Les fans d'aventure vont être aux anges ! Après le succès de Runaway, voilà que Focus édite un titre déjà vieux d'un an de l'autre côté de l'Atlantique où il s'est d'ailleurs déjà taillé une sacrée réputation de digne descendant de la lignée LucasArts.
Le parcours français de Tony Tough est suffisamment original pour que l'on s'y attarde quelques instants. Son histoire remonte à la sortie de Runaway il y a quelques mois. Encouragé par l'accueil du public face à ce jeu et poussé par les nombreux messages sur ses forums, Focus s'est intéressé de plus près aux jeux d'aventure et plus particulièrement à Tony Tough, le titre que les gamers outre-atlantique comparent directement aux œuvres de LucasArts, période Day Of The Tentacle et Sam & Max. En gros, si Tony Tough arrive aujourd'hui en version française (voix en anglais, sous titre en français) c'est à la fois grâce aux nombreux joueurs passionnés d'aventure qui l'ont réclamé à cors et à cris, mais aussi à Focus qui a pris la peine de les écouter et de répondre à leur demande. C'est tellement rare qu'un éditeur se mette à l'écoute des joueurs, qu'il fallait que cela soit souligné. Sur ce, nous pouvons passer au test.
Laissez-moi vous présenter Tony Tough, un détective privé haut comme trois pommes, subtil mélange entre Woody Allen (pour son humour et ses réflexions), Droopy (pour son allure générale) et Dick Tracy (pour son imperméable jaune). Enfermé dans son bureau au sous-sol d'une grande agence de détectives en compagnie de son chien violet Pentagruel, Tony potasse depuis dix ans maintenant sur une seule et même affaire, une histoire de vol de bonbons qui se répète à chaque nuit d'Halloween. Cette fois, il en est sûr, il tient les preuves nécessaires à boucler le dossier, ce qui, en plus de lui apporter une extrême satisfaction personnelle, ferait enfin cesser les railleries de ses collègues détectives. Alors que tout semble aller pour le mieux, Pentagruel est kidnappé ! Une lettre signale à Tony que s'il désire revoir son chien, il doit se rendre illico presto au Halloween Park, un parc à thèmes zarbe et peu accueillant.
Wow mes amis ! Quelle gifle nostalgique je viens de me prendre en jouant à Tony Tough ! Alors qu'on pensait il y a peu que la voie des jeux d'aventure était bel et bien condamnée, Runaway est arrivé pour nous permettre de renouer avec des sensations « point'n cliquesques » bien jouissives. Là, c'est carrément un retour de 10 ans qu'on prend dans les dents ! Bien avant de se rendre compte du système de jeu qui respecte à la lettre la grande tradition du genre, ce sont les graphismes qui nous interpellent et nous invitent à remonter le temps avec bonheur. À l'heure où l'exploit technique se trouve propulsé au rang d'argument marketing, quelle joie que de se trouver devant des personnages pixellisés, avec des gros carrés comme à l'époque où les jeux tournaient sur 486… Ahhhh, c'était le bon temps ! Précisons quand même que pour les plus exigeants que dans Tony Tough, seuls les personnages sont pixelisés et qu'il existe de toute façon une option pour les enduire d'une couche d'anti-aliasing qui adoucira un peu leur traits (mais leur fera du coup perdre pas mal de leur charme, parole de nostalgique !).
