Dans l'histoire courte mais intense des jeux vidéos, les jeux de baston ont toujours détenu une place de choix. De nombreux titres se sont illustrés au sein de cette catégorie, pour diverses raisons,telles qu'une richesse intrinsèque assortie d'un gameplay instinctif dans le cas de la série des Soul Edge/Calibur, d'une innovation notable visant à reproduire de manière la plus réaliste possible l'âpre tension du combat, comme on peut l'expérimenter en s'adonnant à Bushido Blade, ou tout simplement par le plaisir immédiat procuré par un Tekken par exemple. Cependant, il demeure, enfouie sous des monceaux de poussières, une autre façon de se dévoiler aux yeux du public, la médiocrité.
Certains softs, poussent tout d'abord à la méfiance, à la vue seule de leur jaquette. Fighting Fury, édité par Big Ben, et produit par le désormais célèbre Midas Interactive Entertainment, est de ceux-là. On introduit par conséquent fébrilement le cd (ce n'est pas un dvd), dans les entrailles de sa PS2,espérant s'essayer au jeu de combat nouvelle génération, motivé par les alléchantes promesses inscrites au dos de la boîte. Et c'est à ce moment précis que l'illusion jusqu'ici habilement ménagée, s'évanouit faisant place à l'horreur ; une scène cinématique d'introduction en images de synthèse (on aimerait le croire), présentant les divers protagonistes dans leur vie de tous les jours, essentiellement basée sur le malaxage de maxillaires. Le seul remède existant demeure le bouton start. Il faut le reconnaître, le menu principal, tapissé d'artworks des visages des candidats au pugilat, est relativement agréable et coloré. Sept possibilités se donnent alors à nous : Tournament, Sparring (duel), Underground Arena, Learning Baki moves, Practice, Baki move buildup, ainsi que les options, très peu utiles au demeurant. Notons quand même une possibilité de choisir le mode 50 ou 60 Hz. Le tournament, comme son nom l'indique est un tournoi, visant à sacrer le champion du monde d'arts martiaux, au bout de dix laborieux affrontements. Vous aurez donc à loisir, le plaisir, s'il en est, d'effectuer ce dernier en incarnant un des douze personnages disponibles, un treizième souhaitant, et on le comprend aisément, rester caché. Ce mode se déroule sur le nombre mirifique de cinq arènes, d'inspiration asiatique pour la plupart. Le suivant, Sparring, se compare à un simple versus entre deux joueurs humains. Le mode nommé Underground Arena,ne se déroule pas dans le métro londonien, mais au sein d'une arène située sous terre comme vous l'aviez certainement compris. Cela s'apparente à un mode story, dans lequel les combats sont rythmés par un présentateur chauve, essayant désespérément de rendre ceux-ci passionnants. Vous aurez à défaire sept participants belliqueux. La seule différence avec le Tournament réside dans le fait que si vous venez à perdre lamentablement, vous ne pouvez pas bénéficier d'un continu salvateur. Criblé de dépit, une originalité nous fait sortir de notre torpeur.
Les choix learning Baki moves, et Baki move buildup, permettent de fabriquer son combattant rêvé. Dans le cas du premier, il suffit d'affronter le personnage de son choix, afin d'apprendre ses techniques. Pourtant il existe des conditions nécessaires à leur apprentissage. Tout d'abord, il faut que son opposant effectue la technique en question, et deuxièmement, il est impératif de gagner le duel. Une fois un ou plusieurs coups appris, il reste à se rendre dans le Baki move buildup, afin d'insérer son acquisition, dans l'encart correspondant de notre poulain. En effet il existe quatre catégories : Throw (prises), Special, Killer (attaque puissantes), et enfin Super killer. Une attaque de la catégorie "Special" une fois acquise, par exemple, ne pourra être placée que dans l'onglet "Special", remplaçant celle qui y résidait déjà. Tout irait pour le mieux, s'il n'y avait pas Baki. Qui est-ce ? me direz vous. Et bien, c'est le seul, que dis-je l'unique karatéka que vous aurez le droit de modifier. Il advient donc de parler d'idiotie notoire. Vous allez apprendre aux bas mots une centaine de techniques, alors que vous n'avez que treize emplacements de disponible. Mais est ce que le jeu est beau au moins ? En fait ....
