Quand les créateurs de Hitman 2 décident de nous sortir un jeu d'action à la troisième personne, saupoudré de stratégie, ça ne se refuse pas. Et quand ils nous mettent aux commandes d'un groupe de dizaines de guérilleros dans les rues de New-York avec pour mission de sauver la ville du joug soviétique, ça se refuse encore moins. Et bien soldat, qu'attendez-vous ? Insérez-moi ce Freedom Fighters dans votre console et partez au combat !
Comme le disait Edwin Star : « War. What is it good for ? Absolutely nothing... », et c'est pourtant à 90 134546264e guerre qu'est composé Freedom Fighters qui est avant toute chose une uchronie. Le scénario nous narre l'histoire d'une réalité parallèle où le bloc soviétique serait devenu tout puissant et se serait rendu maître de toute l'Europe. S'étant attirés les faveurs de Castro, les soviets resserrent alors leur étau sur les Etats-Unis, la seule grande puissance n'étant pas encore sous leur influence. Si on pourra trouver que le scénario a un goût douteux, disons que les développeurs ont habilement su contourner divers problèmes politiques ou raciaux en accentuant à outrance le côté autoritaire des soviétiques. Ainsi au cours du jeu, plusieurs bulletins d'informations viendront s'immiscer entre les missions pour reporter aux téléspectateurs les résultats de vos missions précédentes et ce toujours sous couvert d'une extrême ironie. Ainsi on rira même de cette déclaration du président soviétique qui mentionne que tous les rebelles seront fusillés....pour la paix....et après un procès équitable !
Vous aurez tout d'abord le choix entre le mode solo et multijoueur, ce dernier permettant à 4 joueurs de disputer des parties où le but sera de récupérer un drapeau et de le garder le plus longtemps, sympa et défoulant. Le mode solo en lui-même se présente comme un bon gros titre d'action où la stratégie prendra une place plus ou moins importante au fil du déroulement de l'histoire. Ainsi au tout début, vous ne dirigerez qu'un homme, un plombier du nom de Christopher Stone, qui se retrouvera mêlé bien malgré lui aux actions d'un groupe de rebelles désireux de libérer New-York de l'armée russe. Une fois que vous aurez réussi à atteindre les égouts où se trouve le quartier général des forces alliées, vous devrez choisir entre plusieurs endroits pour mener à bien une mission d'ensemble, je m'explique. Prenons la première mission qui consiste à délivrer Isabella, la chef des rebelles. Vous devrez d'abord aller chercher un bloc de C4 près du commissariat, aller dans une autre zone faire sauter une station-essence pour éliminer des snipers qui empêchaient l'accès au commissariat. Après quoi et bien justement, direction le commissariat que vous devrez investir pour délivrer votre leader. Et le jeu est constamment constitué de ce genre de petits allers-retours qui évitent une trop grande linéarité si je puis dire.
L'autre point fort du titre est le fait que vous pourrez diriger jusqu'à 12 guérilleros en même temps. Dès que vous réussirez un objectif ou sauverez un de vos compatriotes mal en point (en lui donnant les premiers soins grâce à des medikits récupérés ici et là) vous aurez droit à des points de charisme. Tous les 100 points, vous pourrez recruter un soldat de plus. L'idée est géniale et apporte beaucoup au titre. Ainsi une fois que vous aurez des soldats sous vos ordres vous pourrez leur assigner plusieurs ordres comme tenir une position pour la défendre, attaquer un ennemi bien précis, faire des repérages de zones ou se replier en quatrième vitesse. Si on aurait aimé un peu plus de possibilités à ce niveau, disons que celles qui sont à notre disposition sont suffisantes pour dynamiser l'action et renforcer encore un peu plus l'impression de véritable guérilla urbaine.
Autant le premier niveau de jeu est tout simplement fabuleux tant l'ambiance est « magique » avec ces trentaines de personnages complètement affolés courant dans la rue et criant à tout-va autant le reste du titre déçoit un peu. Les décors, cloisonnés le plus souvent par des barrières, sont très agréables à l'oeil et bénéficient d'une bonne distance d'affichage mais la somme de détails est en deçà de ce qu'on pouvait attendre. Après les environnements sont suffisamment nombreux (poste, commissariat, parking, hôtel...) et vastes pour procurer au joueur un sentiment de liberté, ce qui est le principal. Dommage par contre que les personnages ne soient pas mieux modélisés et que la plupart de leurs mouvements manquent un peu de classe. On retrouve tout un tas d'armes (fusil à pompe, cocktail Molotov, grenade, revolver, fusil d'assaut, fusil à lunette, lance-roquettes, etc.) qu'on aurait aimé plus volumineux ceci dit et quelques animations viennent supporter des graphismes un peu chancelants.
Côté son, autant les doublages français sont moyens autant les bruitages sont réalistes et complètent l'immersion. Mais s'il y a bien un point où Freedom Fighters fait fort c'est bien du côté de la bande-son. Les divers thèmes qui se font entendre sont tout simplement somptueux. Entre des thèmes très World Music, des chants grégoriens du plus bel effet (délectez-vous de la musique qui rythme l'intro du jeu), des compositions renvoyant au superbe travail de Vangelis sur Blade Runner ou des thèmes plus guerriers, avec parfois quelques samples très techno, le compositeur Jesper Kyd a réalisé un travail de titan qui apporte beaucoup mais alors vraiment beaucoup à Freedom Fighters. Chapeau bas monsieur.
