Chaos Legion est l'archétype même du jeu de chez Capcom. Des personnages charismatiques, énigmatiques, en un mot magnifiques, une ambiance gothique, un gameplay atypique (je vais battre le record de rimes en "ique", plus qu'une rime, une rime !!!) et une immersion fantastique (ouiiiii, je viens de gagner le Petit Robert version Gold Alpha + dédicacé par maître Capello). Mais si d'un point de vue atmosphère on ne peut rien enlever à Chaos Legion, l'approche de ce titre est en soi une déception. Récit d'un rêve brisé.
Dévoilant progressivement une atmosphère shakespearienne, Chaos Legion pose d'emblée les bases d'une oeuvre poignante, visuellement somptueuse à l'attrait certain pour tout amateur d'ambiance gothique, baroque. Et pourtant la structure de l'histoire est on ne peut plus classique nous narrant la dualité de deux frères ennemis, Victor Delacroix et Sieg Warheit, qui perdirent il y a de cela quelques années leur bien aimée Siela, son âme ayant été capturée par un démon du nom d'Azrail. Quelques mois après cet incident, Victor Delacroix disparut alors qu'un grand avenir lui était promis au sein de l'ordre St. Overia. L'ordre, soucieux de ce que fomentait Victor, dépêcha son meilleur ami, Sieg pour faire la lumière sur cette affaire. Mais dans ces temps de tourmente où le Mal attendait son heure, notre héros aurait besoin de toute l'aide disponible, celle entre autres de mystérieuses légions issues de l'armée du chaos.
C'est donc un scénario sombre, et ambitieux qui est à la base de Chaos Legion. Oui mais voilà, si on pouvait dès lors s'attendre à un jeu scénaristiquement bien construit, on reprochera de prime abord à Capcom de n'avoir créé qu'un énième beat'em all. Ainsi on s'émerveillera devant les cinématiques toutes plus belles les unes que les autres (une constante chez la firme japonaise), mais pour faire "patienter" le joueur entre ces moments, nous n'aurons droit qu'à un jeu incroyablement répétitif et bien trop bourrin. Et pourtant c'est un fan de Capcom et de beat'em all qui vous le dit. Ce qui est encore plus dommage c'est que Chaos Legion compte de très bonnes idées. Par exemple le système de légions est excellent. Ainsi au fil de vos missions, vous acquerrez de nouvelles légions, chacune ayant des caractéristiques propres. Vous pourrez de plus augmenter leur points de vie, de force, bref les chouchouter comme il se doit. Par contre, le premier problème sera le choix de ou des légions (parmi 7 disponibles) pouvant vous accompagner sur le champ de bataille. En effet certaines étant beaucoup plus puissantes pour abattre des ennemis métalliques, d'autres vous protégeant, d'autres encore se montrant très puissantes vis à vis des ennemis volants, etc., il faudra le plus souvent choisir au hasard, parcourir les niveaux et ensuite le recommencer en sachant quels types d'ennemis vous attendent et choisir vos légions en conséquence. De plus ce choix s'avère crucial étant donné que la difficulté du jeu est énorme (omettez le niveau Normal, c'est un conseil !) et que les items de soins ne sont pas légions (désolé, j'étais obligé de la faire).
Le second point négatif de ce titre sera rattaché à sa progression sublimement linéaire et beaucoup trop hachée. En fait le déroulement est toujours le même avec son lot de mini-niveaux à arpenter et des statistiques tombant à la fin de ceux-ci. On dirigera ainsi Sieg dans des décors un peu vides mais baignés d'une ambiance fabuleusement gothique et on se battra contre des hordes de monstres qui disposent d'un design oscillant entre le Mecha et des monstres arachnides ou plus humanoïdes.... Le problème c'est qu'au sein d'un même niveau, on trouvera plusieurs "salles" remplies d'ennemis, ceci nuisant vraiment à l'immersion, le soft étant trop arcade et bien trop redondant. Certes, le jeu est extrêmement plaisant, l'action avec un énorme A ne pourra que vous combler si vous aimez le style mais le souci vient bien du fait que le tout est trop linéaire, sans surprises. Néanmoins, j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer à Chaos Legion mais il faut aussi voir que je suis un grand fan de Devil May Cry et que ce type de jeu m'attire énormément. En dehors de ceci, je suis bien conscient que malgré la customisation des légions, le soft de Capcom pourra dérouter certains dans son dévouement au culte de la redondance.
