Fidèle au poste, Tony Hawk honore une nouvelle fois son contrat qui le lie à Activision. Pourtant, ce n'est pas un Tony Hawk's Pro Skater 5 qui nous attend cette fois, mais un mystérieux Tony Hawk's Underground. La série aurait-elle changé au point de justifier un nouveau patronyme ? C'est ce que nous allons voir pas plus tard qu'après ce point.
Quand on parle de jeux de sports "extriiime", un nom revient sans cesse sur le tapis, celui de Tony Hawk. En prêtant son nom à la série la plus populaire du genre, le roi du skate est devenu une figure emblématique du jeu vidéo et on parle même désormais de Tony Hawk-like pour désigner les clones du jeu qui n'ont cessé de fleurir depuis le premier épisode. Sans remettre en cause la qualité des 4 premiers épisodes, tout le monde s'accorde pour dire que la série tournait en rond, un peu comme la carrière musicale des Cranberries (hop, une méchanceté gratuite, juste pour le plaisir d'en dire une). A la base, le truc est sympa, distrayant, fun et tout ce qu'on veut, mais sur la longueur, c'est toujours la même chose. Conscient du problème, Activision a réagi – qui a dit tardivement ? – en revoyant un peu la formule.
Ce nouveau jeu à la gloire de Tony Hawk se distingue des précédents titres principalement par son mode solo. Plus question pour vous d'enfiler le baggy trop propre d'un skater pro, puisque vous allez désormais devoir accompagner un jeune rider totalement inconnu qui n'aspire qu'à une chose : être riche et célèbre grâce au skateboard. Par chance, Chad Muska vient un jour faire une petite démo dans son bled perdu, l'occasion pour lui de se faire remarquer et de, pourquoi pas, mettre un petit orteil dans le milieu. Terminés les niveaux sans rapport entre eux, au revoir les skateparks sortis de nulle part, place aujourd'hui à une vraie histoire, scénarisée donc, qui vous fera gravir un à un les échelons menant à la gloire.
Le jeu se divise alors en une trentaine de chapitres répartis sur dix environnements distincts (urbains pour la plupart). L'histoire suit son cours au fil des défis et des épreuves que vous devrez remporter. À ce niveau, les choses n'ont pas trop bougé. On évolue dans de grands niveaux et on discute avec les locaux pour connaître ses prochains objectifs. Grâce à la scénarisation, on se retrouve avec des défis bien plus cohérents entre eux (coller des tracts pour annoncer l'arrivée d'un pro, promener le chien du voisin, trouver des pièces pour construire un méga tremplin, etc.) et peut-être une implication plus importante. En même temps, les défis sont aussi plus variés, et certains d'entre eux vous mettront carrément au volant de voitures. Bon, ce n'est pas l'extase niveau jouabilité, mais l'idée est sympa.
Au niveau des tricks, on gagne plusieurs mouvements ce qui grossit encore plus le nombre des figures possibles que ce soit en l'air ou au sol. La grosse nouveauté reste bien entendu le caveman, cette figure ô combien compliquée qui vous fait reprendre votre deck sous le bras pour vous balader à pinces. Oui, vous avez bien compris, après des années de déplacements à roulettes, vous pouvez enfin courir comme tout le monde. Bien plus pratique pour trouver de nouveaux spots cachés. Le caveman permet également de lier plusieurs tricks entre eux. La méthode est simple, après n'importe quelle figure, une simple pression sur L1 + R1 permet de s'emparer de sa planche et de courir vers le prochain module. Si on y parvient avant la fin du petit chrono, la combo n'est pas brisée et on peut donc continuer d'engranger ses points comme si de rien n'était ! Autant dire que les high scores sont pulvérisés rapidement avec des combos de plusieurs centaines de milliers de points ! De la pure "folaï" !