Question gameplay, on retrouve du bon et du mauvais. Concernant le mauvais d'abord. Tout d'abord la maniabilité du personnage est perfectible. Vous devrez constamment recentrer la caméra sur le personnage avec le stick droit, le stick gauche servant à déplacer Chris. Ceci est surtout dommageable quand on se retrouve dans un lieu exigu avec un ennemi derrière soit puisque le personnage se retourne assez lentement. Ensuite le système de visée est assez mauvais. Il faudra en effet appuyer sur le stick gauche et tout en laissant appuyé le bouton "visée" diriger votre tir avec le stick droit. Autant dire qu'il vous arrivera souvent de relâcher par inadvertance le stick gauche et de repasser en vue à la troisième personne. Enfin on note encore une fois, quand on est en mode visée, que chris met pas mal de temps à bouger, guère idéal pour tirer rapidement.
Hormis ce problème, de taille, c'est du tout bon. Le système d'inventaire rapidement accessible est assez plaisant même si il faut utiliser ici aussi stick droit, et les boutons Y, X et B vous servent à donner des ordres à vos hommes. A ce sujet notons que l'IA de vos soldats et des ennemis est relativement bonne, ces derniers n'hésitant pas se cacher derrière des bâtiments lors des attaques où à vous prendre à revers. Certes on retrouve parfois des gardes qui bougent peu et ce malgré le fait que vous veniez d'exploser une voiture qui se trouve à moins de 10 mètres d'eux mais dans l'ensemble vos ennemis réagissent de façon réaliste dans le feu de l'action.
Au final, Freedom Fighters est un très bon titre, dont l'ambiance est ahurissante de réalisme. On reprochera tout de même au jeu, un manque de finition au niveau des graphismes et un gameplay qui aurait eu besoin de plusieurs réglages notamment au niveau des déplacements ou du système de visée. Cependant, si vous parvenez à surmonter ces défauts, il vous restera entre les mains un produit très agréable à parcourir avec une ambiance excellente, ceci étant dû entre autres à une bande-son FA-RA-MI-NEU-SE.
- Graphismes15/20
Les zones que vous visitez, bien que cloisonnées sont assez vastes. Maintenant les animations des personnages manquent un peu de réalisme et de possibilités (on ne peut pas faire de roulades par exemple) et le tout aura pu être un peu plus détaillé. On constate que la distance d'affichage n'est pas mal du tout et si on note un peu d'aliasing, l'ensemble est convaincant surtout quand vous avez devant vous plus d'une vingtaine de civils qui fuit ou que des dizaines d'ennemis cherchent à vous encercler.
- Jouabilité14/20
Le système de visée en maintenant le stick gauche enfoncé n'aide absolument pas et le déplacement du personnage est lourd, les deux sticks étant ici utilisés. De plus Chris se retourne trop lentement et on se fait toucher assez souvent à cause de ce souci. Pour le reste, l'IA des ennemis est parfois très bonne (en pleine action), parfois moyenne (quand vous faites exploser des véhicules à dix mètres d'eux et qu'ils ne bronchent pas ou quand vous tirez sur un garde, que vous allez vous cacher et que ces compagnons continuent leur ronde comme si de rien n'était...). En fait on a l'impression que le jeu est sorti un peu trop tôt et n'a pas bénéficié d'une assez longue phase de tests, étrange. Pour finir, le fait de diriger ses hommes est très simple d'accès et apporte énormément au jeu.
- Durée de vie14/20
Plusieurs niveaux de difficulté sont disponibles en mode solo et le mode multijoueur est assez fun, à défaut d'être original, pour vous retenir un bon bout de temps.
- Bande son18/20
Les doublages français peinent un peu à convaincre mais le tout est renforcé par des bruitages (d'explosions, de tirs, de cris...) réalistes à souhait. Enfin, s'il ne fallait retenir qu'une chose de Freedom Fighters, ce serait bien sa bande-son magistrale avec des compositions sublimes, majestueuses qui doivent autant à Vangelis qu'à Jerry Goldsmith, impressionnantes à plus d'un titre.
- Scénario14/20
L'éternelle rivalité entre les américains et les russes sert une uchronie qui est le point de départ de cette invasion soviétique. Le tout est traité avec suffisamment d'ironie, d'humour et de recul pour ne pas tomber dans un discours politique pompeux et agaçant louant les mérites d'une propagande qui n'aurait ici pas sa place.
Un très bon jeu qui sort malheureusement un peu vite. Si de bonnes idées sont en effet présentes (le recrutement d'hommes étant la meilleure) et que l'ambiance est exquise, le gameplay n'a pas bénéficié d'assez de soins et l'IA des personnages se montre aussi bien très fine que défaillante suivant les passages. Mais au final Freedom Fighters est un titre accessible, qu'on lâche difficilement une fois le pad en mains et ce malgré les défauts évoqués plus avant.