L'infiltration est tout un art que seuls peu de héros du jeu vidéo maîtrisent parfaitement. Snake et Sam font partie de ceux là. Voyons voir si Nikky, la nouvelle recrue de l'agence Pheonix, réussira son examen de passage dans Rogue Ops.
Comme je vous le disais, exceller dans l'art de l'infiltration n'est pas donné à tout le monde. Beaucoup s'y sont essayé, et beaucoup s'y sont cassé les dents. Récemment, on se souvient encore du Mission Impossible d'Atari qui n'a pas su trouver notre enthousiasme. Le nouveau jeu du genre se nomme Rogue Ops et il nous vient des studios Kemco, ce qui n'est pas forcément un gage de qualité, si on se réfère au pitoyable Batman Tomorrow de l'année dernière. Mais bon, pas d'a priori, partons sur Rogue Ops avec un oeil neuf afin de le juger le plus justement possible.
Je vous présente Nikky. Oui, son nom fait pas mal penser à Nikita, et je ne pense pas que cela soit tout à fait un hasard puisque comme l'héroïne du film de Luc Besson, Nikky est envoyée par l'agence pour laquelle elle bosse dans des missions hautement dangereuses nécessitant sang froid et discrétion. Si la référence de Nikita ne dit rien aux plus jeunes, on peut aussi rapprocher Nikky à Sidney Bristow, la craquante héroïne d'Alias. Motivée par la perte d'êtres chers (dont sa petite fille), Nikky décide de faire tout ce qui est en son pouvoir pour retrouver les terroristes responsables du drame de sa vie. Recrutée par l'agence Phoenix, elle va rapidement être envoyée en mission dans huit environnements à travers la planète et avec toujours le même but, retrouver les coupables.
Bien plus que l'aspect infiltration pur, c'est la maniabilité assez particulière qui interpelle en premier lieu. Souple féline en théorie, Nikky s'avère pourtant très pénible à déplacer une fois le pad en main. Déjà plutôt lente à se mouvoir, la belle prend également beaucoup de temps pour regarder autour d'elle lorsqu'on lui demande de le faire. En phase d'infiltration, ce n'est pas forcément gênant mais ça le devient dès lors qu'il faut user de la force et viser ses adversaires alors que l'on se trouve déjà sous une pluie de balles. Le système de visée n'est, en plus, pas très efficace puisque bien trop précis et dépourvu de toute aide pour nous faciliter le travail. La visée assistée est pourtant très importante dans un jeu console, l'avoir oubliée – même dans un jeu qui se veut avant tout basé sur l'infiltration – est à mon sens une petite faute de goût qui pénalise pas mal la jouabilité. Mais s'il ne s'agissait encore que des fusillades, on pourrait dire que je chipote. Le problème est que tout le jeu se sert du système de visée. Quelle que soit l'action à réaliser (monter un échelle, escalader un mur, fouiller un cadavre, appuyez sur un interrupteur, etc.), il faut constamment passer par la visée. Dans la mesure où il faut généralement regarder un point précis de l'objet pour que l'icône d'action apparaisse, le rythme du jeu est sans cesse cassé. Ce n'est pas dramatique, mais ce n'est pas intuitif non plus.
Mis à part ce point précis, Rogue Ops demeure un jeu pour le moins sympathique qui étale bon nombre de ses idées au fil des niveaux. Dans un premier temps, on pense à un mélange entre Metal Gear Solid 2 et Splinter Cell qui n'apporterait rien au genre. Il faut dire que dans les premiers niveaux, le gameplay repompe sans vergogne ces deux hits – on se cache dans des casiers, on tire sur les caméras, on porte des corps sur le dos, même l'interface des briefings fait penser à Splinter Cell – puis, petit à petit, Rogue Ops trouve son identité propre grâce notamment à des petits détails comme la possibilité de fouiller les ennemis sans avoir à les tuer (dans leur dos, on peut les "pickpocketer"), ou encore la minuscule caméra mouche que l'on peut envoyer en reconnaissance en toute discrétion. Les niveaux sont plutôt bien construits, avec des nouveaux gadgets à chaque fois nous réservant de nombreuses surprises, et dans le cheminement, on ne peut regretter que la faible intelligence des ennemis qui ne pose pas grand problème même lorsqu'on se fait repérer. Pour les abattre, Nikky peut se servir des armes que l'agence lui fournit en début de mission (fusil snipe, silencieux ou même shurikens !) ou alors arriver discrètement derrière eux pour les comboïser à mort. Techniquement pas exceptionnel, mais pas forcément vilain non plus, Rogue Ops pourra vous occuper quelques heures, histoire de vous faire tenir jusqu'à la sortie de Splinter Cell Pandora Tomorrow, à condition tout de même que vous surmontiez sa surprenante maniabilité.
- Graphismes12/20
Globalement assez pauvre graphiquement, le jeu obtient quand même la moyenne grâce à quelques effets bien sympa tels que la vision infrarouge, qui nous montre les ennemis du niveau, même s'il ne sont pas directement près de nous. L'animation de Nikky aurait aussi nécessité quelques étapes supplémentaires pour la rendre plus "coulée". Un peu plus d'aliasing sur PS2 que sur les autres supports.
- Jouabilité11/20
Baser tout le gameplay sur le système de visée n'était peut-être pas la chose à faire, surtout que le viseur se déplace très lentement, trop lentement. Diriger Nikky n'est donc pas très intuitif. Il faut sans cesse s'assurer de regarder le bon endroit pour pouvoir interagir, même lorsqu'il s'agit simplement d'ouvrir un porte, il faut viser un point précis.
- Durée de vie13/20
Le jeu n'est vraiment pas difficile à cause de la certaine stupidité des gardes qu'il faut éviter. Une fois l'héroïne bien en main, on avance à un rythme régulier et relativement rapide.
- Bande son12/20
Le doublage français ne m'a pas vraiment convaincu. Les dialogues font vraiment clichés et les intonations données à certaines phrases ne traduisent pas forcément l'intention initiale du doublage original. Les bruitages sont un peu trop discrets, dans le mauvais sens du terme.
- Scénario14/20
Les personnages ne sont qu'une succession de clichés comme on peut en voir dans les téléfilms américains. Bizarrement, ça reste tout de même efficace et on reste en compagnie de Nikky jusqu'au bout.
Rogue Ops ne renouvelle pas vraiment le genre de l'infiltration virtuelle, mais vient quand même y apporter sa petite touche personnelle (gadgets inédits, combos mortelles...). Une meilleure réalisation et un gameplay plus souple lui aurait certainement permis de faire encore mieux.