Defender of the Crown resurgit d'un lointain passé grâce à Cinemaware qui se propose de renouer avec le soft original dans une version 128 bits, certes remaniée, mais finalement pas si éloignée que ça du jeu d'origine. Quitte à rendre hommage à un titre aussi mythique que Defender of the Crown, l'équipe de développement aurait pu soigner davantage son gameplay pour ne pas donner simplement envie aux nostalgiques de se replonger dans leur version Amiga.
Si vous faites partie de ceux qui ont connu Defender of the Crown sur Amiga, NES ou même Commodore 64 vers la fin des années 80, peut-être guettiez-vous avec intérêt la sortie de cette nouvelle version dans l'espoir d'y retrouver l'essence du jeu original. D'un côté, le jeu qui nous est proposé ici a le mérite de reprendre de façon fidèle tous les aspects qui faisaient la particularité du premier Defender of the Crown ; mais d'un autre côté, les grosses lacunes de gameplay et le manque d'originalités de ce titre ne le rendent finalement pas très passionnant à jouer pour qui n'a pas connu la version d'origine. Du coup, même les nostalgiques auront plus à coeur de dépoussiérer leurs cartouches et disquettes de l'époque pour redécouvrir ce titre, plutôt que de s'agacer sur une mouture 128 bits qui est loin de tirer pleinement partie des capacités du support.
Defender of the Crown demeure avant tout un titre hétéroclite qui se compose de plusieurs phases de jeu distinctes mais néanmoins reliées entre elles de façon logique. On retrouve donc à peu près toutes les phases de jeu de la version d'origine, remaniées pour l'occasion, avec bien sûr quelques ajouts plus ou moins subtils. Le joueur contrôle le groupe de Robin des Bois dans sa lutte contre le Prince Jean et les traîtres envers Richard Coeur de Lion. L'essentiel du jeu se déroule sur un carte divisée en comtés qu'il va falloir conquérir de manière à grossir ses troupes et étendre sa domination. C'est Petit Jean qui vous servira d'intermédiaire pour recruter des paysans, des archers, des fantassins, des chevaliers et des catapultes qui vous permettront ensuite de livrer bataille dans les comtés voisins. Il faudra alors se battre en sélectionnant ses unités face aux troupes ennemies sur une petite carte, l'aspect stratégique étant franchement limité même si les unités gagnent de nouvelles commandes au fil de l'avancée dans le jeu. Il s'agit ensuite de transférer ses forces de manière à protéger les comtés acquis et établir des garnisons pour les défendre. La victoire dépend surtout du nombre de soldats en sa possession, ce nombre découlant lui-même des gains que vous aurez pu accumuler en menant des raids ou en gagnant des tournois.
Seul Robin aura la possibilité de lancer un raid sur l'ennemi, soit en tendant une embuscade dans la forêt, soit en s'infiltrant dans le château adverse. S'il est embusqué, le joueur doit alors montrer sa maîtrise du tir à l'arc en visant les soldats montés qui escortent un chariot contenant un précieux butin. Le problème réside dans le fait que la visée est délicate, d'autant plus qu'on ne peut pas choisir le système de visée inversée, et qu'il faut également se protéger des tirs ennemis en se cachant dans les arbres, sachant que les chevaux s'emballent si on leur tire dessus, ce qui rend les cavaliers plus difficiles à atteindre. De votre score dépendra toutefois l'argent amassé en fin de séquence et donc les revenus pour la phase de stratégie. Lors des raids à l'épée, on doit mener Robin à l'intérieur d'une forteresse ennemie, et défier tous les gardes et seigneurs que l'on rencontre dans des duels à l'arme blanche. Les possibilités sont là encore assez limitées, puisqu'on peut simplement enchaîner des attaques hautes et basses, sauter ou se baisser pour éviter un coup, ou parer et tenter de placer une fente. En cas de déroute, vous avez la possibilité de battre en retraite pour éviter d'être capturé, ce qui vous évitera d'avoir à payer une rançon.
Le sieur Wilfred d'Ivanhoé vous permettra de bâtir des places fortes moyennant toutefois des sommes assez considérables pour en assurer la défense. C'est par lui que vous pourrez également organiser des tournois, dans lesquels vous pourrez défier d'autres chevaliers dans des joutes. Il faut alors lancer son coursier avant de pointer sa lance en direction du corps ou de la tête de son adversaire pour essayer de le désarçonner. Arrivé à un certain point, vous pourrez également organiser le siège des châteaux ennemis en positionnant vos catapultes et en sélectionnant les différents types de charge (boulets, feux grégeois, etc...) pour faire tomber les murs avant la fin du temps imparti. Là encore, le gameplay est franchement limité et il faut également se méfier de la contre-attaque des archers sur les remparts. Jamais très amusant, souvent défaillant, le gameplay n'incite pas à aller de l'avant, surtout que la réalisation n'a pas bénéficié de beaucoup d'attentions de la part des développeurs. Visuellement moyen, le jeu afflige par sa localisation approximative qui donne droit à des traductions inversées du style "vos assaillis ont été archers" ou "vos touchés ont été fantassins". C'est plus affligeant que drôle, croyez-moi. Le scénario évolue bien au moyen de quelques cinématiques et surtout de nombreux dialogues, mais n'offre rien de vraiment passionnant, sinon quelques duels avec des personnages clés comme le shérif de Nottingham ou des joutes avec le Prince Jean. On apprécie également le rôle d'espionne joué par Marianne qui peut ainsi nous donner des indications concernant le nombre d'unités mises en place par l'ennemi avant une bataille. Malgré tout, Robin Hood ne convaincra ni les amateurs de stratégie, ni les fans de cape et d'épée, ni les nostalgiques du jeu original.
- Graphismes12/20
Entre les cartes stratégiques visuellement pauvres et les phases d'action légèrement plus étoffées, Robin Hood n'éblouit pas par sa réalisation.
- Jouabilité8/20
Les phases de jeu ont beau être variées, elles ont toutes un point en commun : leur manque de profondeur et leur gameplay défaillant. On cherche vainement un quelconque plaisir de jeu.
- Durée de vie13/20
Le tout est de savoir si vous aurez le courage d'aller jusqu'au bout, car même si les phases de jeu sont plutôt variées, elles ne sont pas si nombreuses et peinent à se renouveler.
- Bande son13/20
Il faut accepter le doublage anglais qui est plutôt réussi dans la mesure où il retranscrit même l'accent français pour certains chevaliers. Les musiques sont plus anodines.
- Scénario11/20
L'histoire évolue au moyen de courtes cinématiques et surtout de nombreux dialogues, mais il est facile de décrocher, d'autant que la traduction est parfois complètement incohérente.
En guise de come back, Cinemaware aurait pu faire beaucoup mieux pour faire honneur au jeu d'origine. Le Defender of the Crown d'aujourd'hui fait pâle figure en comparaison des productions actuelles, aussi bien en termes d'action que de stratégie. La réalisation est loin d'être sublime et le gameplay n'est vraiment pas approfondi. Un titre qu'on oubliera donc assez vite.