Nous attendions beaucoup de ce Chaos Legion hallucinant de dynamisme, séduisant par son ambiance gothique et franchement tape-à-l'oeil. Le nouveau jeu d'action de Capcom ne nous a pourtant pas conquis autant que nous l'aurions voulu, la faute à une composition ludique alléchante mais par trop limitée.
Il arrive parfois que des êtres liés par une profonde amitié et des liens ineffables se retournent l'un contre l'autre lorsqu'ils sont victimes d'un terrible coup du sort. C'est un peu l'histoire de ces deux héros, Sieg Wahrheit et Victor Delacroix, lorsqu'ils assistent impuissants à l'enlèvement de leur amie Siela Riviere par l'esprit maléfique d'Azrail. L'homme qui se tient désormais telle une ombre dans le cimetière de Lotar n'est autre que le pieux Victor Delacroix qui a sombré du côté obscur. Résolu à lui reprendre les Apocryphes interdits d'Yzarc qu'il a volés et à le ramener vers la lumière, le Chevalier des Insignes des ténèbres Sieg Wahrheit s'élance à la poursuite de son ancien ami.
Le jeu débute dans une sorte de prologue qui permet de mesurer l'envergure de la puissance de Sieg Wahrheit, capable de se transcender au combat à l'épée pour faire le vide dans les rangs ennemis, mais surtout doté de la capacité d'invoquer l'armée du chaos pour le soutenir durant ces confrontations épiques. Cela se traduit par la présence d'entités appelées les légions, qui disposent chacune de particularités souvent complémentaires et qui évoluent au fur et à mesure qu'elles acquièrent de l'expérience. Durant le prologue, c'est avec la légion suprême Thanatos que l'on commence, celle qui gouverne toutes les autres et dont Sieg sera malheureusement obligé de se séparer très vite puisqu'elle se brisera à la fin du premier niveau. Conséquence, le joueur devra nécessairement retrouver l'intégralité des neuf fragments brisés avant de pouvoir l'invoquer à nouveau.
La quête du preux Sieg le conduira cependant à mettre la main sur d'autres légions de moindre envergure mais dont la puissance n'a d'égal que la violence de leur nom : Culpabilité, Maléfique, Haine, Arrogance, Imperfection et Blasphème seront vos légions dévouées et fidèles. Sieg sera par la suite soutenu dans sa tâche par la mystérieuse Arcia Rinslet, et en dépit du charisme ravageur des différents protagonistes de l'histoire, on se désole de constater que la trame scénaristique peine à surprendre et ne se révèle pas vraiment à la hauteur des sublimes scènes cinématiques qui ponctuent la progression.
Ce n'est malheureusement pas la seule chose qui déçoit dans Chaos Legion. Si l'action commence très fort avec une légion surpuissante et des batailles qui s'annoncent épiques de par le nombre hallucinant de créatures qui vous assaillent en même temps, le jeu s'enfonce rapidement dans un moule qui non seulement ne surprend pas, mais surtout fatigue par son manque d'ambition. Si l'on évite de justesse le syndrome P.N.03 avec sa succession de salles minuscules calquées les unes sur les autres (les niveaux sont ici divisés en arènes de combat entrecoupées par l'écran d'évaluation de vos performances), force est de reconnaître que l'on avance tel un wagon sur un rail, sans aucune réelle liberté de mouvement. C'est tout juste si les environnements recèlent quelques cachettes qui serviront de prétexte à revenir dans les niveaux déjà terminés pour les explorer avec ses nouvelles légions.
Quant à l'action en elle-même, elle n'impressionne que les premières minutes pour laisser peu à peu la place à une certaine lassitude qui s'instaure à cause du manque d'originalité du système de jeu. Certes, il est intéressant de découvrir la meilleure manière d'utiliser ses légions, sachant qu'on est obligé d'en laisser certaines de côté pendant que les autres gagnent en expérience. Mais ce choix n'est finalement pas aussi déterminant qu'on pourrait le penser, même s'il est évident que leurs capacités influent sensiblement sur leurs performances vis-à-vis des différents types d'ennemis. De même, les actions du personnage principal sont nombreuses et bien pensées, permettant de jongler entre des possibilités liées aux légions et une palette de mouvements plus souple lorsqu'il avance seul. Le coup le plus jouissif reste sans conteste la contre-attaque. En frappant au moment où le monstre charge, on peut ainsi lui infliger des dégâts majeurs et gagner quatre fois plus d'expérience. Il faut parfois déterminer le point faible des ennemis et trouver les attaques appropriées, sachant que certains ennemis ne peuvent être détruits que par une légion en particulier. Malgré tout, il aurait sans doute fallu un peu plus de créativité et une meilleure exploitation des légions pour que l'on se sente davantage impliqué dans cette quête qui semble démesurée et qui se termine pourtant beaucoup trop vite. En lieu et place du jeu d'envergure que l'on attendait, Chaos Legion fait finalement davantage office de bon défouloir sans grande prétention, et c'est justement ce qu'on lui reproche.
- Graphismes15/20
Le jeu impressionne davantage par le dynamisme de ses scènes d'action et le grand nombre d'ennemis présents à l'écran que par la beauté et la variété de ses environnements gothiques. On dispose toutefois de l'option 60 Hz et des vidéos se débloquent au fur et à mesure en guise de bonus.
- Jouabilité15/20
L'intérêt vient principalement de la complémentarité entre les capacités des sept légions disponibles dans le jeu. L'idée donne toutefois l'impression de ne pas avoir été exploitée jusqu'au bout et l'action ne se renouvelle pas autant qu'elle le devrait.
- Durée de vie12/20
Les niveaux sont courts et découpés de façon linéaire comme une succession d'arènes à nettoyer du mieux possible, sachant qu'un bilan de vos stats vous attend entre chaque étape. La présence d'items cachés sert de prétexte pour revenir dans les niveaux déjà terminés une fois qu'on est en possession de nouvelles légions.
- Bande son14/20
Les musiques ne sont sans doute pas du niveau des plus grandes symphonies gothiques de Castlevania, mais l'ensemble est de bon acabit. Les voix sont en anglais lors des cinématiques et les sous-titres sont optionnels.
- Scénario13/20
Le manque d'originalité de l'intrigue déçoit à côté du caractère somptueux des cinématiques, mais les personnages restent très charismatiques.
Voilà un titre qui s'aventure courageusement sur le terrain délicat des purs softs d'action. Mais Capcom connaît son affaire et trouve, à travers le système d'invocation des légions, un excellent moyen de servir l'action épique de Chaos Legion. Malgré tout, l'ensemble manque cruellement de saveur une fois passé les premières minutes d'éblouissement, et c'est un titre de moyenne envergure qui se révèle derrière le caractère faussement ambitieux de cette production.