toujours sur la collecte de morceaux éparpillés d'armures au sein de niveaux aux recoins des plus sombres. Chaque acquisition vous confère une protection de plus en plus importante, allant du sous-vêtement tacheté de rouge, à l'armure d'or, en passant par un simple bouclier. Inutile de vous préciser que moins vous posséderez d'ajouts métalliques et plus vous subirez de dégâts. De plus votre barre de vie, symbolisée par une jauge verte, augmente à mesure de votre transformation en véritable char d'assaut antique, impliquant de ce fait une fouille minutieuse des environnements proposés. Néanmoins, comme vous vous en doutiez, l'innovation ne réside pas ici. Le plus grand apport reste la possibilité de changer d'arme à tous moments, à partir du moment où vous aurez découvert une alternative à votre épée dévouée. Cela apporte un petit peu de variété aux combats ce qui était, il faut le reconnaître, la principale requête des fans. Passer son temps à décapiter du zombie à l'aide de deux ou trois attaques différentes paraissait légitimement dépassé. D'autant plus que vos armes s'avèrent "évolutives". En échange de beaucoup, que dis-je, énormément de pièces, un marchand peu scrupuleux vous vendra un panel d'attaques supplémentaires fort intéressantes. Le plus astucieux est que cette méthode s'applique également à votre bouclier, et à votre... caleçon. Achetez-en un blindé, vous m'en direz des nouvelles. La maniabilité quant à elle est instinctive et pensée dans ses moindres détails.
Reprenant les caractéristiques des jeux "old school", les chutes mortelles et autres fins de vie joyeuses ne dépendront que de votre manque de dextérité. Le mythique, je cite : "C'est la console qui triche", n'est plus d'actualité. Rassuré par l'implémentation d'un système permettant à notre héros de ficher son épée dans n'importe quelle surface afin de ne pas dégringoler nonchalamment au bas d'une falaise, vous écumerez le vaste monde plus sereinement. N'étant pas seul, il serait dommage de ne pas mettre à profit votre partenaire à la grande faux. En effet, chaque ennemi défait vous confie une âme, qui se rend immédiatement dans un demi-cercle bleu. Une fois cette portion emplie, il vous est possible et conseillé de faire appel à la Faucheuse (il n'aime pas trop qu'on le nomme ainsi, mais tant pis). Pendant un court instant vous serez par conséquent surpuissant et invincible. Une méthode radicalement efficace à réserver aux affrontements contre des boss, gigantesques et très coriaces de profession.
Et c'est à cet instant précis que l'on se rend compte du travail graphique effectué. Dépassant allègrement le niveau du premier opus pourtant placé en haute estime de nombreuses personnes, les artistes de Capcom ont octroyé à leur production, bien plus qu'une réalisation efficace, une saisissante ambiance. Plus orienté vers de sombres auspices que son prédécesseur, Maximo Vs Army Of Zin, comble de manière intelligente les écueils de ce dernier. Plongé dans un univers tout en rondeur, vous serez surpris de découvrir un héros au regard dur, la joue marquée d'une cicatrice respectable, portant sur son dos des équipements au design extrêmement addictif. Les décors dans lesquels vous aurez l'insigne honneur de déambuler subjuguent, tout simplement. Tenter de rallier un chemin tortueux au sein d'une forêt aux arbres torturés, arborant de funestes figures, baignées par la pâle lueur d'une énorme lune rouge sang fait sincèrement oublier la distance, pourtant relayée par le pad, à l'écran. Vous serez emporté par une narration construite habilement, une mise en scène, qui si elle n'est pas novatrice, s'avère fidèle aux attentes de tous, au travers de ces pays aux effluves fantastiques. Bercé par des compositions de grande qualité, bien que parfois un tantinet redondantes, vous aurez parfois l'impression non feinte de vivre dans l'esprit du comico-cauchemardesque Tim Burton. La modélisation générale a subit une petite cure de jeunesse, et met en exergue les textures éminemment réalistes. L'animation quant à elle aussi souple que la grande 2D d'antan, procure un dynamisme général, qui fait oublier certains petits désagréments de caméra, qui ne nuisent fort heureusement pas à la jouabilité et au plaisir ressenti à l'essai de ce jeu. Surtout qu'un doux parfum d'aventure se fait sentir.
