Gravissant des marches accusant le poids des ans, au sein d'un sombre manoir subissant vents et tempêtes, vos certitudes volent en éclat. Vous débarrassant maladroitement d'une toile d'araignée couvrant votre visage tiraillé par une tension palpable, vous progressez malgré vous à travers ce dédale lugubre. Quand soudain, une musique typique des seventies, accompagnée d'un chien hilare et d'un grand niais au bouc mal assuré, vous surprennent au détour d'un couloir.
Vous voilà donc entré dans le monde fantasque et délirant de Scoubidoo, d'une manière certes brutale, mais nécessaire. A vous les traîtres majordomes, prêts à se déguiser en chevalier sans tête, les vils barons se grimant en mille-patte géant, et le simple fantôme bien mal pourvu face à cet ensemble de psychopathes miteux. La méchanceté amène avec elle, nombre de plans machiavéliques et pour la plupart ridicules. Mais la question est la suivante : Saurez-vous les démanteler et retrouver leur instigateur dans les cinq niveaux de ce jeu horrifique ?
Seulement cinq ! Hurlerez vous avec violence. Peut-être, mais ils demeurent relativement longs à terminer. C'est en soi une force, mais aussi une grande faiblesse. En effet, vous devez mettre à jour un certain nombre de preuves par niveau, vous aidant à mettre la main sur le coupable d'atrocités que j'ai honte de mentionner ici (faire peur, ou du moins essayer, aux habitants d'un manoir et de tout autre lieu clé de l'aventure). Pour ce faire il vous faudra emprunter des myriades de couloirs, et autant de portes fermées à double tour. Jusque là, tout paraît logique pour un jeu d'aventure-plates-formes. L'instant où l'on sombre dans le paranormal, réside dans le système de progression du soft. Votre tâche consistera en effet principalement à vous trouver devant un ascenseur, tandis que le chien le plus bavard du monde pastel des dessins animés de la Warner, s'adresse à Sammy lui disant ceci : " Houu (très important le houuuuu) Sammy, je crois que l'ascenseur est bloqué !". Et ce dernier de lui répondre : "Allons voir si nous trouvons une clé anglaise". Cela vous arrivera deux ou trois fois, juste dans le premier niveau. Le problème vient du fait que les portes fonctionnent d'une manière analogue. Pour avoir la clef rouge qui ouvre la serrure rouge, il vous incombera de vous saisir de la clé verte, afin de pénétrer dans la pièce fermée par une porte verte, où repose cette satanée clef rouge. Tout un programme. Malheureusement ce classicisme lassant nuit à l'intérêt même du titre. Éludant l'aspect recherche axé sur l'enquête, le soft se change en une sorte de "Où est Charlie ? " fixé sur les objets à retrouver afin de déverrouiller de lourdes portes. Heureusement qu'en chemin Sammy peut se faire un sandwich.
Effectivement, et mis à part ces quelques défauts, l'ambiance de la série animée est merveilleusement bien respectée. Il faut avouer que la qualité graphique participe activement à cette immersion. Les environnements disposent d'un design agréable et de détails précis qui rendent compte d'un travail d'adaptation sérieux. De même les animations, surprenantes, reprennent trait pour trait la démarche nonchalante de Scoubidoo, et la course si caractéristique de Sammy. Les connaisseurs esquisseront un sourire rien qu'en apercevant cela. D'autre part, la manière d'engranger une vie supplémentaire, bien que peu originale dans le principe, reflète parfaitement les grands moments du dessin animé. Vous aurez l'insigne honneur de vous confectionner un sandwich avec tous les ingrédients que vous découvrirez le long de votre laborieux chemin. Une fois celui-ci achevé, la vie supplémentaire est en votre possession. Il en va de même pour votre énergie vitale qui pourra être renouvelée grâce à des "Scoubiscuits" disséminés au sein des endroits que vous traverserez gaiement. Il est également intéressant de mentionner le fait que les dialogues s'avèrent relativement drôles et font souvent montre d'auto-dérision. Daphné descend toujours rejoindre Fred dans les parties sûres de l'édifice, et Vera perd encore ses lunettes, tandis que nos deux héros errent dans de ténébreuses catacombes. L'injustice règne invariablement. Au final, malgré un respect plus que correct à la série éponyme, Scoubidoo : Le Livre Des Ténèbres, se révèle dans le fond, classique et fort ennuyeux. Suivant bien passivement la branche cassante de la non-évolution, ce titre s'empêtre dans un filet trop fastidieux à déchirer. Il en ressort un jeu divertissant, bénéficiant d'une jouabilité fiable, bien que parfois légèrement glissante, mais regroupant des accrocs trop importants à un intérêt pourtant accrocheur. Un essai moyen, en amenant tacitement un second que tous les fans espèrent meilleur. Dommage. Scoubidooooooooobidoooooooooooo !
- Graphismes15/20
Un univers graphique un peu sombre, mais disposant d'un niveau général de haute tenue. Malgré la répétition de certaines salles, l'ambiance est présente, et c'est bien tout ce qu'on lui demande. A noter des animations savoureuses, rappelant de bons souvenirs aux nombreux (?!) fans du célèbre duo.
- Jouabilité14/20
Les commandes répondent très bien à vos injonctions, mais la présence d'une sensation étrange d'inertie provoquera sans doute quelques chutes malencontreuses.
- Durée de vie12/20
Si votre objectif principal est de terminer le jeu, vous pouvez rajouter deux points à cette note, étant donné le côté recherche présent dans ce dernier. Cependant la lassitude viendra sans aucun doute s'installer à votre table. D'où cette sanction.
- Bande son11/20
Des bruitages communs à la série, mais une composition musicale grésillante et très rapidement redondante.
- Scénario9/20
Un scénario basique, simplement présent pour tenir le joueur légèrement en haleine. Du Scoubidoo en somme. A voir tout de même les interventions toujours bien senties de notre équipe de pleutres.
Cette note finale peut paraître un tantinet exagérée vis-à-vis du texte général, mais je pense que ce titre s'adresse plus aux enfants, que l'aspect répétitif ne heurtera pas spécialement. Il n'en demeure pas moins que passé douze ans, cette lacune ne survivra pas longtemps à vos yeux. Doté d'un classicisme handicapant, cette dernière production THQ, tire heureusement son épingle du jeu grâce à l'ambiance qui s'en dégage. Mais attention, ça ne fonctionnera pas deux fois. Un titre qui vous fera oublier le mauvais temps... pendant trois jours. Choisissez votre camp.