Ensuite, si on restera ébahi les premières minutes du jeu devant sa stature d'actionner vous en mettant plein les yeux grâce à des dizaines d'ennemis à l'écran, aux effets spéciaux lors des invocations de légions, la suite sera moins joyeuse, et l'émerveillement laissera progressivement sa place à quelques bâillements. C'est d'autant plus vrai que dans un fort pourcentage des cas vous n'aurez qu'à vous jeter dans la mêlée et à appuyer frénétiquement sur un bouton pour faire virevolter votre épée. On peut par contre, contrer une attaque, locker un ennemi, mais hormis face aux boss qui demandent une technique particulière pour en venir à bout, vous martèlerez le plus souvent les boutons de votre manette, quand vous n'invoquerez pas vos légions qui se chargeront de faire le ménage. Ensuite si on peut recentrer facilement la caméra derrière Sieg, on pestera devant un manque d'angles de caméras (en hauteur surtout) pour pouvoir mieux lire l'action.
Chaos Legion avait donc pour lui un tel potentiel qu'on ne peut qu'être déçus par le résultat final. Si le but premier d'un beat'em all est de défouler (ce que Chaos Legion arrivera sans peine à faire), le soft de Capcom aurait dû voir plus grand. Le système de légions est excellent mais bien trop restreint (le fait de choisir ses légions en début de niveau est pénalisable) et le découpage du jeu est mal choisi (le coup des "salles" composant un niveau nuit à l'immersion). D'autant plus dommage que le design du jeu est superbe et que Chaos Legion aurait pu être promu à un grand avenir. Ayant été dans l'impossibilité de prendre des screens du jeu, je me vois malheureusement dans l'obligation de vous resservir les images proposées par l'éditeur.
- Graphismes15/20
Les personnages font preuve d'un travail remarquable tant ils sont classes et charismatiques (merci Dante). Par contre le level-design est moins poussé et si on se retrouve une fois encore dans des décors gothiques, des forêts, des églises, on reprochera tout comme dans Devil May Cry 2, de parcourir le plus souvent des décors un peu vides. Précisons également que le jeu supporte les hautes résolutions comme le 1600x1200.
- Jouabilité15/20
Si les légions apportent un peu de sang neuf, le jeu est malgré tout un rien bourrin, Sieg n'ayant finalement pas beaucoup de possibilités d'attaque à son actif. Néanmoins, vous pourrez customiser vos légions en augmentant leurs caractéristiques et si ces dernières n'apportent pas grand-chose, l'idée est bonne et augmente l'intérêt. Dernier point essentiel, le gamepad est vivement recommandé !!
- Durée de vie12/20
Si le jeu est infaisable en mode Normal, le titre se boucle assez rapidement en Facile du moins si vous ne vous décidez pas à booster vos légions auquel cas il vous faudra au bas mot une bonne cinquantaine d'heures de jeu !! Après, je doute que vous reveniez dessus une fois que vous l'aurez bouclé une première fois.
- Bande son16/20
Un doublage anglais de bonne facture et des thèmes musicaux superbes accompagnent le joueur durant ses pérégrinations. Le travail de Capcom à ce niveau est une fois de plus appréciable.
- Scénario13/20
Alors que les personnages sont charismatiques, magnifiques dans leur androgynie, que les cinématiques sont sublimes et que l'ambiance gothique est fabuleuse, le scénario reste lui d'un classicisme certain.
Il est regrettable de mettre une note bien basse au vu de la bonne volonté des développeurs. On sent en effet que Chaos Legion a bénéficié de beaucoup d'attentions (les superbes cinématiques et le système de légions en témoignent) et que ce beat'em all était promu à un grand avenir. Malheureusement la progression du jeu est trop arcade, trop découpée (via des zones très courtes au sein d'un même niveau), et si les premières minutes du jeu laissaient présager un divertissement de haute volée, la pression retombera bien vite devant un produit certes défoulant mais bien trop redondant.