Après avoir passé le plus clair de son temps à collecter des anneaux de bulles dans les versions PS2, Xbox et Gamecube, Nemo, peut être las de ces passionnantes occupations intellectuelles, décide de passer des vacances pas du tout méritées sur la pauvre GBA. Serait-ce un pèlerinage ? Chercherait-il la rédemption auprès d'une mystique portable de marque japonaise ?
Il m'arrive parfois de me réveiller, la nuit, en sueur, hurlant : "Non, pas les anneaux de bulles !". Qu'elle ne fut pas ma surprise en découvrant ces derniers dans le premier niveau du "Monde De Nemo" sur la petite console de Nintendo. Mais avant de me rouler par terre animé de convulsions, j'ai quand même décidé de tenter une nouvelle approche. En effet, le niveau graphique se révèle hautement placé. Après les opus oeuvrant sur consoles "nouvelle génération", relativement beaux, mais dramatiquement mauvais, il ne pouvait en être autrement. La seule différence concerne l'intérêt, mais nous y reviendrons. Disposant d'un contraste habilement mis à contribution, le soft semble réellement travaillé de ce côté là. Des animations bien décomposées, un design général respectant le film, participent à une immersion (promis j'arrête), plus accessible. Les différents environnements bénéficiant d'un effet d'ondulation, faisant réellement penser aux fonds marins, se voient affublés de couleurs adaptées à la situation appréhendée. Contrairement aux productions habituelles destinées aux enfants, point de couleurs criardes et de dégradés hachés. Une première approche motivante.
Dans le même ordre d'idées, la jouabilité prend une toute autre dimension. Lacunaire concernant les "128 bits" elle se métamorphose dans cette version. Précise et souple, elle vous autorisera les virages, et les accélérations les plus majestueuses qui soient. Cependant, lors de passages en simili 3D illustrant des courses poursuites, fort mal réalisés de surcroît, celle-ci perd de sa superbe et se confond en rude austérité. L'écran se couvre de pixels gros comme la main, et manoeuvrer son poisson-clown requièrerait pratiquement l'obtention d'un permis. Mais rassurez-vous, ces phases ne sont présentes qu' une à deux fois au sein du soft. Ce qui demeure regrettable est ce manque de finition flagrant concernant ces passages. Ils sont purement bâclés. Dans Crash Bandicoot XS par exemple, les étapes de shoot étaient on ne peut plus jouables, et somptueusement élaborées. Mais le marsupial possédait des appâts plus conséquents.
Chancelant dans le domaine piégeux de l'intérêt, Nemo commet le même impair que ses illustres prédécesseurs, se greffant néanmoins sur un aspect autre. En effet, alors que l'écueil résidait sur la répétitivité des actions à effectuer en un même niveau, cet opus GBA pèche par un renouvellement très enclavé d'actions dissemblables réparties sur plusieurs stages. En fait, durant les quatre premières zones sous-marines, vous expérimenterez l'agréable sensation d'exécuter une tâche différente à chaque fois. Mais il n'en est rien. Cela dissimule un mal pesant, la lassitude. Car lorsque vous pointerez le bout de votre nageoire au cinquième niveau, vous vous rendrez amèrement compte que l'on vous ordonne d' accomplir une corvée semblable à celle portée à son terme lors du premier stage. Étrange, n'est-il pas ? Et cela se répète jusqu'à l'ultime scène du titre. Bienvenue dans la quatrième dimension.
Au final, malgré un aspect pour le moins redondant, cet épisode final (je l'espère) de Nemo, surpasse les requins d'eaux troubles trop attentifs à leur aspect extérieur, en s'immisçant en une douce anémone à la place peu convoitée de jeu potentiellement agréable. Clairement orienté vers les spectateurs assidus des programmes matinaux du réseau hertzien, ce titre aurait pu combler leurs attentes. Malheureusement, sa durée de vie ridicule, accompagnée d'une collection d'images fixes de qualité moyenne ne parvenant en aucun cas à rehausser cette dernière, risque de décevoir les nombreux fans du film éponyme. Un banc de poissons sans âme.
- Graphismes14/20
Fins et détaillés durant les phases de jeu cantonnées à une 2D de qualité, ils se muent en un amas indécis lors de poursuites en fausse 3D. Il est toutefois bon de noter une palette de contrastes et de dégradés bien utilisée et fournie.
- Jouabilité12/20
Le constat se rapproche de celui traitant de la qualité graphique. Il est agréable de contrôler Némo dans ses pérégrinations aquatiques utilisant la 2D, mais lorsque une pseudo 3D désire s'inviter à la joyeuse épopée, toute logique devient obsolète !
- Durée de vie8/20
Extrêmement limitée, la durée de vie se compte sur les doigts d'une main d'un jongleur adepte de tronçonneuses. Le challenge jamais renouvelé ne parvient pas à provoquer une once d'envie de continuer l'aventure.
- Bande son9/20
Des mélodies montées en boucles de deux minutes provoquant un énervement profond. Mis à part cela, des bruitages sans grande envergure et une qualité sonore détestable. La GBA n'a pas de surround soit, mais Golden Sun propose des sonorités d'un autre acabit.
- Scénario7/20
Une trame de faible qualité, de plus handicapée par une absence de voix (ce qui est normal sur une portable), jouant grandement dans la dimension comique du titre. Allez au cinéma vous comprendrez.
Différent de ses pairs dans le concept même de la progression, ce "Monde De Nemo" version petite 32 bits, s'octroie le luxe de bénéficier des mêmes erreurs grossières. THQ devrait faire le tour des autres jeux d'aventure disponibles sur la machine, et entreprendre de comprendre ce que le terme "aventure" sous-tend. Il en ressort un jeu court, d'une facilité déconcertante (je relativise, du fait de la cible visée), gangrené de phases imitation 3D exécrables. Peut être un achat coup de coeur dans la volonté de vivre une quête sous-marine, mais pas à plus de huit euros. Au secours Flipper !