Les animaux ont bien changé dans notre monde sans foi ni loi. Un dauphin quasiment agrégé de l'ENA, réussit à faire comprendre l'endroit d'un naufrage à un pauvre hère à l'aide de cris inintelligibles, un chien parvient à indiquer la distance séparant les sauveteurs d'une bombe sur le point d'exploser qu'il aurait sans doute lui-même désamorcé s'il avait eu des bras, et enfin un marsupial concourt au sein de championnats de karting. Ce n'est plus ce que c'était.
Nombre d'entre vous furent conquis à l'époque, par la démonstration de force effectuée par un soft sans prétention, Crash Team Racing. Aux commandes du plus célèbre des bandicoots ( il nous a d'ailleurs fait découvrir cette race d'animal pour notre plus grand bonheur), votre objectif était de terminer en bonne place de courses endiablées, prenant place au sein des différents mondes traversés par notre ami frugivore au gré de ses aventures. Disposant d'un level-design de grande qualité, et d'un mode multijoueur sincèrement amusant, Mario Kart tremblait du haut de son piédestal. Mais les années passèrent, le pelage du petit animal australien chutant, soumis au vent du marketing.
Fort heureusement, se dit-on lors de l'entrée en matière du jeu, les développeurs ont conservé un tracé de circuits très intéressant. En effet aucune piste n'est semblable à une autre, ce qui renouvelle sans cesse un intérêt que l'on pourrait craindre restreint, du fait même du type de soft abordé. D'autant plus que graphiquement, ce dernier peut aisément se comparer aux ténors de la discipline, dirigée de main de maître par Mr N. Cependant dans un souci avéré de trop bien faire, les développeurs ont commis une erreur relativement dommageable. Alors que la logique voudrait intimement que le défilement et la profondeur de champ soient optimaux, le titre fait la part belle à une sorte d'imbrication de pixels provenant du sol et du décor, se disposant tout le long de la ligne d'horizon, occultant sévèrement le défilement des différents circuits. En un sens, la tension est toujours à son paroxysme, mais cela serait mettre de côté l'aspect un tant soit peu brouillon du résultat. Non que cela nuise à la finesse globale, mais il faut avouer que pénétrer dans un virage sans réellement connaître la finalité de notre action, s'avère ennuyeux. De même, on ne peut que regretter amèrement les nombreux ralentissements. L'incompréhension est de mise. Au regard d'un Golden Sun ou alors d'un V-Rally 3, ne subissant aucun écueil de ce genre, comment un titre, bien qu'agréable à l'oeil, peut-il subir une telle infâmie ? Ses intervenants, pour le coup ivres de rage et de gasoil, décidèrent de mener une rébellion. Contre qui me demanderez-vous ? Et bien à votre encontre.
Il est une maladie, une épidémie, que dis-je une épidémie, un calvaire, que de nombreux spécialistes nomment le syndrome Mario Kart 64. Exposition de la situation : Fier de vos divers objets ralentissant l'avancée de vos poursuivants, vous vous estimez naïvement hors de tout danger potentiel. Et là, c'est le drame. Un virage peu savamment négocié et vos opposants vous dépassent tous, vous reléguant à la septième place tandis que vous briguiez la première. Vous ne disposez que d'une infime chance de distancer les divers pilotes enragés vous maudissant du plus profond de leur âme. Par là même, un renoncement plus que conséquent commence à poindre, poussant les plus sanguins à éteindre très vite leur tendre GBA, afin d'aller faire une promenade champêtre. Par ailleurs, il vous est donné la possibilité de débloquer dix autres concurrents, possédant des statistiques de vitesse, d'accélération, et de tenue de route poussées à leur maximum. Et bien, même pourvu de ces derniers, vous aurez bien du mal à créer un fossé salvateur, au long des 15 pistes du soft. En un mot, énervant.
Pour autant, Crash Nitro Kart n'est pas un mauvais jeu. Proposant un mode aventure, au scénario peu étoffé mais délibérément imbécile ; dans lequel votre objectif est de porter secours à la planète Terre par le biais de l'équipe des bandicoots ou de Néo Cortex, un mode arcade des plus classiques, ainsi que trois modes multijoueurs, ce soft possède des atouts pour vous tenir éveillé de longues heures. De plus, l'accès à toutes les pistes et personnages étant soumis à vos talents de compétiteur, la lutte s'annonce rude. Au final, conservant les défauts des versions "next génération" (avec l'accent français), comme des armes peu variées, mais "upgradables" en pleine course via la récolte de pommes, ainsi qu'un relatif manque de rythme, cet opus portable ne mérite pas vraiment que vous vous y attardiez si vous détenez déjà Mario Kart Super Circuit. Un titre moyen, possédant de bonnes idées, mais regroupant un nombre trop important de lacunes. Le kart demeure seul, encastré dans une botte de foin.
- Graphismes14/20
Des environnements réalisés de manière sérieuse, doublés d'un design général convaincant, ainsi que de tracés novateurs, mais entachés par une sorte d'empilement abusif de pixels au niveau de la profondeur d'affichage. Étonnant.
- Jouabilité13/20
Les commandes répondent parfaitement, mais le système de dérapage, bien qu'adapté de l'opus Psone, s'avère peu pratique à l'usage. Des problèmes de collisions vis-à-vis d'éléments du décor posent aussi des complications inutiles. Sortir de piste ou côtoyer une statue vous bloque net, et le redémarrage en devient fort délicat.
- Durée de vie16/20
Dix psychopathes notoires à débloquer dont un bien sympathique (vous verrez), accompagnent joyeusement un mode scénario, ainsi qu'une partie arcade (incluant le championnat) assez fournie. De même tenter l'aventure en multijoueur rehausse lestement l'intérêt global du produit. A vous de décider si les différents défauts s'effacent derrière le nombre de possibilités.
- Bande son12/20
Des voix digits et des bruitages reprenant celles et ceux de la série de bonne qualité et vraiment sympathiques. Il en est tout autre des compositions musicales, qui s'avèrent redondantes et basées sur une seule boucle de 40 secondes qui revient à l'infini.
- Scénario/
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Encore une désillusion. Ces temps-ci, de plus en plus d'adaptations de titres alléchants se révèlent au final peu convaincantes et surtout dénuées d'innovations majeures. Cette dernière digression de l'univers coloré de Crash Bandicoot n'échappe pas à cette triste mode. Si encore un réel plaisir de jeu s'était fait ressentir,... mais il n'en est rien. Un jeu pouvant attirer les mordus de la série, ainsi que les grands fans de karting. Ils trouveront un titre assez conforme à leurs attentes, mais ludiquement difficilement passionnant. Les animaux seront toujours mieux dans leur milieu naturel.