Original dans son esthétique, un peu moins dans son gameplay, XIII, le FPS cel shadé d'Ubi Soft, fait partie de ces gros titres que l'on attendait de pied ferme et que l'on a eu raison d'attendre. Voici pourquoi.
XIII est bien évidemment l'adaptation de la bande dessinée écrite par Van Hamme et crayonnée par Vance. Son héros, totalement amnésique, se retrouve au centre d'une conspiration impliquant l'assassinat du président des Etats-Unis. Au fil des tomes de la BD, on suit cet homme en quête d'identité, et on découvre en même temps que lui les quelques bribes de son passé qui lui reviennent. Le jeu reprend la trame des cinq premiers volumes de la série qui en compte à ce jour quinze. Pour info, Ubi Soft travaillerait déjà sur une suite, mais nous n'en sommes pas encore là et ce n'est de toute façon pas vraiment ce qui nous intéresse aujourd'hui. Sous la forme d'un FPS (pour First Person Shooter, ou en français jeu de tir à la première personne), le jeu nous fait suivre l'errance de XIII, alors qu'il retrouve peu à peu la mémoire. On retrouvera les personnages principaux de l'intrigue (Jones, le général Carrington, le colonel Amos, La Mangouste, Walter Sheridan...) mais on constatera aussi quelques petites libertés prises par rapport au scénario original afin de dépoussiérer un peu l'intrigue qui date quand même du milieu des années 80. L'exemple le plus flagrant est le couple de retraités censé trouver XIII au début de l'histoire qui doit ici céder sa place à une maître-nageuse blonde au maillot rouge rappelant celui d'une célèbre série télé.
Le jeu se déroule comme un FPS assez classique. Les objectifs sont donnés en début de niveau, à vous de les remplir. Si on peut regretter le peu de liberté offerte par le titre - c'est effectivement très linéaire - on apprécie quand même les scripts qui savent intervenir judicieusement pour relancer l'action. Le rythme est assez soutenu, surtout en mode difficile. Il se passe toujours quelque chose à l'écran, il y a toujours quelque chose à faire. Certaines missions misent avant tout sur l'action, d'autres sur la discrétion. Parfois, il faut descendre les snipers postés sur les toits, d'autres fois, il faut foncer dans le tas et dégommer le groupe d'ennemis qui nous attend de pied ferme dans un couloir. Plus loin, c'est un niveau plus calme, mais tout aussi prenant qui nous invite à désactiver des générateurs sans que l'alarme soit donnée. Les niveaux alternent donc entre des gameplays différents donnant à l'aventure un rythme tantôt soutenu, tantôt plus calme.
Avec la présence de quelques armes assez peu utilisées dans ce genre de jeu (dont une arbalète à lunette très pratique), l'arsenal est plutôt complet. Il inclut bien sûr des armes blanches, des armes de poing, des mitraillettes, des shotguns et un fusil sniper. La plupart des armes possèdent deux utilisations distinctes. Les couteaux pourront être utilisés pour poignarder directement ses victimes ou comme arme de jet pour les avoir de loin. Avec le fusil à pompe, XIII peut d'un côté trouer le bide des ennemis, mais il peut aussi utiliser la crosse pour les assommer. Sur son parcours, XIII utilise également divers objets pour se défendre (bouteilles, chaises...) ainsi que quelques gadgets tels qu'un grappin ou un crocheteur de serrure pour se faciliter la vie. Côté protection, en plus des gilets pare-balles ou des casques qu'il volera aux ennemis, le joueur peut prendre des otages et les tenir devant lui pour en faire des boucliers humains avant de leur briser la nuque lorsqu'il veut se débarrasser d'eux. Dans le même ordre d'idées, XIII peut aussi déplacer les corps afin de ne pas laisser de traces de son passage.
