Contrairement à ce que l'on pourrait penser au premier abord, Bloody Roar 4 amène à un questionnement sur soi-même plus profond que l'on aurait indubitablement espéré. En effet, quel serait votre reflet bestial ? Un lion ; puissant et courageux, un renard ; agile et rusé ? Seul votre caractère atavique peut en décider. Mais vous imaginez-vous conforme à vos attentes ? Beaucoup de personnes risqueraient d'être surprises, et pas forcément agréablement.
Il est vrai qu'une huître provoquerait une prise de conscience bien plus importante qu'un aigle ou tout autre animal catalogué comme majestueux. D'où l'utilité d'un soft tel que celui-ci, dans lequel chacun dénichera son alter-ego de plumes ou de poils, voire de métal (plus rare je le conçois). Dans l'ensemble communs à la série depuis ses débuts, les combattants glorieux font la connaissance de nouveaux compagnons décidés à se battre jusqu'à l'équarrissage. Entre Reiji, le très charismatique homme-corbeau, Mana la petite fille-louve accompagnée la plupart du temps de Ryoho l'homme-dragon, et des désormais célèbres Uranus et Xion, l'ensemble du règne animal, et plus encore, est à votre disposition. Mais ont-ils tous un pelage ou un ramage brillant ?
Le doute n'est pas permis, le titre est d'une qualité graphique très convaincante, égalant à peu de détails près l'épisode Gamecube, doté d'une réalisation sans faille. Le design général, en particulier celui des différentes transformations bestiales s'avère sincèrement addictif. La conception de Xion, par exemple, fascine. Ce personnage dégage une force et une classe comme rarement des belligérants oeuvrant au sein de rings poussiéreux, laissant apparaître nombre de reliques pourpres de combats terrifiants, en ont disposés. Une nouvelle recrue, Nagi, fait également montre d'une personnalité émanant littéralement de son aspect physique. Du très bon travail, à nuancer cependant du fait d'environnements relativement vides et classiques. Un mode 50 hz autant inexplicable qu'obligatoire, écrase les pacifistes forcenés, ralentissant honteusement le rythme, pourtant volontairement élevé, des affrontements. De même les scènes mettant en exergue les destins des protagonistes bénéficient d'une mise en scène inventive et captivante. Entachées, elles aussi, d'un défaut qui aurait aisément pu être évité. Le doublage respecte la méthode dite "à l'allemande". C'est à dire des voix relativement bien choisies, mais dont la simultanéité labiale laisse vraiment à désirer. D'une manière telle qu'il arrive parfois que les intervenants ne finissent pas leur phrase. Le gameplay subit-il le même écueil ?
Comme vous le savez sans doute déjà, la particularité de la série Bloody Roar, réside dans la possibilité de se métamorphoser en animal dès que la jauge correspondante commence à se remplir. Mais il y a plusieurs conditions à respecter. En premier lieu il faut revêtir sa forme humaine, afin de participer au comblement de la "barre de bestialité" par le biais de coups donnés et (plus contraignant) reçus. Puis par une simple pression sur la touche "rond" la mutation s'amorce. Mais il faut savoir que lorsque vous vous trouvez heurté de plein fouet par un poing rageur sous forme animale, seule la jauge en relation s'amenuise. Il faut donc jongler entre les deux formes afin de tirer la quintessence d'une situation difficile, en sachant que si votre vie humaine est réduite à zéro et qu'il vous reste de l'animalité en réserve, vous basculerez automatiquement dans la forme appropriée. Une véritable stratégie de survie point alors, renouvelant sans cesse un plaisir de jeu non feint. A noter qu'un mode 'hyper-bête" existe, permettant de conserver cet état indéfiniment. Il faut, pour en bénéficier, vider consciemment sa barre de vie entière en maintenant la touche "rond". Un second choix cornélien entre sur une scène humide et moite, sublimant encore un peu plus cette atmosphère brute de domination. L'art de la guerre scinde la conscience.
Grand apport également, un mode carrière reposant sur un principe réellement intéressant. Les inconditionnels de Final Fantasy (dont je fais partie), et surtout ceux du dixième opus crieront au scandale, investissant leur mairie afin de demander une autorisation préfectorale pour se faire. En effet, vous évoluez sur une sorte de sphérier (étendue composée de plusieurs cercles reliés entre eux), glanant à chaque victoire des brins d'ADN, vous octroyant la possibilité d'acheter des compétences, et d'ainsi façonner votre guerrier favori à votre guise. L'aire d'évolution étant gigantesque, sa complète inspection vous tiendra en haleine durant de salvatrices heures au chaud tandis que la pluie tambourine à la fenêtre. D'autre part, il vous est possible, et recommandé, de débloquer des personnages cachés via le mode arcade. Néanmoins, l'avertissement vaut la peine d'être déclamé, le titre est très difficile (sauf en mode facile évidemment .....), et les derniers opposants maîtrisent parfaitement les ancestrales techniques de combat leur ayant été dispensées. Le dernier combattant mérite à lui seul les larmes versées sur le chemin aux pics acérés menant à lui. En cinq syllabes, impressionnant. Au final, handicapé par un mode 50 hz inadmissible, et par un doublage très approximatif, Bloddy Roar 4 parvient à s'imposer, non pas dans les excellents jeux de combats, mais au sein des très bons. Un système de jeu passionnant, mais manquant d'un tant soi peu d'originalité, un mode carrière exhaustif, et un environnement graphique de qualité participent activement à faire de ce soft, la nouvelle référence de la série. La marque à l'abeille a touché son but.
- Graphismes16/20
Bien que possédant une qualité graphique de haute tenue, un design (sauf pour la jaquette) étonnamment recherché et léché, la présence outrancière du désormais légendaire 50 hz, ampute le soft d'un point supplémentaire.
- Jouabilité17/20
Les commandes simples et intuitives ne sombrent pas dans la lassitude niaise et peu inventive. Tout à la fois aisés d'accès et machiavéliquement stratégiques, les affrontements exhalent un doux parfum d'intérêt. Le côté un petit peu "bourrin" du soft, le réserve plus aux habitués de Tekken qu'à ceux de Virtua Fighter ou Soul Calibur.
- Durée de vie15/20
Un mode carrière intéressant et complet à défaut peut être d'être passionnant. Cependant, la "customisation" de votre personnage fétiche se révèle relativement prenante et nécessaire à la vue de la difficulté. De plus les combattants à débloquer participent à vous tenir en tension jusqu'à l'ultime délivrance.
- Bande son13/20
Des voix américaines assez convaincantes, mais ne collant absolument pas aux mouvements de la bouche de l'intéressé. Les compositions musicales sont quant à elles un peu kitsch, basées dans l'ensemble sur une base très métal, empruntant des sons assez désuets.
- Scénario/
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Différent de ses concurrents et légèrement trop proche de ses prédécesseurs, Bloody Roar 4 constitue sans aucun doute une alternative de choix aux personnes lassées de Tekken 4 ou autres désirant expérimenter une nouvelle approche du jeu de combat. Riche et profondément digne d'intérêt, cet hymne à l'écologie vous forcera à pousser des feulements de contentement. Si les habitants des forêts s'enfuient à votre approche, c'est que vous êtes sur la bonne voie. Aussi absorbant qu'est sombre la parure du corbeau.