Certains softs sont problématiques. Alors que dans une simulation de conduite ou encore un RPG, vous n'avez besoin que de temps et de concentration appliquée, dans le type de jeu qui nous intéresse une autre dimension rentre en compte : un ailleurs lointain, tapi dans l'ombre de rivalités séculaires, une demeure où peu de gens osent pénétrer, un temple imprenable, l'amitié.
Nintendo l'avait compris avant tout le monde, comme à son habitude, et s'est très tôt positionné sur ce créneau, source de revenus notables. Narguant ses concurrents du haut de sa forteresse monétaire, il s'est vu sapé au pied par la véhémence légendaire de Sony. Cependant, seigneur N s'apprête-t-il à rendre les armes ? Un nouvel affrontement semble inéluctable. Qui de Mario Party ou de My Street sortira de ce combat le fanion au poing ? Le livre se referme et l'aventure commence.
Contrairement à son homologue dirigé par un plombier moustachu, My Street propose, dès le menu principal, la création de son personnage. Les choix se portent essentiellement sur le visage, la coiffe, le haut du corps, le bas du corps et les chaussures. Cependant, le nombre de possibilités demeure très respectable. Suivant votre caractère profond, vous pouvez soit vous fabriquer une sorte de réplique miniature de Hulk arborant fièrement un bonnet en laine et des pantoufles en forme de lapin (du moins j'espère que ce ne sont pas de vrais lapins), ou alors un ninja accompagné de son fidèle katana disposant d'une classe quasiment squaresoftienne (néologisme).Une fois votre avatar né des méandres de votre imagination, deux choix vous sont proposés, et non des moindres.
Tout d'abord, on note un autre point de différence vis-à-vis de la série des Mario Party : la présence d'un mode histoire relativement bien construit (là, réside la différence). En effet, nouvellement arrivé dans votre quartier, vous devrez nouer des relations avec les autres enfants résidant en ces lieux afin d'imposer votre différence et surtout votre loi. Qui aurait émis la folle espérance de voir contenu en un si petit DVD le sens de la vie ? Chaque compagnon rencontré vous lance un défi, qu'il vous faudra bien entendu remporter sous peine d'être la risée de votre rue. Au fur et à mesure des épreuves vaillamment arrachées, le niveau de difficulté augmente, vous mettant douloureusement aux prises avec la défaite. Il n'en est que plus jouissif de faire montre de ses talents afin de prendre place sur le trône vaquant du caïd. Mis à part cela, tous les futurs délinquants ne sont pas disponibles dès le début de la partie. Il vous faudra, pour les obtenir, vous soumettre à certaines demandes émanant de ces derniers afin d'avoir l'insigne honneur de leur faire mordre la poussière. C'est sympathique, mais dans le fond très limité et ennuyeux. Heureusement, il reste le mode multijoueur ....... en théorie.
C'est tout ! Voici l'interjection que tout joueur avide de challenges diversifiés va hurler à la vue du nombre de choix dont il dispose pour satisfaire sa soif de pugilat en règle. Vous ne découvrirez qu'une petite dizaine de jeux et encore ... Certains se ressemblent étrangement par ailleurs, comme la course de tondeuses et le rallye de voitures téléguidées par exemple. Même au niveau des tracés des circuits, la différence paraît bien trouble. Ils sont inintéressants pour la plupart et fort classiques dans leur gameplay et leur déroulement. Ce n'est pas à l'aide de ceux-ci que vous vous amuserez follement. Ce qui est dommage c'est que justement il n'y a que ça ! Un soft multijoueur décevant en solo, ce n'est pas nouveau, mais en multi, c'est déjà plus rare. Au moins, celui-ci a-t-il le bon goût d'innover. De plus, les explications d'avant challenge ne sont pas claires, et, qui plus est, ne daignent apparaître à l'écran que durant trois malheureuses secondes. Vous êtes donc obligés d'y revenir en pleine action : laborieux.
Pour finir, affublé de graphismes décevants (aliasing), et d'une liberté d'action plus que relative en mode histoire, My Street aurait peut-être besoin d'un plan de Son Intérêt pour s'y retrouver. A sa décharge, un système d'insultes amusant et le doublage français de bonne qualité peuvent rehausser un tant soit peu l'implication du joueur au sein de cet univers frais et coloré. Clairement ciblée pour les jeunes enfants, cette production sombre encore dans les travers de la formule mathématique : enfant = parents = argent + enfant = jeune = pas regardant sur la qualité = jeu non sérieusement travaillé. Monsieur Marketing a concocté une belle loi, qui mérite de ne pas être suivie.
- Graphismes12/20
Sans être d'une qualité mirifique, l'ensemble demeure coloré et il est agréable de se promener dans ce petit quartier boisé. Faites tout de même attention au vilain aliasing caché dans les buissons
- Jouabilité13/20
Les commandes sont simples et diriger votre héros ne vous posera pas de problèmes majeurs. Par contre, lors des mini-jeux, ces dernières, bien que peu complexes, se révèlent mal choisies.
- Durée de vie9/20
Un mode solo rapidement lassant et soporifique doublé de challenges peu originaux et faiblement divertissants en multi.
- Bande son11/20
Des voix françaises réussies, mais une musique relativement redondante et de faible qualité.
- Scénario/
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Bénéficiant d'une bonne dose d'originalité concernant le mode histoire, My Street défaille au niveau du principe même et d'un intérêt jamais renouvelé, car absent. Amusant à la rigueur, concernant un ou deux mini-jeux, le soft n'atteint pas le rythme et la convivialité d'affrontements sans pitié, déchirant sa chemise et sautant les deux pieds en avant sur ses compagnons, d'un Mario Party. Si l'on vous laisse le choix des armes sur PS2, optez plutôt pour Crash Bash. Ou même encore faites vous-même des courses de tondeuses. Mais, je ne serai en aucun cas responsable de la suite des évènements.