Et voilà un nouveau RPG pour la Xbox. Il faut dire que la console ne les compte pas par dizaines même si elle est bien lotie avec son Morrowind et son Star Wars KOTOR. Ce mois-ci, c'est Arx Fatalis qui débarque pour vous emmener sous terre, au pays des gobelins et des trolls. Un peu de Thief, un peu d'Ultima Underworld, secouez fort et voilà le résultat.
Arx Fatalis ça vous dit quelque chose ? Mais si, ce RPG sorti l'année dernière et sur lequel je m'étais un peu enflammé. C'est vrai qu'en y repensant, je lui ai peut-être collé un point en trop (oui, pardon, "mes A coulent pas"*). Enfin bon, ça ne change rien au fait qu'il s'agissait bien de l'un des meilleurs titres du genre de cette saison ludique. Pour ceux qui ne connaissent pas, Arx Fatalis vous conte l'histoire du monde d'Arx qui fut naguère un monde moyenâgeux comme les autres avant d'être frappé par un cataclysme qui envoya tous ses habitants se réfugier sous terre. Humains, trolls, gobelins et autres, tous se mirent à reconstruire un monde souterrain sur le modèle de ce qu'ils connurent par le passé. C'est l'univers que vous allez parcourir, amnésique que vous êtes et ignorant même ce que vous faites ici.
On considère Arx Fatalis comme un RPG, mais la chose mérite des précisions. A la croisée de divers chemins, le jeu vous offre une grande liberté d'action. Chaque problème, chaque situation a une multitude de solutions qui pourront avoir recours à la furtivité, à la violence ou à l'intelligence et la magie. La voie que vous suivrez dépendra étroitement de la constitution initiale de votre personnage et de la répartition des points d'XP. Dans son déroulement, il y une effluve de Deus Ex puisque que chacun verra midi à sa porte. Passer en force ou en toute discrétion, tuer ou laisser vivre sachant qu'un NPC mort ne parle plus et qu'il avait peut-être des renseignement précieux qu'il faudra trouver ailleurs par une fouille minutieuse. Et croyez-moi, les personnages ont tendance à planquer des trucs en des lieux très variés. Fouiller une chambre peut prendre un temps conséquent si l'on ne pense pas à chercher sous l'oreiller. La liberté d'action ne s'arrête pas aux actions justement. Libre à vous de vous déplacer où bon vous semble, à partir du moment où on vous en accorde le droit, certaines zones étant à accès restreint. A vous de voir comment ouvrir les portes, le plus souvent en suivant le fil de la quête principale. Une quête secondée par une foultitude de quêtes annexes qui sont autant de digressions variées dans l'aventure.
Point fort de la version PC et qui venait renforcer une immersion déjà bien assurée par l'ambiance : le système de magie d'Arx Fatalis. En collectant des runes le joueur est à même de réaliser des sorts qui se lancent en dessinant les runes dans l'air à l'aide de la souris ici remplacée par la croix de direction (selon le système de Black And White). C'est un peu le premier hic d'ailleurs. Non pas que la chose soit délicate (même si un système "arcade" a été ajouté) mais déjà au niveau immersion, dessiner au pad ça le fait moins. Du coup, le système semble plus quelconque et on perd un petit quelque chose. Il reste tout de même ce sentiment de faire sa cuisine magique par ces combinaisons de runes. Ce qui va d'ailleurs très bien avec la cuisine réelle qu'Arx nous autorise. Trouvez les recettes et les ingrédients et vous pourrez vous concocter divers plats aux propriétés particulières. On se souvient toute sa vie de sa première tarte aux pommes. Le même principe sera appliqué aux potions, outre celles que l'on peut dégotter, les potions maisons préparées avec les bonnes herbes et un alambic seront tout aussi efficaces.
