Ah tendre jeunesse, insouciante tranquillité, émerveillement constant et joyeux devant la nouveauté. Quelle joie indicible s'extirperait de nous, s'il était possible de revivre ces moments fastes, réduisant ainsi à néant la nostalgie qui nous taraude. Peu avares d'idées collant à la tendance actuelle, nombreux sont les éditeurs qui se sont emparés de cette manne, par le biais de remakes plus ou moins réussis. Néanmoins, ils étaient toujours parvenus jusque-là à éviter la dangereuse régression.
G-Surfers, c'est un peu le partage, l'inspiration, l'altruisme, le respect, que dis-je, le pillage en règle. Comment sincèrement espérer que le joueur averti tel que vous (non ce n'est pas de la basse flatterie) ne verra pas les différents "emprunts" opérés sur des titres phares de la concurrence que sont F-Zero, Wipeout, et dans une moindre mesure Extreme G 3. Respirant la fausse honnêteté, ce soft se targue même d'implémenter des innovations notables. On croit rêver. Mais au-delà de ces considérations bassement tournées vers un mercantilisme forcené, il demeure un titre ayant comme ses confrères, forces et faiblesses. Néanmoins, l'une de ces caractéristiques prévaut. Saurez-vous deviner laquelle ?
La Terre soumise à des cataclysmes journaliers, des régimes politiques dictatoriaux, des moeurs décadentes, se voit gangrenée par des cités toujours plus modernes et plus denses. Mais une solution ouvre une brèche salvatrice, la course de vaisseaux profilés et atteignant des vitesses faramineuses. Qu'est ce que cela peut bien apporter au problème inhérent à la planète ? Rien, je suis bien d'accord avec vous. Mais il fallait bien mettre en forme le background du soft. D'un design agréable, sans être concrètement novateur, les véhicules disposent d'une forme agressive, se fondant à merveille au sein de l'ambiance voulue de compétition féroce et sans merci. On remarquera furtivement lors de l'inspection de ces monstres technologiques, que les concepteurs ayant oeuvré sur ces modèles, devaient sans doute écouter Prodigy, ce qui aurait pu fortuitement leur rappeler quelques détails de Wipeout. Mais rien n'est moins sûr. Ce qui s'avère beaucoup moins sympathique en revanche se trouve être la modélisation de ces bolides. Avares en polygones, les effets spéciaux dispensés (et dispensables pour le coup) par ceux-ci ne sont pas dignes des somptueux effets de rémanence et des vertigineuses traînées bleues que laissaient derrière eux les engins magnifiques du titre de Psygnosis, sur PSone.
Les flammes résultant du plasma brûlant, s'extirpant des réacteurs se révèlent délimitées brutalement, donnant plus l'impression d'admirer un prolongement transparent du vaisseau, plutôt que la transcription d'une source de chaleur. Voici l'écueil à une nostalgie exacerbée. Faire moins bien que "l'original" daté de cinq ou six ans. Sauvages comme un cheval hors de portée du joug de l'homme, ces montures d'acier ne se laissent pas dominer aisément. Alors que ses inspirateurs devaient cet aspect à une réelle expression de l'évolution et de l'apprentissage, les cabriolets futuristes dont la garde vous est confiée recèlent tout simplement des défauts de jouabilité. Trop raide ou dramatiquement lâche suivant les situations, la conduite ne parvient pas à trouver le juste équilibre. De même, vos passages sur les accélérateurs vous laisseront de mauvais souvenirs. Dès votre entrée sur ces morceaux de pistes spécifiques, vous semblez comme collé, dirigé sur un rail, et malheur à vous si l'envie vous vient de revenir brutalement sur la piste. Vous subirez une sorte de survirage fort désagréable, qui à 12000 km/h ne pardonne pas.