Le système d'évolution des statistiques s'est vu un peu remanié. On oublie les icônes à ramasser dans les niveaux. Maintenant, les stats s'adaptent à vos performances. Plus vous ferez de grinds et plus vous serez à l'aise avec cette figure. A vous alors de vous rendre compte de vos points faibles pour les combler de vous-même. D'une certaine manière, on se sent vraiment libre de modeler son perso à ses envies même s'il n'est pas vraiment conseillé de privilégier un type de figure par rapport à un autre. Ca ferait un peu tache d'avoir un champion en flat tricks qui se révélerait être une véritable quiche au coping. Enfin, c'est vous qui voyez... Un autre moyen de personnaliser son personnage consiste à utiliser l'éditeur qui s'active en début de partie. Grâce à lui, vous pouvez choisir votre tenue, mais aussi façonner un visage qui vous correspond (aussi bien pour les filles que pour les garçons). Cerise sur le gâteau, grâce à l'option online de la console, vous pouvez carrément plaquer votre propre visage dans le jeu. Cependant, là où Activision aurait pu faire quelque chose d'assez simple en utilisant l'EyeToy par exemple et en s'inspirant du module Face Factory qui permet de se faire un visage pour les Sims, l'éditeur a opté pour un système plus compliqué puisqu'il faut dans un premier temps envoyer sa photo sur internet puis attendre qu'on nous communique un code avant de pouvoir télécharger la skin adéquate. Lourd, et pas vraiment pratique. Heureusement, la customisation de sa planche est plus intuitive. Il suffit de poser des stickers là où on le souhaite.
Pour terminer avec les éditeurs, on retrouve celui qui permet de créer ses propres parks, mais aussi, et pour la première fois dans un Tony Hawk, un éditeur d'objectifs et un éditeur de tricks. Très facile à utiliser, ce dernier offre la possibilité de créer des figures inédites en un rien de temps. Après les avoir testées et sauvegardées, rien ne nous empêche de les importer dans le mode solo. Bref, Tony Hawk's Underground va jusqu'au bout de ses ambitions pour vous placer directement dans la peau d'un skater qui a encore tout à prouver. En customisant à la fois son personnage, sa planche et ses tricks, on se retrouve vite fait dans les baskets d'un avatar sur mesure. C'est clair, Activision a fait du bon boulot. Pour le reste aussi d'ailleurs puisque techniquement, le jeu est vraiment bien réalisé. L'aspect délavé propre aux graphismes de la série est encore là, la bande-son péchue aussi. Les animations toujours détaillées s'accommodent d'une maniabilité impeccable. Et pour ceux qui se poseraient la question, non, les modes multijoueurs n'ont pas été oubliés. Ils sont toujours là avec même du online pour cette version PS2 ! Enfin, pour les grands fans de Tony Hawk, de Koston, de Burnquist et de tous leurs amis, sachez qu'on retrouve bien tous les skaters pro dans le jeu. Et pas seulement dans le mode histoire, mais aussi dans le mode free skate où on pourra les diriger comme au bon vieux temps. Ouaip, une bien bonne cuvée underground pour Tony Hawk.
- Graphismes16/20
Plus vastes et plus détaillés, les niveaux de Tony Hawk's Underground sont aussi plus riches en modules de toutes sortes. Cette surenchère esthétique provoque malheureusement quelques saccades dont on se serait bien passés. La gestuelle des skaters est quant à elle inattaquable.
- Jouabilité17/20
La série qui a tout inventé dans le domaine innove cette année en proposant bien sûr de nouveaux tricks mais également la possibilité de se déplacer à pieds. On se sent alors plus libre et le gameplay y gagne beaucoup. Les séquences en bagnoles sont un peu moins convaincantes.
- Durée de vie17/20
Des modes de jeu encore très nombreux. On apprécie surtout le mode histoire long et intéressant.
- Bande son16/20
Je doute que les dialogues soient traduits pour la sortie française (sur notre version, ils ne l'étaient pas) contrairement aux textes qui sont localisés. Musicalement, on ne touche à rien. Plusieurs groupes de rock, de punk et de hip-hop se partagent les crédits (Nas, Jane's Addiction, Sublime... et bien d'autres).
- Scénario/
Une histoire oui, mais pas de gros rebondissements non plus.
Chaque année, Tony Hawk revient comme pour réaffirmer sa position de leader sur le secteur. Underground marque un tournant dans la série sans pour autant lui faire perdre son niveau de qualité. Au contraire !