Vous avez enfin l'intime conviction d'évoluer en un royaume habité, et non pas relativement désert, à l'exemple de "Ghost For Glory". Au gré de vos pérégrinations héroïques, vous rencontrerez énormément de villageois qu'il faudra tirer des griffes des affreux sbires mécaniques de Zin. Une fois ceux-ci délivrés, il vous incombera alors de parler avec eux afin d'obtenir des renseignements, des remerciements, des indices, mais surtout de l'argent et des clés permettant d'ouvrir des coffres habilement dissimulés. Le moindre recoin de terre peut retenir des montagnes d'or. Cependant, les innocents êtres humains peuvent également se voir occis, et donc ne jamais révéler leurs secrets. Un ajout majeur, augmentant encore davantage la tension des affrontements chaotiques. Les murs s'écroulent, les arbres tombent, des collines naissent sous vos yeux, tout l'environnement se modifie pour une immersion encore plus imposante. Malheureusement la Mort rôde. Bien qu'étant votre complice, celle-ci réclame toujours ses désespérantes pièces rouges servant de continu lors d'un décès malencontreux. Ah c'est beau l'amitié. Au final, ce Maximo nouvelle génération tient toutes ses promesses. Repoussant encore l'onirisme, il s'octroie le luxe de dispenser une ambiance plus noire, contrastant avec l'aspect des protagonistes. Ode à l'aventure, conférant un divertissement réel du fait de sa prise en main intuitive, nul doute que le chevalier à l'âme tourmentée trouvera une place derrière les remparts souvent incertains du succès. Souhaitons tout simplement que le prochain opus bénéficie d'innovations un tantinet plus notables, et nous tiendrons la consécration. Grim avait raison, il faut mourir pour mieux renaître.
- Graphismes18/20
Se reposant sur le moteur graphique à peine amélioré du premier épisode, Maximo Vs Army Of Zin mise plutôt sur un tout indivisible et possédant un caractère fort. Une véritable personnalité graphique qui dépasse de nombreuses productions actuelles. Vraiment, Matsushita Susumu alloue un air frais et goûteux à cette production. Un grand bravo.
- Jouabilité18/20
Reprenant dans ses bases ce que les habitués connaissent sans doute déjà, le gameplay s'enrichit de nouvelles fonctionnalités très concluantes à l'essai. Le système d'achat de caleçon, vraiment ridicule donne cette petite touche ironique au soft. La maniabilité quant à elle ne pose aucun problème, si tant est que l'on rejette la faute commise sur soi-même.
- Durée de vie14/20
Le système de sauvegarde ayant bénéficié d'une évolution ne rendant plus obligatoire la possession de 100 pièces pour espérer avoir accès à la carte mémoire, permet de s'abstenir de refaire des niveaux entiers plusieurs fois. Par contre si finir tous les stages dans leur totalité, et ainsi obtenir la galerie entière est votre priorité, vous allez passer des journées entières accroché à votre PS2.
- Bande son16/20
Des compositions en parfait accord avec les niveaux traversés, diffusant des envolées épiques aux sonorités proches de vrais instruments. Les voix sont quant à elle de bonnes factures, et en anglais.
- Scénario10/20
Une trame très classique, mais tenant quand même en haleine jusqu'à la conclusion.
Un cran au dessus de son grand frère, ce nouvel épisode d'une des séries phare de Capcom ne déçoit pas l'avide acquéreur désirant son quota d'aventures et de rêves. Proposant des ajouts que l'on aurait tout de même souhaité plus nombreux, il se démarque des autres productions du genre par des petits plus qui lui donnent cette aura particulière. Un titre qui vit par lui-même. La marque des grands jeux.