Sony nous fait miroiter Socom depuis belle lurette maintenant. Entre le système Headset et l'avènement du online sur PS2, voilà un titre qui vient bien accompagné mais qui ne tient néanmoins pas toutes ses promesses.
Enfin, il est là, en version définitive. Enfin le online sur PS2 est là aussi, pour de vrai. Présenter Socom me semble quelque peu inutile depuis le temps qu'on entend parler de lui mais un ou deux petits mots d'introduction ne seront pas de trop. Si on a tellement attendu ce soft c'est bien pour deux raisons. D'une part parce qu'il devait marquer le lancement du online sur la machine de Sony et ensuite parce que son gameplay s'appuie sur une idée révolutionnaire de commandes vocales. Voyons de suite ce qu'il en est.
C'est à la tête d'une équipe de Seals que vous allez être placé. Les Seals ont une manière bien à eux d'intervenir. Chaque commando est composé de 4 membres, deux équipes (Alpha et Bravo) de deux hommes qui ne se séparent sous aucun prétexte, même si vous donnez un ordre direct à votre collègue Boomer, il restera près de vous. Socom se présente à nous comme un jeu d'action/tactique dans la plus pure tradition des Rainbow Six, vous lançant à la chasse aux terroristes, aux bombes où à l'otage, le tout dans la plus grande discrétion.
Commençons par voir tout ce qu'il y a de génial dans tout ça. D'abord, le système d'ordre bien entendu avec ce fameux Headset, le micro-casque fourni avec le jeu. Deux possibilités s'offrent à vous pour contrôler vos hommes, la première consiste à utiliser le logiciel de reconnaissance vocale plutôt performant et qui ne nécessite aucun calibrage de surcroît. Pour donner un ordre rien de plus simple, il suffit de former une phrase primaire du style Bravo Aller à Charlie, Bataillon Couvrir Zone etc. etc. On note des ratés et il faut parfois répéter les ordres mais dans l'ensemble, il faut le dire, c'est vachement marrant. Mais de là à dire que c'est révolutionnaire... Car il faut bien le reconnaître, on abandonne assez rapidement ce gadget qui nous fait passer pour un schyzophrène profond au profit de l'arborescence d'ordres très ergonomique qu'on active avec une simple touche. C'est sûr, c'est la frime le Headset, mais ça ne va pas si loin que ça au final et ce même avec les quelsu commandes cachées qui permettent, par exemple, de surprendre un ennemi et de l'obliger à se rendre façon "hands up".
Dans le fond, Socom a vraiment de très bonnes choses pour lui. Outre sa réalisation sur laquelle nous reviendrons, sa campagne se montre variée avec des objectifs qui ne se répètent que peu, on nettoie une base, on libère des otages, on désamorce des bombes on fait des prisonniers qu'il faut ensuite escorter, enfin bref, c'est au poil. Et en plus de ça, même les maps sont bien construites et vous laissent libre d'aller et venir comme bon vous semble. D'un level design complexe, Socom nous offre les coins d'ombres et les planques qu'on attend d'un titre du genre, idéal pour réaliser quelques silent kills toujours jouissives à grands coups de poignard dans le dos. Autre très bon point, Socom parvient à nous immerger très efficacement dans le trip commando, notamment par son réalisme. Votre position (debout, assis, couché) influera sur votre précision au tir, un sprint vous fera trembler si vous snipez juste après etc.
Malheureusement, quelques écueils viennent un peu gâter cette nourriture ludique. Essentiellement l'IA pratiquement inexistante des ennemis et défaillante de vos équipiers. Si l'on se force à jouer comme on est censé le faire, en étant furtif et en comptant sur nos alliés, c'est un bon trip que Socom. Mais c'est assez difficile à faire lorsqu'on sait qu'en réalité, on peut très bien jouer sans donner plus d'un ou deux ordres par mission et en fonçant dans le tas. Si les terroristes sont aussi peu dangereux qu'ils le sont ici, moi je veux bien m'engager dans les Seals (enfin d'abord il faudra que je règle un ou deux cas de conscience et que je coupe mes tifs mais bon). Ces derniers sont en effet assez longs (je parle des ennemis là) à la détente et de plus très peu précis dans leur tir. En clair, ils sont loin de représenter une menace. Quant au problème du manque de furtivité, se faire repérer se solde en général par un simple compte à rebours avant explosion qui vous laisse amplement le temps de régler l'affaire. En ce qui concerne vos collègues Seals, ils souffrent eux-aussi d'une ou deux tares intellectuelles qui ne vous engagent pas vraiment à leur faire confiance. Pas trop de soucis quand il s'agit de tirer, ils sont même assez doués, mais du côté du pathfinding, c'est déjà moins la joie et en ce qui concerne le lancer de grenade, leur en demander un est le meilleur moyen de se débarrasser d'eux s'ils vous encombrent. Autant dire que du coup le gameplay en prend un coup dans l'aile et que le côté tactique de Socom s'efface au profit de l'aspect action. La campagne solo perdant alors beaucoup de son intérêt, sans en être dénuée toutefois.
