Dans l'ombre de Frodon Sacquet, un vieux hobbit du nom de Bilbo se faufile sur PS2 pour nous rappeler qu'il fut lui-même un vaillant semi-homme et l'un des malheureux possesseurs de l'anneau. Retour sur la jeunesse de Bilbo dans un jeu qui se veut l'adaptation du prélude au Seigneur des Anneaux.
Si l'on veut comprendre les prémices de la quête de Frodon dans le Seigneur des Anneaux, il faut remonter bien avant, à l'époque où l'anneau unique passa de main en main, de Sauron à Isildur qui, vaincu, laissa tomber l'anneau dans les flots de l'Anduin, laissant un certain Déagol en devenir l'éphémère possesseur avant de se le faire voler par son cousin Sméagol. Rongé par son "précieux", Sméagol devient Gollum et se terra dans des cavernes où survint un jour le pauvre Bilbo, égaré dans l'une de ses aventures. C'est là que démarre Bilbo Le Hobbit, l'histoire qui narre le périple de Bilbo Sacquet en compagnie des nains de Thorin pour mettre la main sur un fameux trésor gardé par le dragon Smaug. Face à toutes les aventures qui vont les attendre durant ce périple, la découverte de l'anneau par Bilbo pourrait presque sembler anodine, mais on connaît la suite. L'adaptation du livre par Vivendi était donc attendue au tournant par les fans qui, à juste titre, espéraient y trouver un jeu de qualité et respectueux du roman original. Certes, les efforts sont visibles, mais le résultat n'est pas à la hauteur de ce qu'aurait dû être l'adaptation d'un tel monument de la littérature anglophone.
Comme à son habitude, du moins pour ce qu'on en a vu dans la Communauté de l'Anneau sorti l'an passé, Vivendi nous propose un soft qui ne parvient pas à restituer l'atmosphère qui se dégage du roman, et s'attarde sur des faits sans intérêt et inexistants dans le roman plutôt que de relater les détails d'importance que l'on note au fil de la lecture du livre. Du coup, on se retrouve face à un jeu qui ne convaincra ni les fans du roman, ni les amateurs de plate-forme action qui seront rebutés par les lacunes de gameplay et la réalisation moyenne. Tout commence par l'arrivée des nains de Thorïn dans la maison de Bilbo, narrée de façon très succincte et dépourvue des nombreuses touches d'humour qui caractérisent ce premier chapitre. Hérésie, on se retrouve alors projeté dans une bataille entre elfes et gobelins prétextée par un rêve de Bilbo issu de l'esprit des développeurs. Au réveil de Bilbo, alors que celui-ci est censé courir directement pour rattraper les nains à l'auberge du Dragon Vert, on assiste à une phase de recherche longuette mais en partie facultative, où le hobbit va prendre tout son temps pour retrouver les babioles perdues par les habitants de la Comté et même jouer à cache-cache. Là on comprend que les développeurs ont préféré se permettre de gros écarts scénaristiques et rajouter de nombreuses scènes inédites plutôt que de s'attarder sur d'autres aspects du bouquin. Un choix contestable, surtout que les quêtes inédites sont souvent d'un intérêt frôlant le zéro absolu.
Bref, on s'empresse de quitter la Comté pour juger de l'efficacité des scènes d'action, et là, oh surprise, le gameplay se révèle très très moyen. Les angles de vue sont foireux mais se rattrapent par un contrôle total offert par le stick droit. Le transport d'objets et l'escalade de cordes ou d'échelles se fait avec une lenteur extrême. Quant aux combats, ils déçoivent par leur confusion due à l'absence de lock ou de garde, et des combos qui tardent à venir. En plus de cela, le journal des quêtes est très mal fait dans la mesure où il n'offre pas de vision d'ensemble mais se présente via un menu déroulant sur une toute petite fenêtre rapidement submergée de quêtes annexes. Bilbo aura toutefois à plusieurs reprises l'occasion de pratiquer le grand saut en prenant appui avec son bâton et d'adopter une démarche furtive pour mettre en pratique ses talents de cambrioleur. On trouve d'ailleurs régulièrement des coffres qui ne s'ouvrent qu'en réalisant une manip spéciale visant à les déverrouiller. Une assez bonne idée.
En dehors de cela, on reste peu convaincu par l'originalité des scènes d'action. La plate-forme est classique, les combats trop confus et pas du tout agréables à jouer, et les scènes de furtivité souvent prise-de-tête. Le soft ne s'étend pas assez sur la narration entre les niveaux, et seuls ceux qui connaissent bien le livre sauront distinguer les véritables péripéties des quêtes imaginées par les développeurs. Fort heureusement, on retrouve tout de même les scènes les plus cruciales du scénario original : la rencontre avec les trois trolls, la fuite dans la caverne des gobelins, les énigmes dans le noir avec Gollum et la découverte de l'anneau, la bataille contre les araignées dans la vieille forêt, l'entrée dans la maison de Beorn, la fuite sur les tonneaux dans le château des elfes, l'intrusion dans l'antre du dragon Smaug pour finir avec la fameuse bataille des Cinq Armées (elfes, nains et hommes contre gobelins et loups sauvages). L'essentiel est sauf, mais le résultat est un jeu approximatif que n'achèteront que les collectionneurs des produits dérivés gravitant autour de l'oeuvre de Tolkien. Dommage que le soft ne remplisse pas sa fonction première qui consistait à mettre en valeur la quintessence du livre pour donner envie aux joueurs de se plonger dans la lecture du roman.
- Graphismes13/20
C'est très coloré et le design ne laissera pas indifférent, mais l'ensemble manque de finesse et ne parvient pas à dégager l'atmosphère du roman.
- Jouabilité13/20
Il faut attendre longtemps avant de mettre la main sur de vraies combos de coups. Les scènes d'action sont trop confuses et il faut sans arrêt compenser les mauvais angles de vue par une gestion totale de la caméra via le stick droit.
- Durée de vie14/20
En plus des nombreuses péripéties narrées dans le livre, le jeu rajoute de nombreuses quêtes annexes souvent longuettes et sans grand intérêt. Ce n'est toutefois pas le point faible du jeu.
- Bande son12/20
Des musiques assez anodines et dans un style qui ne colle pas forcément avec la Terre du Milieu. C'est assez subjectif mais la bande-son n'offre vraiment rien de transcendant.
- Scénario13/20
En tant que fan de l'oeuvre de Tolkien, j'attendais beaucoup plus concernant cette adaptation du Hobbit par Vivendi. Il y avait pourtant moyen de respecter davantage l'esprit du roman en prenant la peine de s'attarder sur des détails d'importance plutôt que de proposer des quêtes qui sont souvent en désaccord avec le scénario original.
Finalement, ceux qui devinaient dans Bilbo Le Hobbit un jeu sans grande prétention avaient vu juste. Non seulement le soft souffre de grosses lacunes de gameplay mais en plus il ne restitue pas assez fidèlement l'atmosphère du roman original. A voir uniquement si vous ne voulez pas passer à côté de tout ce qui a trait à l'oeuvre de Tolkien.