Fort heureusement, vous disposez d'un bouclier, représenté par un demi-cercle de couleur verte, qui s'écaille un petit peu à chaque collision, finissant à la longue par disparaître, provoquant l'explosion pure et simple de votre véhicule flottant (qui contrairement à F-Zero, ne vous pénalise d'aucune manière, car vous reprenez à l'endroit exact où vous avez été annihilé). Méfiance donc vis-à-vis des nombreux murs bordant les pistes, car il est plus que rare de découvrir des items permettant de restaurer votre protection. Le long de votre chemin dépassant les limites de la compréhension humaine, vous rencontrerez également de petites pastilles de couleur rouge rechargeant votre turbo, symbolisé par une jauge rouge. Un principe faisant figure de simple archétype sans avenir. Dénuées de toute stratégie de course, les épreuves (contre-la-montre et championnat), se résument à l'utilisation irréfléchie du boost, étant donné la vitesse surréaliste et l'absence de fautes de vos concurrents. Remporter une course se révèle la plupart du temps mission impossible, tant vos opposants font fi du danger, complètement inconscients, et à l'i.a plus que lacunaire. Par ailleurs, l'absence nette de fluidité se fait ressentir tout au long de vos pérégrinations aux alentours de Mach 2, et nuit véritablement à la lisibilité de jeu. Être surpris en pleine ligne droite par un brusque et logiquement visible (ce qui n'est pas le cas) virage en épingle énerve plus encore que la caméra. En effet, placée à 30 centimètres au-dessus du tarmac, il vous est bien difficile de percevoir le moindre indice concernant votre futur proche. Une sensation de malaise omniprésent et ne favorisant que peu l'immersion. Il est bien évidemment possible de choisir une vue située dans le cockpit, mais elle ne peut que retarder l'échéance du fait d'une disposition désespérément basse elle aussi.
En se penchant sur le level design du titre, un seul sentiment nous anime, la curiosité. Épris de justice vous bondirez d'un geste leste vers votre Gamecube bien aimée contenant le mirifique F-Zero GX. Et là, la révélation éclate, les circuits paraissent étrangement semblables. Que ce soit d'un point de vue purement technique (enchaînement de boucles, virages) ou encore artistique, la parenté ne peut être reniée. Cependant, ce n'est pas pour cela que les tracés de G-Surfers sont inintéressants. Dotés de passages techniques, du moins dans le principe, car la jouabilité ne facilite pas les données, l'ennui ne vous tenaillera que très rarement. Au final, amputé d'une sensation de vitesse correcte, surtout lorsque le compteur affiche 11258 Km/h et que l'on jurerait se trouver dans une voiture de tourisme, et d'une réalisation graphique correcte (l'effet PSone se fait de nouveau sentir), le soft de Midas effectue un dérapage violemment orchestré. Relégué à l'état de course de vitesse futuriste lambda, malgré ses emprunts divers, il lui manque une vraie personnalité et une finition exemplaire. Pas foncièrement détestable, mais lacunaire. La qualité se perd mon bon monsieur.
- Graphismes8/20
Digne d'une PSone en milieu de carrière, la qualité graphique participe à l'appréhension que l'on ressent lors de l'approche de ce titre. Des environnements dépouillés et composés de blocs plus ou moins représentatifs, côtoient des vaisseaux au design accrocheur, mais à la modélisation pauvre et aux effets d'un temps révolu. La mauvaise 3D vieillit mal. A noter une absence de fluidité notable, corroborant une sensation de vitesse absente.
- Jouabilité9/20
Compromis entre conduite sur route verglacée et sur asphalte, la prise en main s'avère mal équilibrée, devenant par là même un handicap supplémentaire. La caméra furtive, dissimulée sous le véhicule, ne daigne pas s'en décrocher, même en vue interne, ce qui implique un pilotage parfois relativement à l'aveugle.
- Durée de vie15/20
Heureusement, le jeu dispose d'un éditeur de circuits très complet et suffisamment accessible pour contenter tout un chacun. Relativement libre dans le nombre de blocs disposables et dans la variété des formes possibles, cet outil sincèrement sympathique est une bonne idée. Par contre les championnats, malgré leur difficulté éreintante ne possèdent que peu de courses.
- Bande son10/20
Des compositions pour certaines originales, mais un tantinet trop répétitives. On note toutefois des influences Jungle des plus appréciables. Mais les grands responsables sont les effets sonores eux aussi datés de 5 ans. Les collisions sonnent faux, et le déchaînement des moteurs ne se fait aucunement sentir. Dommage.
- Scénario/
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L'originalité est une donnée assez floue. Dépendant en partie des créations extérieures, et en partie des inspirations émotionnelles personnelles, la frontière entre l'innovation et la rénovation peut se discuter. Cependant le cas de G-Surfers est clair. Trop concentré sur les priorités artistiques et ludiques de la concurrence, il n'a pas vu arriver l'ombre du pillage pur et simple. Doté de bonnes idées dans le fond et disposant d'un background futuriste crédible, ses défauts handicapant ne lui permettent pas d'accéder au statut de légende, au même titre qu'un F-Zéro. Ni au niveau d'un bon jeu d'ailleurs. Un réacteur brisé, et c'est la fin de la course.