Les gammes à bas prix sont souvent des mines en matière de daubes infâmes. Play It nous en fait une brillante démonstration en allant fouiller les poubelles d'obscurs développeurs amateurs probablement honteux de voir ressurgir leur première création. De Road Trip, le marketing nous dit que "c'est plus qu'une course, c'est une aventure". Oui, en un sens c'est pas faux.
Pour en arriver à un tel résultat de médiocrité, je ne vois qu'une seule possibilité : les mecs qui ont développé ça sont des anciens de Davilex licenciés pour incompétence. C'est dingue, dans le domaine des jeux de courses on aurait jamais cru voir un truc pire que les produits Davilex (à la rigueur il y a aussi Midas qui se débrouille bien) et pourtant, c'est fait. Même en matière de bugs nos copains du nord sont explosés.
Je vais vous l'avouer, Road Trip, j'ai tenu moins d'une heure dessus. Et j'ai même pas honte parce qu'une heure c'est 60 fois le temps qu'il faut pour voir que cette chose est capable de souiller les rayons d'une boutique de manière définitive. Alors je vous explique en gros de quoi il s'agit. Votre but sera d'amasser de l'argent histoire de pouvoir améliorer votre voiture à l'aide de 250 accessoires (prends garde à toi Need For Speed Underground). Tout ça pour qu'elle soit plus belle et plus rapide. On peut même coller de la pub dessus pour se faire encore plus d'argent et aller se promener en mode libre au sein de villes pathétiques dans lesquelles on croisera d'autres voitures avec lesquelles on peut discuter (Crains pour ta vie GTA !). Oui parce que les voitures parlent, enfin disons qu'elle communiquent en faisant des appels de phares. D'ailleurs ça me fait penser qu'on avait rarement vu autant de fautes dans les textes d'un jeu. Fautes d'accord à chaque phrase, fautes de frappes, traduction encore plus approximative que celle de Google ("quelle course veux-tu entrer ?"), on a droit à tout. En même temps, ce ne sont que des voitures, alors on les excuse.
Bon allez, causons un peu du jeu à proprement parler, les courses, la conduite, les folles sensations de vitesse. Pour vous décrire la chose, je dirais simplement que lors de ma première course j'ai éclaté de rire et que tout le monde est venu voir ce qui se passait. Ca vous donne une bonne idée, non ? En gros, pour ceux qui aiment tout savoir, sachez que les voitures pèsent dans les 50 tonnes, ne virent pas à plus de 15 degrés et sont ridiculement poussives. A tel point qu'on se demande si on appuie vraiment sur le stick analogique. Mais alors là où on ne peut même plus dire qu'on touche le fond mais bien qu'on a percé le plancher et attaqué le sol de la cave, c'est quand on commence à découvrir les bugs. On connaissait le bug du "polygone qui colle" (TM) de Davilex et on le retrouvera ici aussi avec des voitures qui se scotchent l'une à l'autre pour un effet des plus amusants, parfait pour animer anniversaires, bar mitzvah et enterrement de vie de jeune fille. Mais notre culture encyclopédique du bug va s'enrichir puisqu'en voici un nouveau, que j'appellerais : le changement de vue dynamique en temps réel full 3D involontaire basé sur la force cinétique. Soit M=1/2mv² sur racine de {ohlala + c'est + quoi + ce + bordel ?!}. En gros ça veut dire que lorsque vous percutez un truc (ce qui arrive fréquemment vu la maniabilité de la chose), vous passez immédiatement en vue intérieure. Alors soit c'est un super effet de la mort imaginé par les développeurs pour nous faire vivre une expérience intense, soit c'est un bug. D'ailleurs, ça se produit aussi avec le klaxon qui se met à chanter sans raison. Bien sûr on a également droit à la panoplie habituelle, clipping, aliasing (et vu la vacuité des décors je soupçonne qu'on l'ait implanté volontairement) disparition d'objets divers etc.
Autre point sur lequel Play It fait encore mieux que Davilex : la réalisation. Alors là c'est puissant, attention. En gros si vous faites tourner Road Trip devant vos amis, vous risquez d'entendre des commentaires de cet acabit :"Tiens t'as chopé un émulateur N-Gage pour PS2 ?" ou encore "ah ben ça alors, je savais pas qu'Hugo délire passait encore à la télé", et enfin "J'aurai pourtant juré que t'avais vendu ton Amstrad CPC." Voilà, je vais pas m'étendre sur le sujet, j'ai peur de me salir. Oui enfin bon, on va pas passer des mois à philosopher sur cette fantaisie ludique (enfin "ludique"). Autant en finir rapidement en disant que Road Trip est bien l'une des pires bouses qu'on ait jamais vu. Bonne soirée.
- Graphismes1/20
Comment vous décrire ça ? C'est vide, oui vide c'est le mot. Ridiculement vide. Un bond en arrière qui nous renvoie directement aux années 80. Mais avec plus de bugs peut-être.
- Jouabilité1/20
Comble du comble, Road Trip n'est même pas jouable. Les voitures ne tournent pratiquement pas, c'est mou comme une figue moisie. On dépasse le mur du soporifique pour atteindre celui de l'énervant. Beurk ! Une performance.
- Durée de vie1/20
Record à battre : 50 minutes. Plus, ça peut être dangereux.
- Bande son5/20
Entre la musique Deschiens des menus ("Du fromage from chez Morel") et les ignobles thèmes en Midi des courses, on met nos esgourdes à l'épreuve. Les effets sont tout aussi minables.
- Scénario/
Peut aitre qu'il é bien mais j'ai pas compri yavé trau de fôtes.
Que dire ? Si vous êtes super riche et que vous avez envie de rire pendant 2 minutes ou que vous avez commencé une collection de daubes, tentez votre chance. Sinon ben, allez voir ailleurs, je vous conseille plutôt d'opter pour un petit Paris-Marseille Racing. Au passage je lance un message solennel à Davilex : messieurs, un défi vient de vous être lancé, le relèverez-vous ?