Après avoir laissé un goût doux amer après la version béta de la preview, Devastation nous revient pour un test cette fois. Des deux poids qui se trouvaient sur la balance, ce n'est malheureusement pas le potentiel positif du titre qui se trouve au sommet.
Trop souvent les bonnes idées ont le mauvais goût de ne rester que des idées. Pourquoi ? Simplement parce qu'elles se vautrent à l'atterrissage, au moment où il faut les concrétiser. Devastation est l'exemple même de ce genre de ratés déplorables et attristante. Dans un futur pas très lointain, environ 75 ans, le monde se trouve ravagé et gouverné par des milices à la solde de corporations qui ont pris la place des gouvernements. Quelques faction rebelles se battent en vain contre une armée dont les soldats semblent ne jamais devoir manquer à l'appel. Vous, le jeune rebelle au cheveux platines (oui, un rebelle peut se préoccuper de ses cheveux, Florent Pagny est donc bien un rebelle) aller découvrir que votre ennemi tyrannique possède une machine à respawner comme on dit chez nous, en clair, à cloner. Machine dont vous ne tarderez pas à vous procurer un exemplaire.
Dans un premier temps, Devastation reste un FPS ordinaire dans lequel vous errez au sein d'une ville totalement ravagée, remplissant vos objectifs de sabotage bien tranquillement (enfin, bien violemment plutôt). Mais Arush, développeur du jeu, a eu la présence d'esprit d'inclure des coéquipiers auxquels vous pourrez adresser un certain nombres d'ordres simples (attendre, suivre, défendre, attaquer). Si votre première équipe se limitera à deux ou trois personnes, plus tard ce sont 6 équipiers qui vous suivront. Si le système n'est pas en soi d'une grande originalité (car de plus en plus présent dans les FPS), on est toujours content de le retrouver. Premières anicroches dans cette première partie du jeu. D'abord, le scénario et la mise en scène ont bien du mal à nous motiver pour avancer dans le jeu. Trop souvent, nos objectifs sont mal expliqués et on se retrouve à traverser les maps sans savoir pourquoi on le fait. C'est peu stimulant, très peu. Plus grave, le système d'ordre est dans la pratique assez foireux pour une raison toute bête : l'IA ne suit pas. Du côté de vos équipiers cela se traduit par un pathfinding assez calamiteux qui fait qu'on se trouve souvent bloqué dans une impasse par nos amis eux-mêmes qui refusent de comprendre qu'ils doivent faire demi-tour. On notera également qu'ils ont bien du mal à obéir à un ordre comme « Attendre ».
Chez les ennemis, on obtiendra des résultats contradictoires mais habituels. Quand il s'agit de vous tirer dessus, ils ont des yeux de lynx et font mouche même à 3 kilomètres. Pourtant, il sont incapables de se planquer correctement et ils restent bêtement devant vous à attendre la mort, ou alors ils sautillent gaiement comme des cabris au milieu du chemin. Qu'il s'agisse des ennemis ou des alliés, l'IA énerve rapidement. Pourtant Devastation a dans son gameplay une petite chose qui aurait pu en faire un titre très recommandable. Outre des maps qui jouent la carte du labyrinthe bourré d'impasses la seconde partie du jeu s'inspire du multijoueur. Les rebelles possèdent une machine à respawn ainsi que les ennemis. Terré dans une base, vous allez devoir défendre votre peau, chaque homme tué étant réanimé. Le but est simple : dégommer la machine de l'adversaire. Et voilà comment on progresse dans une campagne solo qui s'inspire d'une partie multijoueur. Malheureusement, vu les problèmes d'IA soulevés plus haut, cette seconde partie du titre est loin d'être aussi plaisante qu'on aurait pu la souhaiter.
Techniquement, le soft se dope à l'Unreal Engine et profite d'un moteur physique assez intérêssant. De nombreux objets encombrent le passage mais pourront être balancés sur les côtés. Malheureusement, cela donne parfois lieux à des belles étrangetés physiques avec des chaises qui pèsent le même poids qu'un canette. Vivement Deus Ex 2 et son moteur physique gérant les masses volumiques, moi je vous le dis. En tout cas, il sera possible de se débarrasser d'ennemis trop nombreux en faisant exploser une voiture. Graphiquement le résultat est assez sympathique et le travail de design est méritant, les décors apocalyptiques sont bien rendus et on sent le travail qu'il y a derrière tant les environnements fourmillent de détails d'ambiance (détritus, ruines, poutres, véhicules abandonnés etc.). Dommage que de nombreux bugs de collisions viennent casser l'ambiance. Personnages qui rentrent dans les murs, ennemis qui flottent en l'air, tout y passe. La bande-son quant à elle ne brille pas par sa qualité, les voix sont correctes mais les cris sont complètement ratés (tirer à la mitrailleuse sur un ennemi donne une répétition de samples saccadés rythmés par l'impact des balles, très « old school ») et les détonations sont trop « sèches ». Un mot enfin sur le multijoueur qui reste assez classique avec les habituels Deathmatch et autre CTF auxquels s'ajoute le mode territories identique au second temps du jeu.
- Graphismes14/20
Un moteur puissant mais pas trop exigeant qui anime un monde au design soigné et travaillé. On peut applaudir le boulot de Arush mais comme on regrette les nombreux bugs et le manque de personnalité des personnages.
- Jouabilité12/20
Une première partie classique suivie par une seconde plus originale. L'ensemble aurait pu être très correct, voire franchement bon si l'IA n'était pas aussi déplorable. Malheureusement cela gâche tout et ce n'est pas la mise en scène trop banale qui sauvera le titre.
- Durée de vie13/20
Plutôt honnête même si le multijoueur est assez limité. Le principal souci vient du fait que l'on décroche facilement du titre qui peine à nous maintenir en jeu.
- Bande son9/20
Des musiques anecdotiques secondées par des effets qui oscillent entre le moyen et le mauvais. Vraiment pas un point fort de Devastation.
- Scénario11/20
L'intrigue n'est pas particulièrement originale mais reste efficace. C'est surtout la mise en scène, aussi in game que lors des cut scenes qui pêche par trop de classicisme, voire de ringardise.
De bonnes idées, mais une concrétisation pas à la hauteur. Devastation tente d'innover mais souffre de défauts difficilement pardonnable (mauvaise IA et jeu coopératif font rarement bon ménage). Si le jeu n'est pas repoussant, il n'est pas particulièrement attractif non plus. Dommage, avec plus de soins, le résultat eut été différent.