Wario, le double maléfique de Mario, est fier de vous présenter son premier jeu rien qu'à lui sur une console autre que portable. Pour une première, c'est assez réussi, même si quelques éléments laissent encore à désirer.
Le succès d'une série se mesure souvent à la popularité de son méchant. Dark Vador pour Star Wars, Le Joker pour Batman, l'agent Smith dans Matrix... tous ces bad guys sont des personnages extrêmement charismatiques occultant fréquemment la vedette aux héros eux-mêmes. Pour la série Mario, cette règle se vérifie également. Dès l'apparition de Wario sur Game Boy au début des années 90, le personnage a connu un engouement qui s'est rapidement traduit par la création de sa propre série : Wario Land (dont je ne saurais trop vous conseiller le dernier épisode en date, Wario Land 4 sur GBA). Malgré ses multiples apparitions sur plusieurs jeux Nintendo (Mario Kart, Mario Golf, Mario Tennis, etc.), Wario n'avait encore jamais eu l'honneur d'un jeu à lui tout seul sur console de salon. Une grave erreur qui est aujourd'hui réparée grâce à Wario World.
Wario a beau être l'anti-Mario, on peut quand même trouver de multiples points communs entre son jeu et celui du plombier à la casquette rouge. Wario World est ainsi un jeu de plates-formes au sens le plus classique du terme. 8 niveaux à explorer en ramassant des objets, en sautant au-dessus du vide et en tabassant des monstres par paquets de douze. Le programme n'est pas vraiment original et je vous avouerais que les débuts dans le jeu ne m'ont pas plu plus que ça. Même Wario, qui d'ordinaire me fait bien marrer avec son ego démesuré, ne me donnait pas vraiment envie d'avancer. Pourtant, il a bien fallu que j'insiste, ne serait-ce que pour argumenter la suite de ce test. Et alors petit à petit, le charme a commencé à opérer et je me suis finalement bien pris au jeu allant même jusqu'à passer chaque niveau au peigne fin pour le terminer entièrement avant de passer au suivant.
Si Wario World ne révolutionne en rien le genre, il se permet quand même d'inclure des défis bien corsés qui donneront pas mal de fil à retordre même aux pros du pad. Régulièrement dans le jeu, Wario se retrouve en effet dans de petites zones qui rappellent grandement les niveaux spéciaux de Super Mario Sunshine avec l'obligation de réaliser des sauts d'une précision redoutable sur des surfaces parfois toutes petites. Je préviens donc ceux qui n'ont aucune patience, Wario n'est peut-être pas un jeu qu'il vous faut. Même s'il n'y a rien d'insurmontable et que la durée de vie n'est pas énorme compte tenu du peu de niveaux à traverser, le challenge est parfois assez relevé et peut causer quelques crises de nerfs.
Si on ne retrouve pas les problèmes de caméra du même Super Mario Sunshine, on n'est pas pour autant à l'abri de soucis à ce sujet. Pour les zones spéciales, nickel, rien à dire, la caméra joue son rôle et ne nous trahit pas. En contrepartie, pendant les niveaux normaux, il est impossible d'influer sur l'angle de vue. Tout juste peut-on avancer ou reculer la focale de quelques centimètres. Rien en tout cas qui permette de voir les dangers qui se trouvent devant nous ou d'apprécier les distances pour certains sauts. La maniabilité est aussi assez rigide. Wario n'est certes pas un sportif né, mais un peu plus de souplesse dans ses mouvements n'aurait pas été du luxe. Puisqu'on en est à parler des problèmes, évoquons la réalisation globale qui ne fait pas honneur à la console. Pauvre graphiquement, Wario World n'est aussi pas très poussé niveau son. A part la mélodie bien crétine du menu de pause, les musiques sont vraiment trop répétitives, tout comme les répliques que le personnage sort de temps à autres et qui reviennent un peu n'importe quand.
Mais bon, je le répète, Wario World m'a finalement plutôt séduit. Si on arrive à faire abstraction de l'habillage et du son, on se trouve face à un jeu de plates-formes encore une fois très classique, mais plutôt efficace. Les niveaux sont longs et bien conçus avec des interrupteurs cachés un peu partout, des centaines de pièces à ramasser pour augmenter la cagnotte du personnage, des monstres crétins à frapper et à utiliser comme projectiles et, de temps en temps, des boss énormes à rétamer. Et puis le jeu offre aussi un petit bonus bien sympathique pour tous les possesseurs de GBA (et de câble de connection à la GameCube, bien sûr) puisqu'il est possible de télécharger sur la portable plusieurs mini-jeux issus de Wario Ware Inc. Pour une bonne nouvelle ! Bref, un jeu plutôt encourageant pour la suite, si suite il doit y avoir. En corrigeant les quelques lacunes par-ci par-là, la double maléfique pourrait, pourquoi pas, dépasser un jour le plombier dont il s'inspire.
- Graphismes14/20
Quelques jolies textures, mais les environnements sont très inégaux et la modélisation des personnages reste toujours très sommaire.
- Jouabilité14/20
Il faut s'habituer à ce que la caméra reste bloquée sur le personnage. Une fois la phase d'apprentissage, on parvient à se débrouiller en dépit de quelques passages pénibles et confus.
- Durée de vie12/20
Les niveaux ont beau être longs, ils ne sont pas assez nombreux pour nous occuper suffisamment longtemps devant la télé.
- Bande son13/20
Plusieurs musiques tout à fait dans l'esprit Nintendo, une certaine nonchalance (due au personnage) en plus. Les bruitages sont assez sobres.
- Scénario/
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Malgré les apparences, pas forcément très flatteuses, Wario World préserve un certain esprit des jeux de plates-formes. Sans trop s'éloigner des bases classiques du style, on trouve donc un titre agréable et efficace qui pourra rebuter certains par quelques passages assez balèzes. Dommage qu'il soit si court !