Clock Tower 3, voilà un nom qui résonne avec le timbre de l'angoisse dans ma tête depuis que Capcom a diffusé les tout premiers visuels de ce titre. Si, comme moi, le simple fait de jouer à un survival horror vous fait transpirer et vous paralyse les membres, progresser dans Clock Tower 3 risque d'être une véritable épreuve. Mais puisqu'il m'incombe de vous en parler, je tâcherai de ne pas perdre la face en évitant de m'éterniser sur le côté oppressant de ce nouveau cauchemar vidéoludique.
La première chose qui a dû vous frapper si vous êtes un inconditionnel de la série des Clock Tower, c'est l'annonce du changement adopté par ce troisième opus. Avec Clock Tower 3, Capcom abandonne l'aspect aventure pur des premiers épisodes pour se tourner vers son genre de prédilection : le survival horror. Mais même si le squelette plutôt classique de ce nouveau jeu d'aventure horrifique ne surprendra pas outre mesure, c'est dans sa forme que Clock Tower 3 recèle pas mal d'originalités qui lui confèrent une identité propre.
Quelques mots tout d'abord sur l'histoire, qui constitue à n'en pas douter l'un des points forts de Clock Tower 3. Le jeu dépeint le destin d'une jeune adolescente anglaise nommée Alyssa Hamilton qui décide de comprendre le secret de la disparition mystérieuse de sa mère. En pénétrant dans le manoir familial, elle est confrontée à un terrifiant personnage et se retrouve projetée dans une faille temporelle qui la ramène à plusieurs moments décisifs du passé. C'est le début du cauchemar pour Alyssa qui devra libérer l'âme de ses ancêtres, assassinés dans des conditions et pour des raisons qu'il lui faudra élucider par ses propres moyens. Pour cela, elle devra surmonter ses angoisses pour retrouver et ramener les objets qui représentent un attachement sentimental pour ces personnes sauvagement assassinées pour des raisons obscures. Mais la frêle jeune fille devra surtout parvenir à échapper à plusieurs tueurs en série qui tenteront de lui faire subir le même funeste sort tout au long de sa progression.
En d'autres termes, le joueur n'a pas une seconde de répit tout au long de l'aventure, puisque à l'instar du fameux Némésis de Resident Evil 3, Alyssa est en permanence poursuivie par un psychopate armé de maillets, de hachoirs, de fers à souder, de jets d'acide et j'en passe. Comble de l'horreur, le joueur n'a à sa disposition aucune arme pour se défendre, sinon un simple flacon d'eau bénite qui permet de repousser la menace un court instant. Il faudra par conséquent recourir à tous les moyens d'évasion potentiels en cherchant des cachettes mises en évidence au sein du décor, se planquer dans un casier, sous un lit ou derrière un simple rideau. Le gameplay fait donc intervenir un certain nombre d'interactions avec les environnements du jeu, permettant parfois à l'héroïne d'opérer une riposte brutale pour neutraliser momentanément le tueur.
Une idée qui fonctionne assez bien, même si on aurait souhaité disposer d'une plus grande liberté d'interactions et de plus de cachettes pour éviter de suivre au pied de la lettre une progression qui s'avère finalement trop scriptée. On stresse pourtant d'autant plus que la plupart de ces cachettes ne peuvent servir qu'une seule fois, et qu'on sait pertinemment que le fou furieux trouvera toujours le moyen de revenir inlassablement à vos trousses. Des scènes gâchées tout de même par le ridicule de certaines situations, lorsque l'héroïne réussit par exemple à se cacher sous les yeux de son poursuivant ou que celui-ci la perd de vue en gâchant de précieuses secondes à abattre son arme dans le vide. Autre sujet de reproches, l'aventure manque cruellement d'énigmes, ce qui risque de frapper surtout les habitués de titres comme Silent Hill, beaucoup plus riches de ce côté-là.
En plus de la présence oppressante des tueurs en série, Clock Tower 3 prend le parti d'abolir le système habituel de jauge de vie pour le remplacer par une jauge de panique qui se remplit au fur et à mesure qu'Alyssa est confrontée à des situations terrifiantes, mais qui peut diminuer si elle parvient à retrouver son calme dans des endroits sûrs. Ceci n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'excellent système de santé mentale d'Eternal Darkness. Autre sujet d'étonnement, chaque chapitre se conclut par un duel final contre un tueur en série. Il s'agit alors pour Alyssa d'éliminer définitivement son oppresseur, grâce à l'arc magique qu'elle se voit attribuer à cette occasion. Assez déroutantes au début, ces confrontations s'avèrent au final plutôt intéressantes à jouer, dans la mesure où il ne s'agit pas de frapper un maximum de fois l'ennemi mais plutôt de prendre le temps d'analyser les mouvements du tueur pour trouver le moment qui permettra de l'enchaîner au moyen des flèches magiques. Beaucoup de bonnes idées, donc, pour ce Clock Tower 3, qui contrebalancent les faiblesses évoquées au niveau du manque de liberté et de crédibilité de certaines scènes de jeu, mais aussi au niveau de la réalisation en dents de scie. Clock Tower 3 est à conseiller pour tous ceux qui savent d'avance qu'ils se laisseront prendre à l'angoisse que génèrent les poursuites sanglantes de cette aventure. Ceux qui n'affectionnent pas particulièrement le genre risquent au contraire de trouver l'ensemble un peu léger.
- Graphismes14/20
Une réalisation aliasée et sans grande originalité, contrebalancée par l'excellence des cinématiques orchestrées par le grand Kinji Fukasaku (connu entre autres pour son travail de metteur en scène sur Battle Royale et bon nombre de films d'action). Les environnements évoquent la période Jack l'éventreur, l'action se déroulant à Londres depuis les années 40 jusqu'à nos jours. On dispose d'une option 60 Hz et les changements de pièces se font sans chargement, dans la continuité.
- Jouabilité14/20
De très bonnes idées pour un gameplay qui ne laisse hélas aucune part à l'improvisation. Le concept des poursuites perpétuelles avec des tueurs en série se révèle tout de même diablement efficace.
- Durée de vie12/20
Le jeu ne comporte que quatre chapitres à compléter et est à peine dans la moyenne des autres titres de survival horror. Il aurait pu être intéressant de rajouter un système de pourcentage de jeu à compléter ou d'embranchements scénaristiques pour découvrir différentes fins.
- Bande son15/20
Le silence oppressant alterne avec des mélodies certes répétitives mais toujours joliment composées, pour laisser la place à des thèmes typiques de films d'horreur lors des scènes de poursuites.
- Scénario16/20
La qualité de la mise en scène et de la narration incite à découvrir la totalité de l'intrigue qui s'avère d'ailleurs passionnante.
Avec Clock Tower 3, Capcom est parvenu à mettre en place un système de jeu qui renouvelle le genre, mais qui manque parfois d'efficacité. Les amateurs du genre auraient tort de ne pas se laisser prendre au jeu, même si l'on est loin de la maîtrise d'un titre comme Silent Hill 3.