Tout commence par une introduction vidéo faite d'extraits des Deux Tours et qui va nous mener jusqu'à la bataille du Gouffre de Helm. Précisément au moment de l'arrivée de Gandalf au secours des troupes humaines en perdition. Quand tout à coup, paf, fondu enchaîné, vous êtes Gandalf perdu au milieu de ce vacarme assourdissant et de cette frénésie guerrière. Autour de vous, des orcs par dizaines, des humains et des elfes en plein combat et personne pour s'émouvoir de votre sort. La guerre est vraiment chose horrible pour qu'on ne me prête même pas attention. Cris, morts, hurlements. On ne perd pas de temps avant de se mettre à écharper à tout va. On avance, on monte à une échelle, on redescend pour utiliser les catapultes des orcs. Pfiou, voilà ce qu'on appelle une entrée en matière bien velue.

C'est ce genre de programme qui vous attend tout au long du jeu. Des niveaux bourrés d'actions, pourvus d'une mise en scène à faire tomber les arbres et s'inspirant toujours des films de Jackson. Autant vous le dire, si vous n'avez pas lu les livres de Tolkien et que vous n'avez pas envie de vous faire griller la suite des aventures du porteur de l'Anneau, je vous déconseille de jouer avant la sortie du film. Car ce dernier est fidèle à l'histoire. Passé le premier niveau d'introduction, vous aurez en effet à choisir entre 3 chemins qui correspondent aux 3 voies suivies par les héros. Gandalf et sa mise à sac de la Tour D'Ortanc, Aragorn, Gimli et Legolas sur le Chemin des Morts et Frodon, Sam et Gollum/Sméagol, toujours en route pour la destruction de l'Anneau et leur rencontre avec Arachne. De nombreuses vidéos ponctuent la progression, et certaines sont directement tirées du prochain film. Leur intégration est telle, qu'on est facilement immergé dans l'action. Vous l'aurez donc compris, on pourra choisir à sa guise d'arpenter telle ou telle voie, libres de passer de l'une à l'autre à tout moment.

Libres, on le sera aussi dans le choix des personnages puisque tous les héros sont présents, ceux cités plus haut mais également Pipin, Merry et Faramir qui devront être débloquées. Toutefois cette variété de personnages ne signifie pas nécessairement variété de gameplay. Côté vitesse et aptitudes au tir par exemple, les différences sont plutôt maigres. On peut ceci dit considèrer qu'il est préférable de fuir les combats trop intenses avec les Hobbits, pendant qu'un Aragorn pourra se jeter dans la mêlée un peu plus facilement. Là où le titre puise sa richesse, c'est bien dans son système de combat et de combos qui passent par une série d'upgrades.

Les bases du système de combat sont à la fois simples mais suffisantes pour poser un gameplay construit, en dépit de la dominance de la violence aveugle. Un attaque rapide, une attaque forte, une fonction pour parer, la possibilité de mettre à mort un adversaire tombé et pour finir une attaque à distance avec arme de lancer. L'air de rien, juste avec ça on parvient à trouver un gameplay pas si bourrin qu'il n'y paraît. L'attaque puissante par exemple servira à débarrasser certains ennemis de leur bouclier, sans quoi vous ne pourrez rien contre eux. L'arme de jet en revanche, sera inutile contre un ennemi trop bien protégé. Bon, ça a l'air idiot mais ce ne sont que des exemples. Dans la pratique, savoir identifier les divers types d'ennemis et connaître la marche à suivre pour les occire sera primordial. De même que d'être capable d'attribuer un ordre de priorité au massacre en repérant rapidement le danger principal.

Mais si on devait se contenter de ces quelques coups, on finirait vite par tourner en rond. Pour cela, on retrouve le système de compétence du premier jeu (oui celui qui n'est jamais sorti sur PC). En fonction de votre férocité au combat et du nombre de coups assénés à la chaîne, vous serez plus ou moins payés en points. Points que l'on convertit en nouvelles attaques spéciales ou en sortilège de soins. Nouveauté pour ce cru, les améliorations communautaires. Certaines compétences peuvent en effet être débloquées pour tous les personnages jouables. Au final, on obtient un gameplay assez riche et stimulant. L'acquisition de nouvelles compétences nous pousse à nous appliquer dans les combats pour réaliser un maximum de perfects, histoire d'amasser autant d'expérience que possible. A cela s'ajoute une autre nouveauté : la possibilité d'interagir avec l'environnement. Utilisation d'armes fixes, lancer de rochers ou de chaudrons d'huile bouillante à Minas Tirith, ou encore usage de lances qui traînent alentour. De quoi pimenter un peu les choses. Mais là ou le jeu frappe fort comme un troll des cavernes, c'est au niveau de son level design et de sa scénarisation.

L'ambiance qui règne dans le jeu est tout ce qu'il y a de plus épique. Scripté en diable, les niveaux sont secoués de violentes explosions ou d'éboulements, et surtout infestés d'une horde d'ennemis qui vous assaillent par vagues immenses. Tout est là pour qu'on ait le sentiment d'être paumé au beau milieu d'une bataille perdue d'avance. Et ça marche du tonnerre. Le Retour Du Roi est un peu au beat'em all ce que Call Of Duty est au FPS. Ce n'est pas tant le gameplay qui nous fait accrocher que la mise en scène bluffante. Ce qui implique aussi bien les qualités que les défauts, telle que la durée de vie réduite et une rejouabilité douteuse dans la mesure où les scripts, c'est efficace une fois, la deuxième, nettement moins.

On va continuer avec les petits reproches tant que j'y suis. Principalement un soucis au niveau de la lisibilité de l'action. Les caméras fixes ont effectivement été placées plus en pensant au spectacle qu'à l'action. Les angles cinématographiques sont réussis, malheureusement on se retrouve assez souvent à jouer en aveugle, sans voir son personnage. Pour compenser, les développeurs ont pensé à rendre les autres personnages transparents, mais c'est loin de suffire en général. Dans la série des détails, on ne félicitera pas EA pour son appréhension du jeu PC. A peine installé le jeu se lance, vous impose la vision de l'introduction et vous jette dans la bataille. Le tout sans vous avoir laissé configurer les touches et encore moins les graphismes. Donc dès la première seconde de jeu, on est bon pour faire un tour dans les menus. D'ailleurs, d'étrange plantages se sont produits lors du test (freeze, reboot, retour bureau). Etranges parce que testé sur une autre machine similaire, aucun problème n'est apparu. Dernier point, on n'oubliera pas de citer la présence du mode coopératif sympathique, histoire de faire un massacre entre potes. Voilà, en définitive, ce Retour Du Roi mérite bien sa place dans la ludothèque PC qui manque de jeux du genre. Relativement stimulant dans son gameplay et surtout percutant dans sa mise en scène.