Le poisson, mis à part sa relative béatitude niaise, n'en demeure pas moins source d'inspiration pour nombre de grandes oeuvres, comme par exemple : " La Truite" de Schubert. Il prend alors toute sa dimension artistique, longtemps niée du fait de sa prétendue inintelligence flagrante. Ce n'est pas pour rien que Disney en a fait le héros d'un de ses longs-métrages d'animation. De là à en faire un jeu vidéo ....
"Papa réveille toi!". C'est par cette phrase sans prétention que le soft débute. En effet, s'il y a une chose que l'on ne peut lui reprocher c'est d'être fidèle à la trame générale du film. Par le biais d'extraits filmiques, Nemo, poisson clown de son état, nous est présenté, folâtrant parmi les anémones de mer et autres mollusques divers. De bonne qualité, ces courts passages témoignant de la maîtrise avérée de Pixar dans le domaine de l'image de synthèse, nous plongent (ce n'est pas drôle, je sais) au sein d'un milieu marin rempli (et ça continu) de périls et de squales aux dents longues. Cependant , n'y a-t-il que ces derniers qui possèdent des crocs surdimensionnés ?
Sincèrement, ce titre laisse une impression générale proche de la sensation certainement désagréable, d'une morsure dans le dos juteux d'une rascasse. Mais, en vue d'un procès équitable, il est de bon ton d'exposer, non les griefs, mais les points intéressants dudit "Le Monde De Nemo". Tout d'abord, il faut avouer que le jeu, d'un point de vue purement graphique, tient en ses mains fébriles des atouts non négligeables. Les différents environnements marins regorgent de détails et de petites animations qui égayent ce petit écosystème au demeurant agréable. Les divers protagonistes sont relativement bien modélisés et conservent une mobilité faciale importante, permettant de bien faire passer les sentiments les plus nombreux. L'animation quant à elle pose quelques problèmes. Nemo frétille sous la houle subissant des saccades stressantes, faisant passer les courants marins pour une autoroute bondée, où l'on joue du levier de vitesse. Les couleurs chatoyantes, à la limite du criard dans cette version, indispensables du fait de la présence de corail, participent activement à une ambiance enfantine et ludiquement joyeuse.
Ce même constat peut s'appliquer à une gestion de la lumière finement orchestrée. Les fonds sablonneux jouissent de variations de luminosité typiquement aquatiques, qui, couplée à un effet de flou, permettant de conserver une fluidité apparente de l'eau, font quasiment regretter de ne pas être le célèbre Jojo le mérou. Une brise marine et l'illusion serait totale. Enfin, la composition musicale, sans être transcendantale, apaise et s'applique intelligemment à toutes les situations. Mais, une ombre rôde, serait-ce un requin blanc ? Non c'est autrement plus féroce ! La platitude, le néant, la négation de l'intérêt, voilà le réel danger, et ce que propose Némo. Ce dernier est un poisson-clown, comme dit précédemment, mais on peut avec justesse se demander si le soft n'est pas un jeu-clown également. Pris au second degré, avec cet humour absurde typiquement anglais, il y a de quoi ériger un nouveau monument du rire international. Mais il n'en est rien. Au travers de niveaux dotés d'un level-design assez commun dans l'ensemble, vous effectuerez continuellement la même tâche, à savoir passer dans des anneaux de bulles, ramasser des coquillages, et faire la course avec d'autres habitants des mers. Au bout de huit trajets, je vous assure que ça devient lassant. Si quelquefois d'autres types de gameplay font leur apparition, ce n'est que de la poudre aux yeux, et dans le milieu aquatique ce n'est pas la bonne solution. Joint à cet ennui, une jouabilité peu précise découlant (excusez-moi) d'une inertie mal équilibrée, donne l'impression de diriger un poisson ivre qui aurait ingéré malgré lui de l'hélium. Et ce ne sont pas les mini-jeux qui relanceront un attrait ayant déjà fait ses adieux à ses proches. Au final, Le Monde De Nemo, appartient au Monde Du Profit. Adaptation d'un long-métrage bâclée, clairement ciblée sur les enfants de moins de dix ans, ayant été voir le film avec leurs parents, ce soft s'empêtre dans des algues trop étouffantes pour lui. Jouer un poisson est original, jouer le pigeon l'est déjà moins !
- Graphismes14/20
L'ensemble est coloré et les protagonistes à nageoires sérieusement modélisés. Une attention particulière a été portée sur les jeux de lumière sous-marins qui paraissent plus vrais que nature. Il est toutefois bon de noter des ralentissements incompréhensibles.
- Jouabilité9/20
Mener à bien une quête se révèle problématique du fait de l'étrange inertie du ou des poissons que vous prenez en main. A revoir.
- Durée de vie9/20
Un titre très court, d'autant plus si l'on lui ampute les très nombreuses scènes cinématiques extraites du film. Les mini-jeux n'y pourront rien.
- Bande son12/20
Une musicalité de l'ensemble agréable, mais on constate une très faible quantité de bruitages. A noter des voix françaises de bonne qualité.
- Scénario7/20
Le même que celui du long-métrage. Des répliques très drôles, mais une trame de faible qualité. Une halte de plus à l'immersion.
Un titre tel que celui-ci, exempt de toute pratique marketing douteuse, sans une mention "revivez le film" sur sa jaquette aurait sûrement obtenu la moyenne. Les enfants, est-il besoin de le répéter, ne sont pas des cartes de crédits sur pattes, et bâcler des softs leur étant adressés est honteux. Il en résulte comme d'habitude un jeu lacunaire, inintéressant et peu jouable. N'achetez pas ce varech indigeste. Le film paraît au cinéma dans peu de temps et en DVD relativement rapidement, et il est sincèrement d'une toute autre qualité. Pour un prix deux fois moindre qui plus est. Dans le monde de la mer, les Snorkies, dépités, s'en sont allés.