Que serait la vie de testeur sans ces grands moments qui marquent l'arrivée de titres comme SuperPower ? Les simulations géopolitiques font aussi partie de l'univers des jeux vidéo, et il est plus que temps de leur rendre hommage. Alors passons outre nos a priori négatifs et sacrifions-nous sur l'autel de la réalité politique pour renseigner les quelques passionnés qui pourraient se sentir intéressés par un tel titre.
SuperPower s'adresse à ceux qui ont une âme de politicien, de stratège militaire, de génie diplomatique, bref, une petite colonie d'irréductibles en voie de disparition sur PC. Ceux-là seuls seront en mesure de rester fascinés des heures durant devant leur moniteur, à explorer les moindres recoins de l'interface pour mettre au point une stratégie parfaite visant à dominer le monde. Mais attention, ici, il ne s'agit aucunement d'imaginer des plans diaboliques et tortueux façon Minus et Cortex. Les développeurs ont mis au point un titre tout ce qu'il y a de plus sérieux, dont le coeur réside dans les chiffres, les statistiques, les bilans économiques, les puissances militaires et tout ce qui peut faire la joie d'un chef de gouvernement.
On ne s'étonnera donc pas de découvrir une interface austère, souvent beaucoup trop dense, mais pourtant suffisamment bien pensée pour permettre au joueur de mettre en place ses actions de manière simple, pour peu qu'il sache quoi faire. Si le didacticiel présente de façon plutôt claire les différentes possibilités du jeu, la panique gagne rapidement lorsqu'on se retrouve lâché en pleine nature devant une planète qu'il s'agit de s'approprier sans savoir par où commencer. Autant dire que les quelques scénarios proposés n'atténuent guère ce problème, dans la mesure où on vous donne juste quelques directives générales à suivre pour remporter la partie, sans aucun objectif de mi-parcours qui pourrait vous aider à démarrer. Les pros de la stratégie géopolitique seront en tout cas ravis de se retrouver avec une liberté d'action aussi totale, et se jetteront à corps perdu dans l'exploration des innombrables icônes et menus qui composent l'interface.
Bilan économique, actions militaires, manoeuvres ultra secrètes, démocratie, répartition des bases militaires, distribution des ressources, attaques nucléaires, production d'unités militaires, etc... Autant d'actions avec lesquelles il faudra jongler pour se rapprocher de la domination mondiale. Le tout se joue au tour par tour, mais c'est à l'ensemble des autres nations que vous serez confronté, et non pas à un seul joueur. Aucun mode multijoueur n'est d'ailleurs prévu dans le jeu, c'est votre créativité face aux 139 autres pays gérés par l'ordinateur. Le tout donne presque l'impression de se faire un remake du film WarGames sorti dans les années 80, mais en beaucoup moins fun. Le jeu est tout de même doté d'une vraie base de données, et d'une IA sophistiquée appelée l'EHE (Emulateur Humain Evolutif) qui assure des réactions crédibles, logiques et réalistes de la part des autres nations, tout en permettant de vous faciliter la tâche pour résoudre de manière automatique certains conflits.
Le jeu est par ailleurs agrémenté d'un éditeur de scénarios encore plus rebutant que l'interface du soft, mais qui aura le mérite de relancer l'intérêt du joueur qui sera parvenu à terminer tous les scénarios proposés. Ceux-ci sont finalement assez peu nombreux et proposent des objectifs qui ne sont pas toujours évidents à deviner et que l'on aurait aimé plus détaillés. Vous devrez empêcher l'invasion de la Bolivie, reprendre le contrôle du territoire en Côte d'Ivoire, rétablir la démocratie en Haïti, conclure une alliance entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, instaurer l'anarchie en Pologne, reconstruire l'empire soviétique et permettre aux chinois de signer une alliance stratégique avec Taïwan. C'est tout pour les scénarios. Le reste, il faudra le créer vous-même via l'éditeur de scénarios ou laisser libre court à votre génie sans vous fixer de contraintes précises. N'étant pas moi-même une fervente adepte de ce type de jeu, j'imagine mal comment même les plus fervents passionnés de softs de gestion politique et de wargames pourront trouver matière à s'extasier des heures durant devant un jeu aussi austère et complexe que SuperPower. L'environnement technique est pauvre, les possibilités sont vastes mais difficiles à maîtriser, et la durée de vie me semble franchement limitée. Mais si cette présentation vous a tout de même mis l'eau à la bouche, alors pourquoi pas ?
- Graphismes8/20
C'est très pauvre et très austère, l'affichage à l'écran est beaucoup trop dense, mais pourtant l'interface finit par se laisser dompter et on oublie vite les lacunes techniques pour se concentrer sur le jeu.
- Jouabilité10/20
Très confus au début, on s'aperçoit peu à peu que l'interface n'est pas aussi pénible qu'elle en a l'air. Les possibilités sont nombreuses mais le plus dur est de savoir par où commencer. On aurait apprécié de trouver des scénarios un peu plus assistés pour se faire la main.
- Durée de vie7/20
Un didacticiel très léger, des scénarios peu nombreux et pas de possibilité de multijoueur. Le tout semble d'autant plus limité que rares seront ceux qui accrocheront suffisamment pour créer eux-mêmes leurs propres scénarios.
- Bande son3/20
Quelques bruitages mais pas de musique. L'interface permet seulement de lancer ses propres CD et MP3 durant le jeu...
- Scénario9/20
Si le domaine de la stratégie géopolitique vous passionne, SuperPower constitue le terrain de jeu idéal pour s'essayer au jeu de la domination à l'échelle mondiale. On aurait tout de même aimé trouver davantage de missions scénarisées.
Voilà un titre à ne pas mettre entre toutes les mains. Même les plus fervents adeptes des softs de gestion et de stratégie risquent de se sentir perdus dans ce titre austère et désagréablement complexe. Ce simulateur militaire et géopolitique échoue non seulement à nous interpeller, mais aussi à proposer un contenu à la fois riche et attractif pour intéresser les passionnés sur le long terme.