La nuit est teintée de couleurs ocres et pourpres. La ville s'éteint, submergée par les ténèbres. Doucement elle s'endort laissée à la merci de sombres desseins. Un bruissement se fait entendre au sommet d'un immeuble. Une ombre furtive glisse au-dessus de vous. Le halo luminescent de la lune découpe sa silhouette. Il observe et juge.
Tous les inconditionnels de "DC comics" ont reconnu sans mal le héros masqué à réputation internationale, le super héros dénué de pouvoirs par excellence, j'ai nommé Batman. Après avoir expérimenté bien malgré lui deux piteuses expériences vidéoludiques, il nous revient frais et résolu à imposer son emprise louable sur Gotham City. Tolérance zéro pour des opposants aux patronymes plus que représentatifs de leur aspect physique aussi bien que mental. L'épouvantail, Clayface ou encore Bane vont tenter, de toute leur ignominie refoulée, de vous faire connaître les affres de la douleur. Le projecteur balaye les cieux de la ville gothique. Une calamité menace.
Que vous choisissiez le charismatique Batman, l'énervant Robin, le sombre Nightwing ou encore la belle Batgirl, il vous incombe la tâche de protéger votre cité au péril de votre barre de vie. Le choix ne demeure pas une solution. La vie de héros dissimulé derrière un artifice de tissus ne comprend pas d'alternative. Après une scène cinématique remarquable du point de vue de la mise en scène et du parti pris graphique, il serait de bon ton d'espérer vivement retrouver cette magnificence au long du soft proprement dit. Malheureusement, dès la première image, le verdict tombe tel un couperet. La réalisation laisse à désirer. Non que le jeu soit aussi laid que le Joker au réveil, mais les environnements traversés sont dramatiquement vides. De plus, les textures simplifiées au possible, se retrouvent tout au long du soft simplement affublées de couleurs différentes. Il n'y a aucun véritable travail sur le design à notre grand dépit. Même si l'ambiance intrinsèque à la série est respectée, il n'en demeure pas moins qu'une telle licence aurait pu donner lieu à un cadre ludique dépassant le simple level-design pour se fondre dans une immersion totale au sein d'un univers noir et angoissant. Les divers protagonistes, modélisés relativement sobrement, n'amènent pas la même fascination que l'on peut aisément ressentir à la vision des comics de monsieur Jim Lee. Batman ne cache pas sa belle mâchoire carrée, qui l'est, et c'est dommage, plus que d'habitude.
Simple Beat'em all sans âme particulière, Rise Of Sin Tzu, chute dans les travers du genre. Répétitif et n'offrant que peu d'implication personnelle, il souffre également d'un manque de challenge flagrant. Aucune motivation spécifique ne vous pousse à expérimenter plus en avant l'aventure. D'autre part des hordes d'ennemis que l'on croirait sortis de la "guerre des clones" tant ils se ressemblent, poussant des cris pathétiques n'aident pas vraiment à apprécier ce titre. Il est à noter également un système de notation durant les affrontements, semblable à Devil May Cry. L'écueil vient du fait que la traduction française fait sérieusement défaut. En effet, les "pas mal", "dément" et autres "stupéfiant", font qu'un "ça claque" ou un "c'est la foire à la saucisse" ne choquerait pas. Dans un genre proche, les voix ne collent pas du tout aux personnages, et ce qui n'arrange rien, ne sont pas celles de la série animée. Le "Je vais me faire un casse-tête chinois", déclamé par Robin en pénétrant dans Chinatown, est de très mauvais goût.
Mis à part cela, ce soft compte également des points positifs. Entre autres, un système d'évolution du personnage, à partir des points récoltés s'avère intéressant. De même, vous avez la possibilité d'apprendre un nombre sérieusement impressionnant de coups, par le même biais. Il vous suffit de les acheter avec ces mêmes points. Qui plus est, diriger Batman est déjà un aspect positif en soi. Les cinématiques le mettant en scène, sont sincèrement addictives et bien construites, cinématographiquement parlant. Cependant cela ne suffit pas à faire oublier le gâchis orchestré par Ubi Soft, qui aurait pu potentiellement offrir, à tous les vengeurs drapés de noir en devenir, un jeu correspondant à leurs attentes. Les brumes nocturnes se dissipent et les rayons matinaux révèlent les défauts.
- Graphismes10/20
Malgré le travail de Monsieur Jim Lee sur le design de Sin Tzu, le soft en lui-même demeure trop limité graphiquement pour espérer convaincre. Un détail, votre reflet n'apparaît même pas dans des flaques d'eau. Cette version Game Cube arbore des graphismes plus élaborés que sur PS2.
- Jouabilité12/20
Sans être foncièrement mauvaise, l'absence de lock promet des affrontements en tête à tête avec le décor dissimulé par la caméra. Les commandes répondent avec un petit temps de retard, mais restent accessibles.
- Durée de vie10/20
Relativement lassant, seuls les bonus à débloquer, comme des couvertures de comics ou encore l'ensemble des personnages et véhicules vous amèneront à ne pas lâcher votre manette.
- Bande son8/20
Une version française immonde, doublée de thèmes musicaux peu variés dans leur construction et de mauvaise qualité.
- Scénario9/20
Le méchant Sin Tzu veut tuer le gentil Batman. Le seul point intéressant est que ce diabolique personnage tient à sa merci trois autres super-mauvais, se servant d'eux comme hommes de main.
Grande déception, ce Batman : Rise Of Sin Tzu, reprend les défauts de ses prédécesseurs, n'y adjoignant que très peu de points dignes d'intérêt. Un mode deux joueurs en coopération, un système d'évolution, ou encore un nombre dantesque de combos disponibles, ne font rien à ce triste constat. Un titre pauvre, dénué d'âme et de fond. Divertissant une fois, à condition d'être patient. Et pourtant je suis un grand fan de cet homme de la nuit. Une ombre rôde sur un toit ....ce n'était qu'un chat.