Ardu est le défi qui consiste généralement à porter une licence juteuse en jeu vidéo. Impossible, il le devient, lorsque la licence en question s'avère aussi peu prestigieuse que celle du film Driven. Avant d'investir le support GameCube, le soft de Bam! se permet un tour d'essai sur PS2 et s'échoue lamentablement devant le regard désespéré des quelques joueurs qui croyaient en lui.
Que l'on ait vu ou pas le film en question qui met en scène l'inénarrable Sylvester Stallone, il ne suffit que de quelques minutes après le lancement du jeu pour réaliser que Driven ne cherche pas à atteindre l'ambition légitime de ses concurrents dans le domaine de la F1. Les développeurs ont dû passer à peine quelques minutes à réfléchir sur la physique des véhicules, une poignée de secondes à mettre en place une ébauche de scénario, et quelques centièmes à implémenter les rares challenges qui composent ce titre.
Alors bien sûr, on retrouve les 12 personnages clés du film, dont les pilotes Joe Tanto et Jimmy Bly que l'on a la possibilité d'incarner dès les premières missions du mode scénario. Avec le trailer original du film en bonus, on se dit que pour peu que l'on ait aimé le film, il devient possible de trouver au soft une raison d'exister. Hélas, c'est une foi aveugle et peu objective qu'il faudrait pour ne pas tressaillir devant la montagne de défauts qui achèvent de rendre Driven totalement surréaliste dans le domaine qu'il se propose de revisiter.
On a beau jongler désespérément entre la pléthore de vues disponibles, ni la croix directionnelle ni le stick analogique ne permettent de compenser avec justesse le comportement digne d'une savonnette extraterrestre de son véhicule. Si le tracé désespérément plat des premiers circuits assure une victoire sans mérite devant l'absence de difficulté de ces premiers ovales, la suite trahit le manque d'efficacité de la conduite en affichant les pires aberrations que l'on ait vu de mémoire de courses auto sur consoles. Le moindre petit coup de volant, le plus petit écart sur le bord de la piste ou le simple frôlement avec un autre véhicule, ce qui ne manque pas d'arriver compte tenu de la tenue de route surréaliste des bolides, engendre un tête-à-queue mémorable dont on a ensuite bien du mal à se dépêtrer. Tout est prétexte à multiplier les collisions pour provoquer des crashes spectaculaires, ou en tout cas qui auraient pu l'être si l'immersion avait été plus crédible.
Au lieu de ça, on doit se contenter d'un pilotage surréaliste proche de la gestuelle défaillante d'un patineur débutant chaussé avec des tongs. Mais comme si les défaillances monstrueuses du gameplay n'étaient pas suffisantes pour les développeurs, le contenu du jeu lui-même redouble d'audace pour afficher un menu désespérément vide. Tout juste doit-on se contenter de 14 ridicules missions avec les deux principaux personnages du jeu, et des objectifs qui n'ont comme seul mérite que de tenter de s'aligner sur la trame scénaristique déjà bien maigre du film. La plupart de ces missions sont axées sur l'une des particularités du film, la zone, qui survient lorsque le pilote parvient à maintenir une vitesse maximale sans faire aucune faute de conduite. L'écran devient alors flou et la musique s'efface pour ne laisser entendre que les bruits de moteur et générer une tension qui échoue pourtant à s'emparer du joueur, déjà trop honteux d'avoir perdu son temps sur un jeu aussi peu immersif. Plus incompréhensible, la possibilité d'effectuer des réparations n'importe où durant une course, et de se retrouver instantanément en bon état après avoir simplement perdu une vie...
Ceux qui auront acheté le soft ne mettront en tout cas guère de temps à boucler les différents modes de jeu, surtout que le mode arcade ne comporte que trois championnats à débloquer au fur et à mesure en commençant par l'Europe puis les Etats-Unis et les championnats du monde. Reste enfin les courses simples, les défis blocage et les courses à deux joueurs. Rien à faire, je ne vois qu'un seul argument probant à Driven, celui de faire désormais partie de la gamme Xplosiv de la PS2 et d'être donc disponible à un prix moins élevé que les autres titres de la console, ce qui ne suffit pas toutefois à justifier l'absence totale d'efficacité de ce soft.
- Graphismes10/20
Rien d'autre que de la poudre aux yeux. Tout le jeu n'est qu'une façade qui tente péniblement de dissimuler son absence totale de finition.
- Jouabilité4/20
Conduite surréaliste, tenue de route inexistante, comportement des engins incroyable. Si avec tout ça vous n'êtes pas convaincu que l'immersion et les sensations de jeu frôlent le néant...
- Durée de vie4/20
Les challenges sont si peu nombreux qu'on n'a aucun mal à les dénombrer.
- Bande son6/20
C'est quand on passe dans « la zone » et que la musique s'efface que l'on réalise à quel point tout serait moins pénible avec le silence total.
- Scénario5/20
Le mode scénario s'efforce de suivre tant bien que mal la trame scénaristique du film. Vous imaginerez sans peine le résultat.
Heureusement qu'il arrive encore de temps en temps des jeux de la trempe de Driven pour donner une signification réelle aux plus bas échelons d'une échelle de notation. Driven ne mérite ces cinq points que pris dans un contexte d'adaptation courageuse du film. Il ne générera que l'hilarité dans le cercle des fans de courses automobiles.