Peut-être vous en souvenez-vous mais lors de la preview de Delta Force il y a quelques mois, l'enthousiasme suscité par le titre avait subi une méchante baisse de température. A l'heure du test, les améliorations sont visibles mais pas suffisantes. Je vous l'ai déjà expliqué en preview, ce nouvel épisode d'une série en mal de vivre nous plonge au coeur d'une opération américaine en Somalie qui ne s'est pas tout à fait déroulée comme prévue (bon d'accord, les américains se sont méchamment vautrés façon Viet-Nam, pour résumer). Il ne sera pas inutile je pense de rappeler que le seul point commun entre le jeu et le film est le contexte historique, le titre de Novalogic n'étant pas l'adaptation du film de Ridley Scott.

C'est dans la peau de divers rangers que vous allez visiter ce beau pays ensoleillé en proie à la guerre civile dans une campagne solo qui comporte ses hauts et ses bas, et peut-être surtout ses bas d'ailleurs. Oubliez la recette des premiers Delta Force, cette fois Novalogic a décidé de se la jouer action pure et dure et c'est un FPS tout bête qu'on nous livre. Enfin tout bête, pas vraiment. Dans le fond, la campagne solo s'efforce de nous offrir un gameplay varié dans lequel on se baladera à pied aussi bien en ville qu'au milieu de la nature désertique ou en plein coeur des bidonvilles ou en Humvee et autres hélicoptères. Dans ces cas là, pas question de piloter soi-même les véhicules, le joueur tiendra ici le rôle de l'artilleur et devra dégommer tout ce qui lui passe sous la mire de la mitrailleuse avant de se faire déposer au sol comme une fleur délicate pour poursuivre la mission à pinces (ou à tiges). Côté objectifs, DFBHD n'est pas avare : escorte de convois humanitaires, récupération de soldats en difficulté, sabotage, recueil d'infos, de jour comme de nuit etc. Dommage que cette diversité ne se ressente pas vraiment dans la pratique.

Misant sur l'action, Novalogic s'est plié aux règles en vigueur depuis que MoH a élevé au rang d'art le scriptage des niveaux. Ainsi de nombreux scripts viennent mettre en scène chaque mission, missions qui se résument d'ailleurs trop souvent à arpenter des niveaux faussement ouverts en suivant un système de guidage qui enfonce le clou fixant le sceau « Sort pas des rails ». Premier regret, force est de constater que cette mise en scène ne fait pas toujours mouche loin de là. Si certaines scènes s'avèrent bigrement efficaces, d'autres sont sans surprises, dépourvues d'envergures et surtout mal amenées. Partant avec un seul objectif, voilà que l'on vous bombarde en cours de jeu d'objectifs secondaires à l'intérêt réduit et qui se résolvent souvent sans qu'on s'en rende compte. Finalement le truc le plus flippant dans les missions, c'est bien souvent de distinguer les civils des rebelles AVANT de les avoir tués. En résumé : bien mais pas top.

Mais on ne va pas s'arrêter là. Autre mode des FPS, les ordres aux copains. Car en bon rangers vous n'êtes pas parti seul dans le désert. Vos équipiers sont là pour vous soutenir. Enfin vous soutenir... Nous touchons là à l'un des gros reproches adressés à la version preview, l'IA. Certes, des progrès ont été faits au niveau du pathfinding qui s'en sort bien mieux, voire très bien. De même vos hommes répondent plutôt bien aux ordres simples et habituels (hold fire, fire, grenade etc.) mais pour le reste... Leur soutien est plus que virtuel, ils sont incapables d'aligner un ennemi (c'est d'ailleurs le cas des ennemis eux-même qui visent effroyablement mal) et surtout, ils sont d'une rare bêtise dans certaines situations et se montrent parfois inutiles voire dangereux. Pour faire simple, disons que si vous êtes pris dans un couloir entre un groupe de rebelles et vos hommes, le danger ne viendra pas nécessairement d'où vous le pensez. Pour rester dans le domaine du comportement, on notera que malgré leur bêtise, les adversaires sont toutefois capables de se planquer assez efficacement

Mais il faut reconnaître que Delta Force a pour lui quelques atouts. En dépit du fait qu'il se résume finalement à une vaste boucherie d'ennemis au stoïcisme presque british face à la mort et que vos équipiers soient aussi utiles qu'une vache sacrée, les armes sont plutôt sympathiques et l'ambiance qui se dégage du titre en fait un défouloir très valable à défaut d'un shoot profond. Car même si l'action n'est pas toujours très bien mise en scène, le rythme reste effréné pour ne pas dire frénétique et c'est toujours ça de pris. Au niveau réalisation, voilà une bonne surprise, la série se débarrasse enfin du Voxel pour nous gratifier d'un moteur bien joli, qui malgré quelques ratés est capable de grandes choses. Les environnements qu'ils soient intérieurs ou extérieurs, urbains ou désertiques sont détaillés, fins et de nombreux effets viennent enjoliver le tout. Refléxions, lens-flare, poussières qui volent sous les pâles de l'hélico et explosions sont du plus bel effet. Seules de rares saccades et des textures parfois « flottantes » sont à déplorer.