Le studio espagnol Gamepro apporte un peu de sang neuf à la ludothèque PC avec Torero, un jeu sur les exécutions publiques de taureaux. Si les polémiques seront une nouvelle fois au rendez-vous autour de cette tradition ibérique, il y a une chose sur laquelle nous serons tous d'accord, la piètre qualité du titre. C'est mauvais, très mauvais, même.
Il est vrai que développer un tel jeu ne va pas faire plaisir à tout le monde, particulièrement aux farouches opposants de ces massacres bovins. Inutile de le nier, je n'aime pas la corrida, et ce n'est pas Torero qui me fera changer d'avis. Cependant, je suis pour l'instant dans la position d'un testeur de jeu et mon rôle est donc... de tester les jeux. C'est pourquoi, je ne m'attarderai pas plus longuement sur le pour ou le contre de l'existence d'un tel titre. Après tout, un soft comme GTA est lui aussi sujet à controverse, ce qui ne l'empêche pas d'être un grand jeu. Bon, ok, j'avoue, comparer Torero à GTA est assez maladroit de ma part car premièrement, ce n'est absolument pas le même style de jeu, deuxièmement la violence de Torero n'a rien à voir avec celle de GTA (quoique...), et troisièmement on ne compare pas un chef d'oeuvre comme GTA avec une raclure comme Torero ! Non mais oh !
Seul point positif de Torero (pour les connaisseurs) : son contenu qui brasse tous les aspects de la toromachie. Pour peu que l'on soit dans le trip « costume moulant » et que l'on aime montrer ses belles nappes rouges au milieu d'arènes, on trouvera tout ce qu'il faut dans Torero. On commence par apprendre les bases et les nombreux déhanchés de la discipline à l'école taurine. Chaque passe est détaillée pour que vous puissiez vous imprégner du mouvement à réaliser et surtout du bon timing à opérer pour l'exécuter. Commencez le mouvement trop tard, et vous finirez votre carrière le bas du ventre transpercé par une bonne grosse corne. En apprentissage, vous ferez vos armes sur un chariot inoffensif, mais plus tard, vous serez bien évidemment confronté à un vrai taureau. Ne négligez donc pas la phase éducative, très importante pour la suite.
La suite, ce sont des saisons, nationales ou internationales, dans des arènes d'Espagne ou de Navarre, citons par exemple celles de Nimes. En début de saison, vous pourrez configurer à la fois votre torero et les taureaux que vous voulez affronter. Poids, taille des cornes, écartement des cornes, couleur de la robe.... tout est réuni pour trouver une victime à votre mesure. Dans le même ordre d'idées, on peut apporter quelques modifications physiques à son personnage en choisissant sa corpulence, sa couleur de peau et son costume saillant. Une fois bien déguisé, on peut alors faire son entrée dans l'arène sous les applaudissements d'un public atrocement moche et surtout tout plat. Le combat commence. L'heure pour vous de ressortir tout ce que l'on vous a appris auparavant. Véronique gauche et droite, bien sûr mais aussi Larga, Gaonera et autres Portagayola. En assurant plusieurs rôles en alternance (matador, picador et banderilleros), vous aurez aussi à effectuer différents types d'action liées à chaque fonction (piquer, poser les banderilles...). Tout cela est donc respectueux de la tradition et nul doute que les amateurs sauront apprécier.
Cependant (car il y a un cependant, un très gros cependant même), le jeu est loin d'être amusant, et là, je ne parle plus toromachie mais gameplay. Torero est absolument injouable ! Que ce soit au clavier ou au pad, le personnage semble mettre beaucoup de mauvaise volonté pour se déplacer et se traîne au milieu des arènes d'un pas nonchalant et parfaitement ignoble. Les animations, sûrement respectueuses de la discipline, sont peut-être fluides et bien décomposées, elles n'en demeurent pas moins excessivement lentes et face à un taureau qui, de son côté, ne se gêne pas pour vous foncer dessus à toute allure, vous aurez beaucoup de mal à vous en sortir indemne. A cheval, c'est tout aussi impraticable. Le viseur pour piquer l'animal est minuscule, c'est à peine si on arrive à le distinguer ! D'autant que les caméras sont horribles car bien souvent très mal placées.
Pour enterrer davantage le titre, on pourrait parler de la réalisation graphique catastrophique, ce que je vais d'ailleurs faire tout de suite. Au milieu d'une 3D trop ciselée, seul le taureau parvient à tirer son épingle du jeu (pour une fois) grâce à une modélisation réussie, quoiqu'exagérément viril, si vous voyez ce que je veux dire... Le toréro est quant à lui franchement mal fait, et les mouvements de son drap rouge, aussi immondes que possible. Splinter Cell nous a pourtant prouvé qu'il est possible d'animer une texture souple correctement, nom de nom ! Aïe, cette fois, c'en est trop ! Citer GTA et Splinter Cell dans le test d'un jeu aussi minable... je suis vraiment fatigué moi. Allez, je rentre me coucher. Un bon gros dodo me fera sûrement oublier cette horreur.
- Graphismes6/20
Déjà qu'en vrai, une corrida n'est pas jolie jolie à voir, je vous laisse imaginer ce que ça peut donner lorsqu'on vous la sert accompagnée d'une 3D misérable. C'est moche et c'est pas plus mal comme ça.
- Jouabilité5/20
Incontrôlable. Injouable. Torero est tout sauf facile à prendre en mains. Torero n'est pas maniable et c'est pas plus mal comme ça.
- Durée de vie10/20
En plus des saisons qui nous emmènent dans plusieurs arènes internationales, il existe un mode mano à mano et un mode carrière où l'on suit un jeune torero dans son ascension pour la gloire. Cela dit, c'est tellement injouable qu'on n'y passera pas des heures non plus et c'est pas plus mal comme ça.
- Bande son13/20
Plusieurs musiques à forte tonalité hispanique se font entendre durant la partie. Durant l'apprentissage, un éducateur nous explique (en français) les mouvements. Malheureusement, il a toujours tendance à répéter la même chose, ce qui à la longue devient très gavant. C'est pas plus mal comme ça.
- Scénario/
Aucun scénario et c'est pas plus mal comme ça.
J'aimerais pouvoir dire que ce jeu est excellent. J'aimerais le conseiller à tous les bouchers en herbe qui rêvent de rentrer dans l'arène (les voir jouer au torero virtuel au lieu de les voir manier l'épée pour de vrai me ferait rudement plaisir). Mais ce n'est pas possible. Torero est ignoble à tout point de vue. Tenez-vous à l'écart de ce titre, comme moi je vais désormais me tenir à l'écart des clubs de toromachistes. J'ai comme l'impression qu'ils n'ont pas apprécié ma prose...