Les ennemis sont effectivement capables de repérer la présence d'un intrus s'ils découvrent un cadavre sur leur chemin. L'IA, sans être diaboliquement redoutable, est suffisamment bien gérée pour donner du fil à retordre aussi bien aux joueurs confirmés qu'aux débutants voulant s'essayer au FPS, le tout est de choisir le mode de difficulté adapté à son niveau. La véracité de l'IA peut d'ailleurs être vérifiée grâce aux modes multijoueurs capables de gérer des bots. Seuls (avec jusqu'à 6 bots) ou à 4 joueurs (avec jusqu'à 2 bots), on remarque que le comportement des personnages dirigés par le console est tout à fait crédible. Ils se cachent, utilisent des grenades pour vous faire sortir de votre abri, se regroupent, vous encerclent, etc. Puisqu'on y est, les modes de jeu à plusieurs sont vraiment sympa à découvrir. Via écran splitté, on s'affronte sur du deathmatch, du team deathmatch, du capturer le drapeau ou sur un mode appelé la faucheuse, exclusif à cette version GameCube.
Je me suis gardé le meilleur pour la fin, la réalisation. N'y allons pas par quatre chemins, XIII est une réussite visuelle à tous niveaux. L'utilisation du cel-shading pour un FPS est encore à ce jour totalement inédite. Mais bien plus que l'originalité de l'esthétique, c'est l'ambiance qui se dégage du jeu qui en fait tout le charme. La mise en scène de l'action, les cases de BD qui apparaissent en surimpression pour souligner un événement important, les flashbacks interactifs en noir et blanc, les onomatopées qui signalent les bruits de pas (Tap tap tap), d'explosions (Baboum !!) ou encore les cris des gardes qui tombent sous les balles (Aargh !). Le doublage n'est pas en reste et nous permet d'entendre un jeu d'acteur très convaincant et en français. Le casting est bien choisi, les dialogues bien écrits (parfois un peu grossiers, mais c'est l'univers qui veut ça) et avec les bruitages très BD et les excellentes musiques qui s'adaptent aux situations, on obtient une bande-son vraiment immersive.
Je me vois déjà obligé de conclure et je me rends compte que je n'ai même pas parlé des compétences que le héros gagne au fil des missions ! Allez, puisque c'est vous, je m'attarde sur la plus utile d'entre elle, le sixième sens. Grâce à cette faculté, XIII peut repérer ses ennemis en se basant uniquement aux sons qu'ils font. Pour cela, il faut laisser le personnage tranquille quelques secondes afin qu'il puisse se concentrer. Le joueur verra alors à l'écran apparaître le bruit de pas des ennemis qui se trouvent dans les pièces voisines. Cette fonction remplace aisément le radar que l'on peut trouver dans bon nombre d'autres titres. Au final, XIII remplit parfaitement son contrat. Plusieurs fois repoussé, on se dit aujourd'hui que l'attente valait largement le coup. Des FPS comme ça, on en voudrait plus souvent. Surtout sur consoles où le genre n'est pas toujours bien exploité.
- Graphismes17/20
Le cel-shading est maîtrisé et donne toute l'ambiance au titre. Même si le style graphique se détache clairement de celui de la série originale, on a toujours cette agréable impression de se plonger au coeur d'une BD interactive. La mise en scène y est aussi pour beaucoup.
- Jouabilité18/20
Aucun souci à ce niveau. On prend rapidement le jeu en main. Les contrôles sont simples et il existe plusieurs configurations manette (notamment pour la visée inversée ou pas...). Même les joueurs peu habitués à ce style de jeu, trouveront leurs marques en moins de deux.
- Durée de vie17/20
Avec un mode solo aussi long que passionnant et des modes multijoueurs en écran splitté, XIII ne devrait pas quitter votre console de sitôt.
- Bande son17/20
Le doublage français est de grande qualité. On apprécie aussi les dialogues qui ne font pas toujours dans la dentelle et les musiques qui savent s'adapter au rythme de l'action.
- Scénario17/20
L'intrigue alambiquée écrite par Van Hamme est plutôt bien adaptée. On aurait apprécié un peu plus d'explications pour guider le joueur pas vraiment familier de la BD.
L'intrigue est superbement mise en scène et l'esthétique donne toujours envie d'en voir plus. Vous n'allez peut-être pas me croire mais je n'avais pas autant trippé sur un FPS consoles depuis l'antique Goldeneye !