Hidden & Dangerous premier du nom a créé la surprise à sa sortie à la fin des années 90. Son gameplay subtile lui a permis d'atteindre des sommets dans le coeur de ceux qui aiment à jouer les fourbes et à réfléchir à chaque pas. Mais si on garde aussi bien le jeu en mémoire, c'est également parce que c'est l'un des rares titres à avoir été vendu en version bêta, du coup, Hidden & Dangerous était buggé jusqu'à l'os, preuve que Core Design n'a rien inventé avec Tomb Raider. Ce qu'on attendait de cette suite, c'était bien évidement un gameplay encore peaufiné et surtout une éradication complète du moindre bug, histoire de se faire pardonner, et à plus forte raison après 4 ans de développement.

Pour ceux qui l'ignorent, H&D vous place à la tête d'une escouade de 4 SAS, forces spéciales britanniques, au beau milieu de la seconde guerre mondiale. Chaque homme sous votre commandement possède diverses caractéristiques : de l'endurance à la précision et, nouveauté, ces qualités pourront aujourd'hui évoluer au fil des missions et ce de manière dynamique, en fonction de leurs actions. En bon jeu de tactique, le titre dispose de son interface bien velue qu'il conviendra de maîtriser. On dispose de deux types d'interface au niveau du commandement. La première est immédiate et permet d'assigner un ordre rapide à un homme ou à toute l'escouade en quelques raccourcis clavier (suivre, halte, cessez le feu etc.). La seconde est nettement plus complexe, c'est la carte tactique. On donne des ordres très précis à chaque homme : itinéraire, position (assis, debout, couché), une vitesse, un mode de comportement (agressif, passif etc.) et un signal de départ. Pendant toute cette opération, vous pouvez déplacer librement la caméra. Un système excessivement complet qui pourtant servira assez peu. Pourquoi ? Parce qu'on réalise vite qu'agir seul peut se révéler bien plus efficace si l'on tient à rester discret.

Bien souvent, on aura plus à gagner à avancer seul, fusil de snipe en main pour vider une zone avant de faire suivre nos camarades. Si le snipe est encore trop bruyant, on optera alors pour le couteau, mais en règle générale, le loup solitaire sera plus efficace que la horde sauvage. On aura même tendance à abuser du camouflage. A la manière de l'excellentissime Hitman 2 (pour prendre un exemple proche de nous), il sera possible d'utiliser des déguisements pour s'infiltrer en toute quiétude. Ceci dit, en récupérer un ne sera pas une tâche aisée. En effet, dans un soucis de réalisme, les développeurs considèrent que si vous tuez un ennemi, son uniforme sera logiquement tout sale, ce qui ne fait pas sérieux. Il faudra donc parvenir à le capturer, le forcer à se rendre en lui foutant les chocottes, vous pouvez pour cela tuer son camarade ou tirer autour de lui comme un cowboy. La plupart du temps, ça ne marche qu'avec un gros paquet de chance mais bon. Donc on se vêtit, mais surtout on pense à tout, la casquette mais aussi le sac et les armes. Le moindre couteau trahirait votre identité. Ensuite, comme dans Hitman 2, on reste zen, on ne court pas et tout va bien. Un peu trop d'ailleurs.

En effet, si le jeu peut se montrer affreusement dur lorsqu'on se ballade avec ses équipiers, nous donnant du fil à retordre en nous poussant à adopter des approches mûrement réfléchies comme on les aime, dès lors que l'on est griffé, les allemands ne comprennent plus rien. Dans le cas de Code 47, votre déguisement devenait obsolète dès le moment où son propriétaire était découvert. Là, aucun problème, vous pouvez marcher 1 heure sans être inquiété, tout en égorgeant chaque ennemi en profitant de l'ombre. Un problème essentiellement causé par une IA défaillante, ou plutôt en dent de scie. On peut être surpris par les ennemis qui nous réservent un chien de leur chienne en nous prenant à revers traîtreusement, mais aussi être désappointé par leur vision à rayons X qui leur permet parfois de voir à travers certains murs ou de nous dégommer à 50 mètres dans les bois. Ouch ! Ca, c'est le genre de problème qui a tendance à énerver dans un jeu où justement, l'intelligence est cruciale. On distingue donc 3 attitudes de l'IA, la bonne, voire très bonne, la surpuissante qui agace et la dernière, la bêtise absolue face à un solide camouflage. Et tout cela, c'est sans compter les bugs. Soldats qui se bloquent contre un mur, pathfinding hasardeux des équipiers, lévitation en tout genre, ordres pas toujours suivis et corruption de fichiers de sauvegarde (!!). Quant à vos équipiers, ce qui nous pousse à agir seul, c'est également leur inaptitude à obéir à certains ordres. Autant dire qu'une série de patches est vivement attendue. En tout cas, après 4 années de développement et de report, on est en droit de se sentir un peu floué par cette liste non exhaustive.

Mais Hidden & Dangerous 2 n'est pas exempt de qualités pour autant. Son gameplay conserve des aspects séduisants. Le problème c'est qu'il faut se forcer à ne pas abuser des failles de l'IA. De plus, la diversité des missions et des armes est appréciable. Des plaines gelées à la Birmanie, le titre vous confiera de multiples objectifs d'espionnage, sabotage, protection, sur terre mais également en mer. A noter le retour des véhicules dont la gestion est assez basique et pas toujours utile pour traverser les maps pas immenses. Ceci dit, si les cartes sont petites, elles sont travaillées avec talent. Complexes, fouillées et remplies de vie, elles témoignent d'un réel effort de level design qui vous mettra à l'épreuve et évitera trop de linéarité.

Autre très bon point, la bande-son de très bonne qualité tant du point de vue musical que de celui de l'ambiance. On regrette toutefois qu'à défaut d'une VF, on ne nous ait pas au moins offert de sous-titres potables et complets au lieu de textes comportant des fautes et parfois manquant. Techniquement par contre, on sera plus circonspects. Je l'ai dit, le level design est exemplaire. Le jeu dispose en plus de superbes textures et s'offre le luxe de présenter des modèles de personnages variés. Ceci dit, mis côte a côte avec un Max Payne 2, le jugement est sans appel et place H&D dans une bonne moyenne mais avec un léger train de retard sur les nouveaux standards. Dernier regret qui va en attrister plus d'un : le mode coopératif a carrément été amputé de cette suite. Oui, le monde est cruel.