Si je vous parle de petites bestioles rampantes, de moutons explosifs, de "stupid", "reveeennnge", et autre injonctions lancées par des personnages gavés à l'hélium, cela vous dira certainement quelque chose. "Mais oui, Worms pardi" vous écrirez-vous (abstraction faite du pardi peut-être) et vous aurez raison. Si on retrouve donc le principe des anciens épisodes, le tout est de savoir si le passage à la 3D apporte vraiment quelque chose à la saga.
Et bien voilà, il aura fallu quelques années pour cela mais finalement la saga aura succombé au charme de la 3D. Car oui, mine de rien, depuis presque 9 ans, Worms, qui a été adapté sur un nombre incalculable de supports (Atari, Amiga, PC, Mac, Dreamcast, PS2, GameCube...), se complaisait dans un scrolling horizontal qui nous permettait de nous abreuver de jolis graphismes, très mignons et on ne peut plus colorés. 2003 est donc l'année du changement pour nos petits vers bagarreurs, en cela qu'ils prennent du volume, leurs affrontements prenant ainsi une toute autre ampleur.
Mais qui dit évolution esthétique ne dit pas forcément évolution du principe de jeu. Ne voyez rien de péjoratif dans ce constat, mais force est de constater que le jeu en lui-même n'a pas vraiment bougé depuis le tout premier épisode. Vous allez toujours devoir vous blaster à tout-va entre vers de bonne compagnie. C'est donc deux équipes de 4 lombrics qui seront parachutées dans une zone relativement petite mais à l'architecture complexe avec moult dénivelés, montagnes, crevasses, tranchées, bâtiments... Le but du jeu sera simplement, au moins dans le mode Campagne, de venir à bout des vers de l'équipe adverse en les vidant de leur fluide énergique communément appelé énergie (c'est si vulgaire tout ce jargon technique !!). Pour cela vous disposerez d'une tripotée de moyens et d'armes allant du conventionnel au surréaliste. En gros, du fusil à pompe ou bazooka au mouton explosif. Chaque ver jouera à tour de rôle et la partie se terminera quand tous les asticots de l'équipe adverse seront tombés dans l'eau ou auront perdu tous leurs points de vie.
En plus du mode Campagne, vous retrouverez l'inévitable mode Entraînement, bien fait et aidé par l'indispensable Wormapedia qui vous dira tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Worms sans jamais oser le demander. La partie Rapide sera, elle, idéale pour s'amuser sur une seule manche sans rien avoir à paramétrer. Enfin, le mode multijoueur, dans lequel vous pourrez vous amuser entre potes, sera aussi de la partie. Un éditeur de niveaux est également disponible en passant par le multijoueur. Par contre, vous ne pourrez pas concevoir votre décor de A à Z. Vous devrez juste choisir votre terrain de jeu et influer sur le pourcentage d'objets ou de ponts présents, modifier la surface du stage... L'idée, si elle n'est pas très développée, apporte tout de même un gros plus par le simple fait de donner au joueur un nombre infini de maps. Et comme vous pourrez à loisir choisir vos armes, changer les voix des vers, modifier les règles de jeu, inutile de dire que ce mode va vous retenir très longtemps. Enfin pour finir, des petits jeux seront à débloquer au fil de votre progression et vous y accéderez par la suite à votre grès.
Comme dans tout bon épisode de Worms, l'humour est omniprésent et ce pour le plaisir des petits et des grands. Il est encore génial aujourd'hui d'entendre les cris, mignons comme tout, des petits asticots ou de pester en les entendant se moquer de votre façon de jouer, quand vous loupez un saut, ou ratez complètement un tir de missiles. Oui, en plus du principe de jeu, Worms 3D a su préserver l'ambiance décalée et particulièrement acide de la série. Il est sûr que cet aspect ne plaira pas à tout le monde, je pense notamment à la parodie du Jour-J, mais dans l'absolu il est difficile de résister aux délires des programmeurs.
