Tout cela est l'histoire d'une malencontreuse méprise. Lorsque l'on m'annonça que mon prochain test porterait sur Links 2004, je crus naïvement que mon heure était venue ! Enfin une critique d'un nouveau Zelda ! Mais malheureusement, il n'en fut rien. Quelle horreur ! Où sont les kokiris, les fées et les habitants merveilleux d'Hyrule ! Quels sont ces polos ? Il y'en a partout ! Mais c'est une invasion ma parole !
Vous remarquerez vous aussi rapidement que ce soft s'apparente plus au golf qu'à la recherche d'une épée légendaire. Adaptation d'une série de grande qualité sur PC, cet opus 2004 s'installe confortablement dans le club-house de la Xbox, non sans ramener avec lui nombre de qualités reverdissant la pâle croix de la plus massive des consoles existantes.
Face à son concurrent direct, "Tiger Woods", édité par EA Sports, Links a toujours fait figure de nobliau hautain et inaccessible, toisant du regard le Tiers-Etat profitant d'une faste joie de vivre. La révolution a eu lieu, et des têtes ont terminé leur glorieuse existence, non sur des piques, mais sur des tee. En effet, derrière une austérité résultant de la froideur des menus et de nombre d'explications techniques, ce titre bénéficie d'un gameplay intuitif et très accessible. Il advient par conséquent, à notre plus grande surprise, un plaisir de jeu non feint, que peu de softs estampillés pourtant "X-trême", ou encore "Death-hardcore" parviennent à retranscrire correctement et selon leur prétention première.
Les gâchettes vous permettent de changer de club à tout moment suivant la situation dans laquelle vous oeuvrez, tandis que le bouton "b" propose un choix de types de coups à effectuer. Au nombre de six, ils s'avèrent spécifiques à un type d'action nécessitant une approche particulière. Mis à part cela, le stick droit vous permet de donner un effet à la balle, alors que le gauche déclenche le tir. Il suffit de le baisser pour accumuler de la puissance et de le remonter rapidement pour propulser la balle. Cela amène un dosage très précis et une véritable stratégie de jeu. Tous ces paramètres participent activement au fait qu'un coup réussi procure une jouissance formidable. Une légère balle, après un trajet de 200 mètres, roule doucement du haut d'une pente douce et s'immisce exactement à l'endroit choisi. On expérimente le même sentiment de satisfaction que lors d'un saut vertigineux doublé d'un enchaînement d'une dizaine de figures dans SSX-Tricky. Pourtant les joueurs n'ont pas de bonnets mais des... polos.
Un peu raides lors des swings, les différents intervenants déambulent, une arme de poing à la main, au sein de décors certes dotés de textures de très bonne qualité, mais souffrant d'une relative plasticité dommageable. D'autant que l'environnement sonore se révèle réaliste, immergeant le joueur esseulé derrière son PC, en une ambiance champêtre des plus rafraîchissante. Il faut néanmoins relativiser le niveau musical et les commentaires. L'un comme l'autre poussent à être bercé par nos propres compact-discs préalablement enregistrés sur le disque dur. Chose heureusement possible et recommandée. Surtout vis-à-vis de la durée de vie.
En effet, trois modes principaux vous donnent accès à une myriade de compétitions toutes intéressantes à plus ou moins long terme. Un mode carrière classique, accompagné d'un mode challenge, et d'un troisième basé sur des épreuves de compétences. Chaque réussite se trouve récompensée d'un nombre défini de balles, vous donnant le pouvoir de débloquer des stages et des niveaux de difficulté. De même vous emmagasinez de l'argent, nécessaire à augmenter vos compétences. La véritable innovation réside dans le fait que cet ensemble reste homogène tout en proposant autant de variantes que de balles perdues lors d'une première leçon. De longues heures s'offrent donc à vous si votre objectif avoué est de parcourir l'ensemble des greens de la planète afin d'imposer votre domination. D'autant plus que la difficulté n'est pas anecdotique. L'ordinateur ajuste ses coups au millimètre, et penser que tirer le plus fort possible vers le trou, à peu près en ligne droite, suffit à le ridiculiser vous conduira à votre perte. Peut-être relativement austère dans le choix des clubs et dans l'attention forcenée vitale, un sentiment surprenant de simplicité addictive entoure ce soft. Comblé par une physique de balle extrêmement réaliste, vous ne pourrez que vous enchanter à la vue de ces longs parcours répartis sur la planète entière. Étant je l'avoue, peu enclin à pratiquer virtuellement ce sport, il n'en demeure pas moins que ce titre m'a conquis (sans me donner des convulsions de joie quand même). Microsoft, devient le roi de l'"eagle".
- Graphismes16/20
Des joueurs relativement bien modélisés, soutenus par un public vêtu de gros sprites, exécutent leur passion en des extérieurs fort réalistes mais d'un rendu très froid, limite plastique.
- Jouabilité17/20
Le système se révèle très pratique à l'usage et fortement intuitif. Le gameplay s'avère peu fastidieux, mis à part le délicat choix des clubs (qui ne se pose plus dans le cas d'un connaisseur). Il en ressort l'impression agréable d'un souci d'accessibilité.
- Durée de vie16/20
Sans être fantastique, cette dernière bénéficie des nombreux modes de jeu et d'une difficulté progressive de bon aloi. De plus, l'upgrade de vos golfeurs favoris ou de votre création personnelle, rehausse l'implication.
- Bande son12/20
Malheureusement, il fallait bien un défaut et le voici. En effet, les différentes voix et les compositions musicales, bien que d'une bonne qualité sonore, ne brillent pas par excès d'inventivité (en particulier la musique).
- Scénario/
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Dépassant son statut de seigneur féodal, Links 2004 s'empare de terres depuis longtemps de lui écartées. Se rattachant à la populasse, il en devient plus agréable et accessible, au grand bonheur des spécialistes ainsi que des novices. Dans une discipline aussi austère que le golf, réussir pareille manipulation est un exploit aussi glorifiant qu'un par 5 en un coup. Du moins pour les connaisseurs.