Depuis la Rome Antique, les êtres humains ont toujours pris plaisir à contempler des affrontements dénués de toute moralité apparente. Que ce soit au sein d'une arène animée par les vociférations d'une foule avide de sensations compensatoires, ou d'un ring de boxe subissant le même rituel, la violence fascine. Harry Potter sombrera-t-il dans cette bestialité atavique ?
Du sang et des larmes, ces deux termes ne résument en aucun cas l'ambiance présente dans ce " Harry Potter : Coupe Du Monde de Quidditch". De Qui quoi ? me demanderez-vous. Et bien cette appellation d'origine contrôlée, désigne un sport faisant fureur en la contrée de Poudlard. Les règles et l'organisation font preuves d'une grande précision. Sur un terrain de forme ovale de 150 mètres de long et de 24 mètres de largeur, deux équipes s'affrontent, tentant de marquer le plus grand nombre de points. Pour se faire, un souafle (sorte de ballon, mais magique, attention) disposé en début de partie au centre du champ de bataille, doit traverser un des trois anneaux dorés du camp adverse. Cela peut se rapprocher d'un football alternatif et en balais volants. Chaque essai concluant octroie dix points à l'équipe instigatrice. Mais, une particularité vient se greffer à tout cela, le "vif d'or".
En effet, le gameplay demeure très particulier. Une jauge occupant le haut de l'aire de jeu, est scindée en deux parties de couleurs différentes symbolisant la puissance attribuée à chaque escouade. L'une représente votre formation, et l'autre le groupe adverse. Chacune d'elles se termine par la moitié d'un vif d'or. En bref, votre taux d'énergie augmente lorsque vous faites une passe et se réduit lors de tacles, mouvements spéciaux, et demandes d'intervention du batteur (joueur externe lançant sur vos opposants une nuée de "cognards", objets de fer de 25 centimètres de diamètre, afin de les déstabiliser. A noter qu'il peut être utilisé de manière défensive, afin de répondre à ces mêmes attaques).
Si vous avez bien suivi le principe intrinsèque du pugilat, les deux fragments du vif d'or vont se rejoindre inéluctablement afin de ne faire plus qu'un. A ce moment précis, une course s'engage contre un de vos adversaires dans le but précis et avoué de se saisir de cette sorte de boule dorée ailée. L'heureux participant parvenant à réaliser ce miracle, achemine à ses côtés 150 points pour son camp. Le match se termine alors. Le constat devient de ce fait limpide, une originalité non feinte se dégage de ce soft. Cependant il est bon de relativiser du fait de la frustration encourue après un match mené de main de maître jusqu'à l'ultime minute, arborant un somptueux 80 à 0, puis se retrouver le visage profondément ancré dans la boue de la défaite, 80 à 150 après l'épisode du vif d'or. Une bonne idée au demeurant, mais relativement mal exploitée, confinant les phases de jeu à de simples "avant-propos". Vraiment dommage. D'autant que tout cet aspect demeure soutenu par un aspect graphique travaillé.
Profitant de manière intelligente des capacités de la GBA, Electronic Arts a su prodiguer à son titre un esthétisme agréable, adaptant les aires de jeu au pays concerné. De multiples effets participent activement à l'immersion dans le monde gorgé de magie du sorcier à lunettes. Que ce soit au niveau de l'animation ou encore dans le design des menus, très complets par ailleurs, un véritable travail de respect vis-à-vis de l'oeuvre littéraire, mais surtout cinématographique (pour des raisons que tout le monde comprend ), se ressent aisément. La qualité touche au luxe, lorsque l'on aperçoit au détour d'un sombre couloir d'avant confrontation, une scène animée mise en scène de manière sincèrement attractive (très courte il faut l'avouer).
Malheureusement pour nos magiciens tout de cuir vêtus, la maniabilité connaît un écueil certain. Les commandes, bien que précises et appropriées se révèlent raides et parfois imprécises. Cette remontrance ne nuit pas en soi au plaisir de jeu, mais ajoute une tension que l'on aurait espéré ne plus croiser sur la route de la vertu. Associé à cela, un scrolling horizontal acquiesçant un retard certain, ne permet pas de profiter pleinement du soft. Au final, agrémenté de cartes à débloquer, ainsi que de quatre modes de difficulté, le petit Harry qui nous veut du bien ne sort pas trop malaxé par les violentes altercations confinées sur le terrain. Un épisode sans prétention, qui aura au moins réussi le challenge de ne pas tomber dans le gouffre béant d'un intérêt absent. Il faudra regonfler le souafle un tant soit peu la prochaine fois.
- Graphismes14/20
De bonne facture, sans être révolutionnaires, ces derniers respectent relativement bien l'ambiance propre à la série. De petites scènes animées viennent égayer cette production d'assez bonne qualité.
- Jouabilité12/20
Une sorte de lourdeur se fait sentir lors des actions élémentaires du titre. D'autant dommageable, qu'arrimée à un manque de précision lors des tirs vers la zone décisive, elle se mue en un défaut pur et simple.
- Durée de vie11/20
Les différentes cartes de Quidditch à débloquer, ainsi que les attaques spéciales des équipes nationales vous prendront de votre précieux temps. Reste à savoir si l'envie vous animera.
- Bande son11/20
Une musique d'ambiance classique mais possédant le don de n'être pas assommante de répétitions, ainsi que des voix digitalisées peu convaincantes durant les matches. Les bruitages demeurent relativement discrets.
- Scénario/
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Leader économique du marché des jeux ayant traits aux pratiques sportives, Electronic Arts, applique à cet opus de la longue liste de jeux à licence Harry Potter, le même traitement qu'à son célèbre FIFA. Un habillage correct, des idées sous-jacentes, mais un ensemble de lacunes côtoyant de manière ambiguë une recherche de concepts. Le principal obstacle à un titre reflétant un éclat qualitatif fort, repose sur une relative tranquillité résultant de l'achat d'une licence à fort potentiel marchand. Tant que les développeurs raisonneront de cette manière face à un soft trop fédérateur, les titres adaptés de films ou de romans périront bien malgré eux.