Si vous êtes fan d'animation vous ne pouvez que connaître Wallace et Gromit. Si vous connaissez Wallace et Gromit, c'est que vous avez sûrement déjà vu une de leurs aventures et si vous avez déjà vu une de leurs aventures vous ne pouvez qu'être sûr d'une chose, la série de Nick Park est un petit bijou d'animation bourré d'inventivité, de délicatesse et à l'humour so british. Maintenant si je vous dis qu'une adaptation vidéoludique mettant en scène Wallace et son fidèle compère va sortir incessamment sous peu, normalement vous êtes déjà en train de tourner en rond la bave aux lèvres en attendant de savoir si le jeu vaut le coup. Et bien justement, c'est de ce jeu dont je vais vous parler, incroyable non ?
Wallace et Gromit, les deux personnages en pâte à modeler les plus connus du monde entier sont nés de l'imagination débordante de Nick Park. Pour vous situer le bonhomme, disons qu'il se présente un peu comme le fils spirituel des maîtres de l'animation image par image que furent Willis O'Brian et Ray Harryhausen. Anglais d'origine, Nick Park sera parvenu à un statut de génie de l'animation au travers d'une poignée de courts métrages mettant en scène ses créations les plus célèbres, Wallace et Gromit donc, et un long métrage, Ckicken Run, superbe parodie de La Grande Evasion. Disons-le tout net, cet homme mérite le plus grand respect pour son travail colossal (animer image par image tous les mouvements d'un personnage et ce sur plus d'une heure de métrage est, vous en conviendrez, un vrai travail de titan), sa mise en scène pleine d'inventivité et son humour irrésistible. Et si vous n'êtes toujours pas convaincu courez vite acheter le dvd de Wallace et Gromit regroupant les trois aventures des deux comparses. Un pur chef-d'œuvre pour petits et grands.
Pour ce qui est du jeu, c'est le style plates-formes qui a été choisi par les développeurs pour faire ressortir tout l'humour, au travers de phases d'action rocambolesques, propres à la série. Vous y dirigerez Gromit, le toutou aussi malin et surtout plus débrouillard que son maître, tandis que Wallace ne viendra en renfort que pour activer des mécanismes ou pour vous aider à passer quelques obstacles comme par exemple ouvrir une porte en se positionnant sur deux boutons poussoirs. Le titre est en fait découpé en plusieurs stages plus ou moins distincts. Vous devez en effet délivrer à chaque niveau un animal qui a été fait prisonnier par le bad guy le plus cruel de l'histoire du cinéma : le Pingouin (non rien à voir avec l'ennemi attitré du dark knight).
L'histoire se passant dans un zoo, vous arpenterez ainsi des environnements exotiques, comme une jungle, un temple, des grottes, un volcan, etc. En plus du sauvetage d'animaux, plusieurs objectifs vous seront donnés comme celui de rabaisser un pont, de détruire des robots aux ordres du pingouin, de trouver un chemin pour atteindre un point bien précis, j'en passe et des meilleures. Lors de vos pérégrinations vous récolterez de multiples boulons indispensables à l'utilisation de mécanismes qui vous permettront de participer à des mini-jeux au bout desquels se trouvera des roulements à billes qui une fois en votre possession débloqueront des bonus comme des vidéos du maître Park, des making-of... Enfin vous devrez également ramasser plusieurs outils présents dans les niveaux pour ouvrir les portes vous menant au stage suivant.
Quand on joue à Wallace & Gromit : Project Zoo, on pense irrémédiablement à Tomb Raider et Crash Bandicoot. Du premier jeu, le titre d'Acclaim garde une ambiance exotique rempli de pièges meurtriers à éviter quant au second c'est l'ambiance et le style plates-formes plein d'humour qu'il singe un peu, sans mauvais jeu de mot. Les environnements sont ma foi fort jolis, la 3D est assez belle pour de la Xbox et même si on note un manque de couleurs, celles-ci étant trop uniformes pour un thème donné (jungle, mine, environnement urbain...), le tout est fort plaisant pour la rétine. Après, dommage que les mouvements des personnages ne soient pas mieux décomposés et qu'au final il y ait pas assez d'effets spéciaux pour venir égayer le tout. Pour synthétiser le tout, on retrouve avec beaucoup de plaisir l'ambiance de la série, mais ironiquement l'oeil a beaucoup plus de mal à accepter les expressions faciales découpées des personnages en 3D dans le jeu vidéo que dans les films de Nick Park. Cependant il est génial de voir que les développeurs n'ont pas oublié les mimiques irrésistibles de Wallace ou les regards expressifs au possible de Gromit. La partie graphique est d'ailleurs supportée par de très bons bruitages d'ambiance, chants d'oiseaux, bruit de l'eau très réaliste, doublages exquis (en anglais par contre).