Du coup on se rue sur le online dans lequel deux équipes de 8 joueurs Seals et autant de Terroristes s'affrontent. Ce sont 3 modes de jeu qui vous sont proposés, s'inspirant tous des références du monde PC. En mode Démolition votre but serra de désamorcer ou de poser une bombe selon le camp choisi. Élimination quant à lui n'est rien de moins qu'un Team Deathmatch et enfin le mode Évacuation consistera en une tentative de libération d'otages. Le premier contact avec le online PS2 est pour le moins convaincant. L'ensemble est fluide et on peut considérer que Socom a de quoi satisfaire dans le domaine du multijoueur. Mais tout n'est pas rose là non plus. La gestion du online n'est pas franchement au top. Après vous être connecté sur une room, vous devrez attendre qu'un maximum de joueurs soient présents avant de pouvoir commencer la partie, bon c'est cool on papote soit au clavier soit avec le casque (cool) et hop on y va. Le hic, c'est qu'on peut mourir assez facilement, et surtout rapidement au cours de ces parties d'une durée maximale de 5 minutes. Or, le respawn est impossible. En clair, si vous avez le malheur de mourir dès le début, vous êtes bon pour glander 5 minutes sans rien faire. Un problème assez agaçant et qui pourrait rebuter les plus impatients d'entre vous. De même la courte durée des parties est assez frustrante au regard de l'attente qui les ponctue et on pourra également regretter la petite taille des maps. Néanmoins, le fun est tout de même au rendez-vous.
Là où Socom frappe assez fort c'est au niveau de sa réalisation. Le seul véritable point noir étant les doublages absolument minables. Les briefings sont énnoncés d'une manière qui n'est pas sans rappeler l'horloge parlante, nous gratifiant de petites perles du genre « attention, il y aura des snipers » (sniper prononcé un i comme idiot) et les doublages in game ne sont vraiment pas mieux, le ton des Seals faisant plus penser à une cueillette de champignons qu'à une opération spéciale. Pour le reste, c'est franchement bon. L'animation des Seals est excellente avec tout un tas de gestes « commando attitude » et les environnements sont travaillés. Le top restant la bande-son avec ses effets superbes et immersifs à souhait.
- Graphismes17/20
Mention pour l'animation des Seals très convaincante. Les environnements sans mettre une claque visuelle sont d'une grande qualité et le level design varié, des plates-formes pétrolières aux forêts, offre un réel intérêt au gameplay.
- Jouabilité14/20
Les problèmes d'IA mettent un sacré coup au gameplay tactique qu'on ne pourra pratiquer qu'en se forçant. Reste un jeu d'action sympathique mais qui manque de piquant. Heureusement le online est là. Le Headset, pour marrant qu'il soit finit par être assez accessoire et dispensable.
- Durée de vie15/20
Les missions de la campagne solo sont longues et il y a de quoi s'occuper. Si on est patient, le jeu en ligne saura encore ajouter à cette durée de vie conséquente.
- Bande son16/20
Si on passe outre les doublages pitoyables, la bande-son est une petite merveille d'immersion auditive.
- Scénario13/20
Une histoire classique de gentils commandos contre de méchants terroristes. Un genre dans lequel même Clancy finit par tourner en rond alors c'est dire.
Peut-être un poil déçu par un aspect tactique qui disparaît en raison de l'IA fantomatique, on saura tout de même se satisfaire de ce jeu d'action assez prenant et malgré tout immersif. Si les commandes vocales font un peu gadget, le casque trouvera son utilité dans le online qui reste un gros atout pour le titre. Un peu moins bon qu'on l'espérait, mais loin d'être mauvais ce petit Socom.