Mais au fait, que vaut le design d'ensemble ? Et bien comme je le disais, c'est très réussi, les décors perdant en naiveté ce qu'ils gagnent en technicité. Il y aura toujours des joueurs pour regretter le charme d'antan des précédentes versions (j'en fais partie, je l'avoue) mais disons que Team 17 a fait du bon boulot. On déplore quand même des bugs d'affichage (comme des objets ou des vers encastrés dans le décor) et si les niveaux sont réussis d'un point de vue design, qu'ils se révèlent très variés, la qualité de la 3D n'est pas des plus bouleversantes. En somme, les graphismes sont à égale distance du "bon" et du "moyen", et finalement si cet aspect devait être le fer de lance de la saga pour reprendre du poil de la bête, nous n'atteignons pas les sommets escomptés et resterons finalement sur une impression en demi-teinte. Par contre la bande-son est aussi amusante que celle des autres opus. Les voix des vers sont hilarantes, leurs répliques également, et à ce niveau un manque de musiques se fera juste un peu sentir.
D'ailleurs à cette 3D, nous ne manquerons pas d'associer un manque crucial d'angles de caméra. Il faudra maintenant appuyer sur un bouton pour visualiser l'ensemble de la carte et par la même occasion vos ennemis. Même si la vue en hauteur vous permet de distinguer les vers ennemis, ce n'est pas des plus pratiques car une fois revenu en vue à la troisième personne de nombreux éléments du décor gêneront parfois pour tirer. Ok, on me rétorquera qu'on peut bouger la caméra et que cela ajoute du piment au challenge mais on ne m'enlèvera pas de l'esprit que ce point aurait pu être amélioré (peut-être pour un éventuel Worms 3D : The Revenge). Pour le reste vous devrez faire attention à la trajectoire du vent et tenir compte que tous les éléments du décor sont destructibles. Utile pour élaborer une stratégie visant à sa rapprocher de l'ennemi le plus rapidement possible. De plus il sera possible de passer à la vue à la première personne pour tirer de façon plus précise, mais attention à ne pas traîner car votre temps d'action sera limité. Le puristes pourront aussi se demander où sont passés les marteaux piqueurs et autres outils pour creuser la roche ? Et bien ils ont tout simplement disparus, ceci afin d'éviter la stratégie du pauvre qui consistait à se creuser une galerie et à se planquer dedans jusqu'à ce que l'ennemi arrive à votre portée. Remarquez, pour avoir connu ça (petit clin d'oeil à l'ami Olivier !) je ne me plaindrais pas.
Alors que Worms 3D a su garder tout ce qui faisait son charme, l'esthétique 3D et un gameplay associé ne plaira pas à tout le monde. Quelques bugs d'affichage, des petits soucis de caméra, un déplacement un peu lent des vers, voilà autant de choses qui pourront rebuter quelques joueurs. Reste un soft toujours aussi drôle, agréable à plusieurs et bien fendard à parcourir. En somme cette nouvelle cuvée de Worms se déguste avec délectation même si on trouvera un peu de lie dans le fond du verre.
- Graphismes14/20
C'est soigné, c'est hypeeeer mignon, les décors sont variés et parodient même des événements historiques mais la 3D ne casse pas des briques.
- Jouabilité14/20
La 3D amène bien sûr une différence de gameplay en regard de ce qui se faisait sur les précédents épisodes. Si certains sauts deviennent automatiques, que les armes sont toujours facilement accessibles, on reprochera à l'ensemble du jeu de ne pas bénéficier d'une assez bonne visibilité, pour distinguer les ennemis ou leur tirer dessus.
- Durée de vie16/20
Le mode Solo est beaucoup plus accessible que ceux des anciennes versions et le multijoueur apporte une durée de vie proche de l'infini.
- Bande son14/20
Peu de musiques mais les bruitages sont de bonne facture et les voix des vers irrésistibles au possible.
- Scénario/
Le passage à la 3D ne dénature pas complètement l'oeuvre d'origine mais quelques soucis de gameplay relatifs à cette évolution pourront décourager certains joueurs. L'un dans l'autre, Worms 3D n'innove pas le concept, profite d'une réalisation honorable mais garde heureusement le fun et l'humour de la série. Pari à demi réussi.