Les décors sont quant à eux assez simplistes mais, ma foi, pas désagréables. L'univers fête foraine rappelle fortement le cirque de Sam & Max et les personnages complètement barrés, ceux de Day Of The Tentacle. A ce propos, les développeurs ne se sont pas privés pour disséminés de petits hommages par-ci par-là à ces jeux d'anthologie. Les références ne s'arrêtent d'ailleurs pas à la porte des graphismes car Tony Tough récupère aussi tout l'héritage humoristique des jeux d'antan. Tour à tour drôles, sarcastiques, dénuées de sens ou profondément décalées, les lignes de dialogues se mettent au service des nombreux personnages à rencontrer et parviennent à nous décrocher de nombreux sourire si ce n'est quelques éclats de rire. Entre le pirate dépressif, le perroquet aux blagues misogynes, le clown raté ou la femme à barbe en pleurs, tous les gus que l'on croise finissent par devenir attachants, surtout Tony avec ses multiples citations maternelles qui lui donnent un petit côté Forrest Gump. Les dialogues sont particulièrement bien joués mais ne spnt pas passés par la case studio de doublage français. Il faudra donc les écouter en anglais tout en lisant les sous titres français qui défilent. Ces derniers ne sont pas d'une qualité irréprochable et en dehors de quelques fautes d'orthographe toutes les 10 ou 20 répliques, on note de temps en temps quelques erreurs de traduction. Dommage.
L'interface, elle, rappelle sans nul doute celle de Full Throttle reprise ensuite dans Monkey Island 3. On bouge le curseur et on clique là où on veut aller, jusque là rien de bien original, puis on maintient un clic droit sur les objets avec lesquels on veut agir. Une petite image représentant Tony et Pentagruel apparaît. En passant la souris sur les yeux de Tony, on examine, sur son flingue, on utilise, sur la tête du chien, on parle, et sur ses mains, on prend. Enfin, l'inventaire apparaît en bas de l'écran. Inutile de préciser qu'on prend le jeu en main en une demi-seconde et que l'interface se fait rapidement oublier pour nous laisser libre de réfléchir tranquillement aux énigmes.
Mais alors, ce jeu serait-il parfait ? Non, n'allons pas jusque là. D'abord parce que toute sympathique qu'elle soit, sa réalisation date un peu et même si les vrais passionnés n'y verront pas d'inconvénients, il n'encouragera guère ceux qui ne connaissent pas le genre à le découvrir. Ensuite, le niveau de difficulté n'est pas particulièrement élevé et malgré des énigmes parfois très loufoques, on avance relativement vite dans l'enquête. De plus, la durée de vie est vraiment minime. On croit avoir à peine commencé son investigation qu'elle s'arrête déjà, nous laissant sur notre faim de joueurs en manque de jeu d'aventure. Ces deux points noirs n'enlèvent en rien les qualités indéniables du titre. Si vous vous dîtes un tant soit peu attirés par le genre, alors vous vous devez d'accompagner Tony Tough pour l'aider à retrouver Pentagruel.
- Graphismes13/20
C'est sûr, on n'atteint pas des sommets en matière graphique. Les personnages sont pixélisés, les animations très simplistes, les décors un peu flous (certains manquant aussi cruellement de détails), mais le charme opère quand même, grâce à l'esprit décalé du jeu.
- Jouabilité16/20
Il n'y a pas grand-chose à dire pour la maniabilité. L'interface se laisse maîtriser en un clin d'œil et ne pose jamais de problème.
- Durée de vie13/20
Peu mieux faire. Le jeu a beau proposer deux niveaux de difficulté, il se termine trop rapidement et nous laisse avec un léger sentiment de frustration.
- Bande son16/20
Un bon doublage anglophone qui nous fait profiter d'une belle brochettes d'accents. Dommage que la traduction ne soit pas toujours au top avec de trop nombreuses fautes d'orthographe.
- Scénario16/20
L'univers drôle de Tony Tough est celui que l'on aime retrouver dans les jeux d'aventure. La riche galerie de personnages ouvre de multiples portes à l'histoire et autant de pistes pour l'enquête du héros.
Si Runaway a rouvert la voie des point'n clic, Tony Tough s'y engouffre pleinement en assumant totalement son côté retro. Ses décors rapellent Sam & Max, son interface Full Throttle, son humour Day Of The Tentacle (On pourrait faire un parallèle entre Tony et Bernard le héros de DOTT), c'est certain les fans des anciens LucasArts exulteront de bonheur, tandis que les autres découvriront un jeu d'aventure de haute volée. Tous pesteront contre sa durée de vie, bien trop courte.