En ces temps festifs, je vais vous donner un conseil pour profiter pleinement de cette ambiance résolument joyeuse. Essayez de détruire le monde. Vous aurez alors la surprise et la joie (quoi que plus relative), de découvrir une armada de personnages d'un ridicule que ne renierait pas Rantanplan. Tout de latex vêtus, affublés de couleurs criardes, de masques opaques aux verres fumés, les power rangers se sont glissés dans cette foule super-héroïque. Ceux-là, ce sont les pires.
Ah manichéisme quand tu nous tiens. Un être vil et cruel, Lother décide un beau matin de détruire toutes les académies ninjas en n'omettant en aucun cas celle de nos amis casqués. Mais les "wind rangers" accompagnés des "thunder rangers" et du "ranger samouraï vert", ne l'entendent pas de cette oreille, ni de l'autre d'ailleurs. Ensemble, ils vont essayer de renverser les plans machiavéliques du tyran. Parcourant les rues, les forêts et les landes d'une Terre en proie à un futur cataclysme, votre troupe d'élite comprend six aventuriers vengeurs, aux teintes diverses. Vous avez alors à faire un choix cornélien entre les trois factions distinctes énoncées ci-dessus. Trois comiques représentant le vent, deux oeuvrant pour le tonnerre, et un seul dans le rôle du guerrier solitaire. De ce fait il vous sera possible de changer de héros au sein d'un groupe distinct en pressant simplement la touche select. Malheureusement, disposant de coups totalement similaires, l'intérêt dévie rapidement de sa route première. Dans le cas du porteur de sabre agrémenté de vert, cette même manipulation aboutit à provoquer un état de transe, augmentant sa force un court instant. Est-ce vraiment nécessaire ?
Distribuant énergiquement et bénévolement des manchettes de différentes sortes, vous trouverez aisément la limite humaine à cette occupation. En effet, oubliez toute notion d'intractivité. Ce monde en est dépourvu. Les seuls éléments sur lesquels vous pourrez intervenir se limitent à des caisses, placées n'importe où, comme par exemple dans une galerie creusée par un ennemi à l'allure de taupe. Cela enserre votre champ d'action cruellement. Bénéficiant d'une progression de ce fait insipide, le matraquage compulsif du bouton "B", finira de vous ouvrir les yeux sur un beat'em all sans saveur et lassant jusqu'à l'indigestion. Rien ne rehausse un tant soit peu votre quête sauvage. Et ce n'est pas un système d'armes dissimulées au sein de vos opposants et des maigres pixels destructibles du décor, pouvant être améliorées en les associant à un bonus identique qui sauvera le tout. Cette manière de procéder, héritée (subtilisée diront certains) à la série des Castelvania, manque fortement d'originalité. Comme le titre dans son ensemble d'ailleurs.
De plus, la scénarisation de mauvaise qualité et amenée de façon très brutale, ne soustrait pas à vos petits yeux mouillés l'aspect graphique lacunaire. Les dignes héritiers des maîtres du "sentai" (nom que l'on donne au Japon au séries télévisées mettant en scène des intervenants à la Bioman), font les frais d'une animation peu détaillée et relativement raide. Quelle morosité pour ces courageux ersatz de X-OR, de déambuler dans un environnement vide et arbitrairement détaillé. De même, le level design se révèle ennuyeux et dénué d'inventivité. On a sincèrement l'impression de fouler toujours un chemin semblable, seulement métamorphosé graphiquement. Mais ne restent-ils pas Megazords, ces vaillants robots géants ? Me direz-vous. Et bien si. Cependant alors que l'on aurait pu décemment penser que cette phase serait un plus non négligeable, le gameplay, basé sur une espèce de pâle copie de Dance Dance Révolution, vous obligeant à presser le bouton ainsi que la direction adéquate au moment opportun s'avère soporifique. Les attaques sont réalisées de manière sérieuse, mais ne parviennent pas à faire émerger cet iceberg. Pourtant les nostalgiques seront comblés à l'aide d'une bande-son aux sonorités 8-bit, épurée de voix digits. Seul le bruit des chocs peut encore sembler digne d'une GBA. Au final, on se retrouve une nouvelle fois devant l'âpre réalité d'une licence exploitée vénalement, sans souci de contenter quiconque par d'élogieux appâts. Que personne ne s'étonne alors que les Power Rangers décident d'un commun accord de dissoudre le groupe.
- Graphismes10/20
Il faut bien reconnaître que l'ensemble n'est pas une réussite, mais il arrive tout de même à demeurer en équilibre entre le passable et le "ah bon, c'est de la GBA ?" . Si on le compare à des productions moins "marketing" et plus passionnelles, le gouffre est évident. Castelvania reste le maître de son château.
- Jouabilité11/20
Les commandes répondent parfaitement, mais une telle absence de variété n'est pas acceptable à la vue du prix des jeux en général. Ne pas daigner inclure de combos supérieurs à trois coups passe encore, mais ne pas prendre la peine de modifier les attaques des divers protagonistes frise la paresse.
- Durée de vie9/20
Ne vous attendez pas à découvrir des niveaux bonus ou des ajouts dissimulés, vous ne pourriez être que déçus. Les cheminements différents selon les personnages sont très dispensables, car simplifiés à l'extrême. Une difficulté somme toute bien dosée.
- Bande son7/20
Que vous jouiez avec un casque ou sans, cela ne changera rien, le constat est simple. Des bruitages dignes de votre vieille Nes poussiéreuse, et des compositions musicales redondantes et entêtantes. Le tout grésille d'ailleurs de fort belle manière.
- Scénario5/20
Alors c'est les méchants qui veulent tout casser et .... enfin vous avez saisi le principe. Une scénarisation absente et une progression inintéressante nuisent tant que faire se peut à l'immersion.
N'ayant pas regardé la série depuis au moins une dizaine d'années, je ne me doutais pas que des softs s'en inspirant, ni qu'une nouvelle saison était en cours d'invasion de nos chaumières. Il faut à tout prix stopper cet ennemi insidieux, qui transforme nos GBA en une console obsolète et peu intéressante pour un oeil extérieur. Redonnons des couleurs à la petite portable ! Power rangers, regroupe nombre de défauts que les jeux vidéos devraient désormais pouvoir esquiver. Après un Scoobidoo distrayant, THQ étonne dans le mauvais sens du terme.