Virtua Fighter 4 (pas la version Evo) souffrait d'un aliasing important, du fait de sa richesse graphique épuisant le pauvre processeur de la PS2. Avec ses personnages d'un character-design plus que douteux, dont les polygones se chevauchent sans ménagement, d'une raideur sans pareille au niveau de l'animation, aussi cubiques que les belligérants de Tekken 2 ; des textures de décors hideuses et mal agencées, dotées de couleurs étranges ; d'animations en background, que ce soit des flammes ou des spectateurs, risibles tant leur animation semble composée de trois étapes et qui plus est dans une 2d de faible qualité ; Fighting Fury devrait logiquement faire fi de cet aliasing handicapant, mais non, bien au contraire, il le complète merveilleusement par un scintillement omniprésent. Dans un soucis d'homogénéité, la pauvre jouabilité qui n'avait pas demandé à être là, fait les frais de cet ensemble de points négatifs. Sans être désastreuse, elle n'apporte que trop peu d'originalité pour justifier le fait de s'y intéresser pleinement. Mis à part un coup de pied violent, permettant d'insérer son adversaire dans le mur opposé, afin de poursuivre un enchaînement dévastateur, un sentiment de vide erre dans les affrontements. D'autant plus que le système de jeu en lui-même, voulu pilier de voûte du titre, ne soutient en aucune manière l'édifice. Une jauge de furie(ou endorphines), à travers laquelle de nombreuses actions peuvent s'exécuter, comme par exemple, se relever rapidement après un choc, ou alors, plus utile, ressusciter avec en main la moitié de sa barre de vie si tant est que l'endorphine soit à son paroxysme, tient lieu d'axe central. Il faut alors apprendre à économiser ses accès de hargne, pour ensuite être capable de déclencher une attaque "Super killer"à l'aide de cette même jauge. D'où un aspect pseudo-stratégique, tirant le joueur de sa morne expérience. Il est bon de noter à ce propos que le manuel du jeu, donne de fausses indications quant à la page où se trouve vraiment la méthode expliquant comment effectuer la "récupération mentale" (résurrection). Si l'on ajoute à cela, des chargements intempestifs, l'absence d'un menu octroyant la possibilité de consulter l'ensemble de ses mouvements durant les combats, mis à part en mode practice, et des écrans d'avant combats dignes de Street Fighter, premier du nom, on aboutit vite à une conclusion claire, ce soft est mauvais. On se demande sincèrement dans de tels moments pourquoi les développeurs, si prompt à exercer leur talent sur la 3D , abandonnent la 2D, qui dans ce cas présent aurait peut-être été capable de sauver le titre, du moins graphiquement. On peut aisément pardonner les errances du gameplay, mais en aucun cas la réalisation, ainsi que la durée de vie, habituellement faible pour les jeux du genre, il est vrai, mais ici sévèrement amputée par l'absence quasi totale de rétributions vis-à-vis de nos efforts. L'esprit du guerrier a quitté ce corps.
- Graphismes7/20
Les nostalgiques des débuts de la playstation seront aux anges, malheureusement, pour beaucoup moins cher, Tekken 2 ou 3, et surtout Soulblade, combleront leurs attentes. Pour ceux qui sont habitués à la PS2 en revanche, le choc risque d'être rude.
- Jouabilité10/20
Les commandes réagissent bien, mais l'ensemble se révèle dramatiquement plat. On aurait aimé pouvoir esquiver les attaques en se déplaçant en profondeur, ce qui paraît logique pour un jeu en 3D. Etonnamment ce n'est pas le cas. Que dire de ces coups de poing cerclés de rouge, vus et revus.
- Durée de vie7/20
Si votre objectif est de connaître et d'apprendre toutes les techniques adverses, dans le "Learning Baki moves", vous pouvez espérer une dizaine d'heures de jeu. Mis à part cet aspect, la redondance des affrontements et le peu de bonus gratifiants vous obligeront à pousser le bouton off de la PS2 au bout de deux heures.
- Bande son8/20
Entre les clings des coups de poings et les clongs des coups de pieds !
- Scénario/
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Les personnes ne connaissant que peu les jeux de combats sont souvent tentées d'exprimer une mauvaise opinion à leur encontre. Ce sont des titres comme Fighting Force qui participent à cette injustice. Jamais la puissance de la PS2 n'aura été de telle manière sous exploitée, à se demander si les développeurs étaient au courant de la plate forme sur laquelle leur titre devait voir le jour. Un essai malencontreux, qui prouve, une fois de plus, que l'originalité et l'apport d'idées fortes et constructives participent à l'évolution du jeu-vidéo. Tant que des softs se borneront à briser toute créativité, il n'en ressortira rien de bon. L'endorphine ne fait pas tout.