Surfant sur la vague du phénomène le plus crétin qui puisse exister, le backyard wrestling (en gros le catch de jardin), Eidos ose sortir Don't Try This At Home. L'éditeur a au moins la décence de nous avertir de ne pas essayer ça à la maison. Mais au fait, "ça" désigne le catch où le jeu ?
Avec la montée de Jackass ou Dirty Sanchez à la télé et celle des combats idiots au fond des jardins outre-atlantique, il ne faut pas s'étonner aujourd'hui de voir débouler un jeu entièrement dédié à ces pathétiques mises en scène de la douleur. C'est Eidos qui dégaine le premier en s'octroyant directement la licence BYW, celle-là même qui regroupe la plupart des gus masqués amateurs de chaises dans la gueule et de cervicales brisées. Pas besoin de tourner trois heures autour du jeu pour s'apercevoir que celui-ci est aussi vide que la cervelle des personnages qu'il inclus – j'ai tellement peu de respect pour ces abrutis que je ne vais même pas les citer. Ici, tout est basé sur l'attrait de la violence que pourrait susciter ce genre de mascarade. Je vois déjà la liste de mails que je vais recevoir et qui m'accuseront d'avoir descendu le jeu avant même de l'avoir essayé. Oui, c'est vrai que je ne cautionne pas vraiment ce type de spectacle, mais je me suis quand même fait violence pour approfondir le sujet et faire de nombreuses parties pour ainsi donner un jugement le plus juste possible.
Alors voilà, j'ai joué et je peux maintenant le dire, Don't Try This At Home est l'un des plus mauvais jeux de combat que je n'ai jamais vu. Parfaitement nul en termes de possibilité, de prises, de maniabilité et de réalisation, ce titre mise encore une fois tout sur sa surenchère de violence. C'est vrai que c'est violent. C'est vrai qu'il y a du sang et que les coups sont parfois très cruels. Mais est-ce plus amusant pour autant ? La réponse est non. Prenez, par exemple un Def Jam Vendetta qui ne s'embarrasse pas de tous les accessoires stupides pour frapper l'autre (poubelles, chaises, néons, briques...) et qui parvient pourtant à assurer grave au niveau de l'intérêt et du fun. N'est-ce pas là la preuve qu'il n'est pas nécessaire de toujours monter le degré de violence pour s'amuser dans un jeu de combat ?
Je m'aperçois que j'en reviens systématiquement à la violence. Oui, cet aspect me gène. Ca me dérange de voir dans un jeu vidéo des irresponsables continuer à se frapper quand bien même leur visage est déjà recouvert de sang. Ca me gène aussi que des éditeurs se servent de cette violence comme d'un argument commercial pour vendre leur jeu. Ce n'est pas l'interdiction aux moins de 18 ans joliment déposée sur la jaquette ni même le petit avertissement en début de partie ("les cascades qui suivent sont réalisées par des professionnels, veuillez ne pas les réaliser vous-mêmes") qui empêchera les faibles d'esprit de se procurer le jeu et de reproduire ce qu'il voient à l'écran. Enfin... je suppose qu'à mon niveau, je ne peux pas changer grand-chose, il y aura toujours des tarés pour se battre, des tarés pour regarder et des tarés pour en profiter comme ici avec ce jeu.
Je sais, pour le moment mon texte s'apparente plus à un coup de gueule qu'à un vrai test. J'en suis bien conscient. Mais d'un autre côté, le jeu est tellement creux, que je me suis permis de meubler avec ce que je pensais réellement du sujet. Pour le jeu donc, on a droit à une vingtaine de combattants, une petite dizaine de décors destructibles et à seulement trois modes de jeu (histoire, exhibition et deux joueurs). Quel que soit le mode choisi, ça revient de toute façon au même, il faut tabasser son adversaire jusqu'à plus soif. Les coups se trouvent être très limités et un peu tous les mêmes. Un coup on frappe avec les poings, puis avec les pieds. On balance un truc à la tronche de l'adversaire, on le ramasse pour l'envoyer valdinguer ailleurs et on recommence. C'est pénible et vraiment lassant.
La réalisation catastrophique du titre ne relève pas du tout l'intérêt déjà quasi nul de la chose. Graphiquement, le foutage de gueule est évident. Bugs de collision, caméras tremblantes, modélisations pathétiques des combattants, le titre donne l'impression d'avoir été bouclé en une journée. C'est minable, il n'y a pas d'autres mots. Musicalement, c'est déjà mieux puisque ce sont plusieurs groupes qui se disputent la tête d'affiche (Sum 41, Anthrax, Rancid ou encore ces barjots de Insane Clown Posse). On note cela dit une grosse saccade à chaque changement de morceaux (arf !!) ce qui fait assez tache. Ah oui, j'oubliais presque, il y a un éditeur de catcheurs, mais dans le genre léger, on fait difficilement mieux. Les modèles sont définis à l'avance et on ne peut que décider du nom, de la tenue et des prises. Et bein dis donc, si avec tout ça Don't Try This At Home se vend quand même, je ne comprends plus rien moi.
- Graphismes7/20
Que c'est pas bô ! Les personnages bougent comme des pantins, ils donnent l'impression de frapper dans le vent et on ne compte pas les bugs graphiques éparpillés tout au long du titre.
- Jouabilité8/20
La jouabilité s'avère très poussive. Il y a toujours un gros temps de latence entre le moment où on appuie sur la touche et le moment où les personnages frappent. De plus, le catalogue de coups est vite épuisé.
- Durée de vie10/20
Très peu de modes de jeu à découvrir et un intérêt quasi nul lors des combats.
- Bande son13/20
Si vous aimez les guitares et les paroles qui ne peuvent s'empêcher de placer un f**k tous les trois mots, alors vous serez servi. Les voix sont toutes en anglais.
- Scénario/
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Sans revenir sur le fond du jeu, la forme n'est pas vraiment brillante non plus. Dans le genre jeux de combat, on a déjà vu beaucoup mieux, bien mieux réalisé et surtout beaucoup plus fun. Allez, on oublie.