Mais là où le titre frappe fort c'est dans son ambiance. D'abord grâce à son level design tortueux. Chaque cité a son caractère propre selon la race qui l'a créée. Labyrinthiques glauqes ou majestueuses, elles sont en tout cas toutes reliées par un dédale de cavernes sinueuses. On a beau être sous terre, tout cela ne manque pas de variété. Le sol lui-même est totalement chaotique sous vos pieds. Autre soutient à l'immersion, les comportements des personnages très différenciés. Je ressors mon exemple du simple gobelin qui se voyant dépassé s'enfuit en hurlant à l'aide et va chercher son pote le champion. On apprend vite à connaître les divers personnages du monde et à les identifier. Au final, c'est bien la cohérence de cet univers qui le rend si crédible et attachant.
Quant à la bande-son, elle relève également d'un très grand soin. Encore une fois, chaque créature s'exprime sur son mode propre, avec un doublage soigné, les dialogues peuvent être à mourir de rire outragiques tout comme certains effets peuvent vous rendre parano pendant une traversée de caverne dans l'obscurité. Encore aujourd'hui, Arx Fatalis offre une des meilleures bande-son du marché, pas la peine de la décrire en détail. Mais quoi de spécifique à cette version Xbox ? D'abord côté gameplay, on note l'arrivée du mode arcade pour la magie. Pas franchement utile car les runes se dessinent assez bien à la croix. En revanche, forts des grognements des joueurs PC, Arkane propose maintenant de choisir son mode de difficulté pour les combats qui demeurent néanmoins assez confus et parfois ardus. De surcroît, Arx n'est pas qu'un RPG, et les combats relèvent bien du jeu d'action ce qui pourrait dérouter les habitués. Autre petit reproche à ce niveau : le peu de variété dans les affrontements au corps à corps.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul écueil. Les habitués du RPG trouveront sans doute surprenant de n'avoir aucune prise sur les dialogues. En effet, si on peut aller ou on veut, faire ce qu'on veut, parler à qui ont veut, on ne dit que ce que le personnage décide de dire. Pas de QCM ici, donc, qui pourraient approfondir un peu plus l'intrigue ou le déroulement de la partie. On passe maintenant à l'aspect technique qui est bien le plus problématique. D'abord les bons points qu'on trouve essentiellement au niveau du level design super détaillé et varié. En revanche, on regrette certaines textures trop plates et des décors souvent anguleux. Mais le plus gros soucis vient du frame-rate. Alors certes, à grand renfort de vidéo, on nous promet que la version finale sera épurée de ces saccades violentes et des problèmes d'animation de certains personnages dans les villes. Seulement voilà, moi, je parle de ce à quoi j'ai joué et en l'occurrence c'était pas toujours très brillant à ce niveau, sombrant parfois dans le pénible.
- Veuillez pardonner cette vanne pitoyable.
- Graphismes14/20
On nous promet que la version finale sera propre, en attendant, j'ai eu droit à un festival de saccades violentes dans certaines zones du jeu. Si le level design est fabuleux (même si l'univers est plus restreint que celui de Morrowind) et fourmille de détails, on regrette des textures trop plates et des décors trop anguleux. On a vu mieux même s'il y a de très bonnes choses, telle que le design des personnages.
- Jouabilité16/20
La maniabilité s'adapte assez bien au pad mais on a beau dire, le système de magie perd en immersion. Le gameplay est en tout cas richissime et offre surtout une grande liberté au joueur. Petit bémol : on peste encore sur les combats parfois velus pas toujours très intéressants. Point noir pour l'inventaire rapide qui est loin de l'être parfois.
- Durée de vie17/20
Le titre offre une rejouabilité certaine puisqu'il peut être abordé de diverses manières. De plus, malgré sa petitesse, le monde d'Arx regorge de secrets.
- Bande son17/20
Une bande-son splendide dépourvue de musique mais aux effets et dialogues de grande qualité. On rit, on tremble, du très beau travail malgré de petits problèmes de mix dans la version test.
- Scénario16/20
Une intrigue pas nécessairement époustouflante mais prenante et qui a pour cadre un univers fort et cohérent.
On perd quelques plumes dans ce portage. Graphiquement moyen et souffrant d'un sérieux problème de frame-rate (dans la version test en tout cas), Arx Fatalis a aussi un peu perdu au niveau de son système de magie. Mais il lui reste d'autres qualités indéniables pour compenser, dont sa liberté, sa richesse et son ambiance.