Mais voilà, si jusqu'alors tout se présentait sous un très bon jour, il y a un hic, qui est même de taille à savoir la jouabilité. Déjà la gestion de la caméra est énervante au possible. Alors qu'on peut recentrer automatiquement la caméra derrière Gromit, celle-ci se bloque parfois dans le décor. Vous devrez alors la recadrer manuellement ou bouger votre personnage pour avoir une meilleure vue. Ensuite il est parfois impossible de placer la caméra derrière Gromit, en fonction de l'endroit où vous vous trouvez et le déplacement du héros en devient dès lors chaotique. Toujours au niveau des caméras et plus précisément des angles. Lors de quelques mini-jeux, l'angle étant fixe vous aurez beaucoup de mal à vous repérer dans l'espace, le relief des objets n'étant plus vraiment perceptible. D'ailleurs la précision des sauts en pâtira une fois de plus.
A ce sujet les sauts se révèlent peu précis dans l'ensemble. Vous devrez en effet utiliser une combinaison de touches pour sauter plus haut mais étrangement il arrive souvent de devoir effectuer plusieurs fois la manipulation pour que Gromit daigne atteindre ne serait-ce que le sommet d'un simple promontoire guère élevé. Autre chose, vous aurez au début du jeu une arme (vous aurez l'occasion de trouver d'autres objets par la suite) avec laquelle vous tirerez des bananes ! Pour bien viser, rien de tel que la vue subjective, en plus un viseur fera son apparition, impeccable se dit-on, sauf qu'ici aussi il y a un léger problème. En fait vous vous apercevrez rapidement qu'il y a un décalage entre l'endroit que vous visez et le résultat. Si vous voulez viser le centre d'une cible par exemple, il faudra que votre viseur soit un peu plus haut que le centre de la cible sous peine de louper le coche. Oui décidément, c'est irritant de se dire que le gameplay n'a dû subir que de très fines phases de tests !! En admirateur du travail de Nick Park, je ne peux être qu'énormément déçu du résultat de cette adaptation. Le jeu dispose d'atouts (des bonus alléchants à débloquer, des niveaux truffés de mini-jeux, l'humour de la série qui est intact...) mais en contrepartie, le gameplay a contre lui bien trop de défauts (sauts peu précis, angles de caméra foireux, etc.) pour satisfaire l'amateur de plates-formes. Au final, on poussera un gros, très gros soupir et on préférera à ce jeu un des chefs d'oeuvre du génial monsieur Park.
- Graphismes15/20
Les décors, même si on a l'impression qu'ils sont parfois « bichromiques », n'en sont pas moins exotiques et réussis. Dommage que les niveaux ne bénéficient pas d'une architecture plus étudiée, le joueur ayant souvent tendance à ne plus avoir de repères alors même que les stages ne sont pas très grands et très cloisonnés !
- Jouabilité9/20
Les angles de caméra souffrent d'épilepsie et ne conviennent pas à l'action. Quand ils sont statiques ils ne sont pas appropriés à une bonne visibilité et quand on doit recentrer la caméra il arrive qu'elle se bloque dans les décors. De plus la maniabilité d'ensemble est moyenne, les sauts étant peu précis.
- Durée de vie13/20
Les 6 niveaux, composées de 23 missions, ne sont pas bien longs et les gros problèmes qu'on rencontre proviennent de la jouabilité moyenne du titre. Par contre si vous voulez débloquer tous les bonus du titre, il vous faudra acquérir tous les roulements à billes du titre en finissant notamment tous les mini-jeux et rien qu'avec ça la durée de vie s'en trouve rallongée.
- Bande son14/20
Des bruitages réalistes d'ambiance se partagent la vedette avec des digits très cartoonesques. Au passage on retrouve avec délectation le doublage original des personnages. Dommage que nous n'ayons droit qu'à des sous-titres dans la langue de Moliere, le doublage français étant au moins aussi bon de l'anglais.
- Scénario15/20
Le retour de l'infâme pingouin, toujours aussi déjanté, toujours aussi drôle. Le scénario, s'il est moins prenant que celui d'un The Wrong Trousers, n'en demeure pas moins baroque à souhait.
Rha, non après Futurama qui m'est très cher, voici qu'une autre de mes séries d'animation préférées a également droit à une adaptation vidéoludique moyenne. Le jeu est sympa d'un point de vue visuel mais le gameplay étant ce qu'il est, on s'arrache les cheveux devant les problèmes de caméra et le maniement du personnage avec en tête de liste des sauts crispants au possible. J'en pleure tiens.