Comme chaque année, Carapace arpente les courts de Roland Garros pour tenter d'améliorer son adaptation vidéoludique du fameux tournoi de tennis français. Rencontre avec quelques nouveaux joueurs enclins à subir l'épreuve de la modélisation, retouche de quelques grosses lacunes de la précédente mouture, et voilà un cru 2003 un peu plus présentable que son prédécesseur, mais toujours loin de convaincre les amateurs.
Autant faire un trait tout de suite sur la mauvaise surprise de RG 2002 pour partir sur des bases saines, sans a priori, et découvrir avec intérêt ce tout nouveau Roland Garros 2003. Après une jolie moisson de titres l'année dernière, puis quelques mois de vaches maigres, les passionnés de jeux de tennis ne pouvaient pas négliger la sortie du soft de Carapace, même si le support PS2 est déjà plutôt bien servi dans le domaine, avec les excellents Virtua Tennis 2 de Sega et Smash Court Tennis Pro Tournament de Namco.
Pourquoi donc investir dans Roland Garros 2003 alors que Sega et Namco proposent déjà beaucoup mieux en matière de tennis sur PS2 ? Comme d'habitude, il est clair que hormis les collectionneurs invétérés, c'est surtout le grand public qui risque de se sentir attiré par la licence de Roland Garros, et la présence de quelques joueurs pro. Dans cette mouture 2003, on retrouvera en effet Marat Safin, Alex Corretja, Paul-Henri Mathieu, Chanda Rubin et Justine Henin, pas vraiment reconnaissables dans leur version modélisée mais c'est toujours ça de pris. Quelques autres joueurs fictifs viendront compléter le tableau pour servir un échantillon de joueurs correct avec tous les styles représentés.
Dans le même registre, on appréciera de retrouver les vrais courts en terre battue de Roland Garros tels le Court n°1, le Court Suzanne Lenglen et le Court Philippe Chatrier, ainsi que quelques autres terrains officiels des tournois étrangers. Toutes les surfaces sont ainsi représentées à travers les tournois de l'US Open, de l'Australian Cup, de Roland Garros et du British Classic. Voilà pour les attraits superficiels du soft. Autant poursuivre avec ce qui nous a plutôt surpris agréablement. On commence avec les services, bête noire des précédents opus. On sort ici des services à la puissance maximale sans aucun effort avec un système de jauge classique, et on ne fait quasiment jamais de double-faute. Les services à la cuillère sont même autorisés, et le joueur contrôlé par la console n'hésitera pas à se ridiculiser de cette façon dans le plus faible niveau de difficulté. Même si la pression est inexistante du fait de la quasi impossibilité de louper son service, on appréciera tout de même le choix fait par Carapace de rendre le service beaucoup plus accessible.
Pour ce qui est des autres plutôt bonnes surprises, on note des trajectoires beaucoup plus ouvertes, avec de vraies possibilités d'angles dans les coins du court. Malheureusement, on s'aperçoit vite que le gameplay ne permet pas d'ajuster de façon précise sa frappe, à l'inverse d'un titre comme Smash Court. Ceux qui auraient été traumatisés par les précédents opus seront sans doute rassurés de savoir que le soft ne comporte pas de gros gros bugs comme c'était le cas par le passé. Tout juste pourra-t-on pester contre les retours de service extrêmement difficiles à reprendre sur surfaces rapides et contre les meilleurs joueurs. Enfin, les reprises de volée et le jeu dans la partie haute de l'écran ne posent aucun problème. C'est plutôt rassurant.
Mais il est temps de souligner avec force les nombreuses lacunes qui rongent encore cette édition 2003, autant d'un point de vue technique que ludique. La quasi impossibilité de faire des fautes directes nuit autant au réalisme et au plaisir de jeu que le caractère dépouillé de l'aspect visuel. On ne s'étonne plus du comportement physique irréaliste d'une balle qu'on frappe parfois de plein fouet alors qu'elle se trouve à plusieurs centimètres du joueur. Les animateurs ont encore beaucoup de chemin à faire pour accentuer la crédibilité des frappes, le rendu des courts est assez inégal, les ralentis sont sans intérêt et feraient aussi bien de ne pas nous montrer le public factice dans les tribunes. Si les développeurs ont visiblement accru le dynamisme des échanges, on est encore très loin d'un VT2 pour ce qui est du grand spectacle, et à mille lieues d'un Smash Court en matière de réalisme et de plaisir de jeu. La profondeur technique n'est pas au rendez-vous, et il faut vraiment n'avoir joué à aucune des deux références tennistiques sur PS2 pour apprécier le gameplay de RG 2003.
Si tel est le cas, les nombreux modes de jeu suffiront à rentabiliser l'achat du jeu par leur variété mais pas par leur originalité. Trois niveaux de difficulté, des modes Arcade, Exhibition, Carrière avec joueurs évolutifs (très peu de profils disponibles et des entraînements qui déçoivent), Tournoi multijoueur (jusqu'à 4 avec le multitap), Endurance (l'équivalent du Survival pour les jeux de baston), plus quelques bonus à débloquer et des épreuves imposées qui consistent à remporter des matches sous des conditions précises. Voilà pour ce qui est du contenu. Si les doubles sont plutôt bien fichus et donnent l'occasion de voir que les smashes s'exécutent aussi facilement que les simples volées, on restera sidéré de voir des matches opposant un joueur contre lui-même. Dans le même genre, on peut très bien se retrouver en quart de finale et en demi-finale contre le même adversaire. Enfin, on constatera une lenteur évidente pour ce qui est des matches féminins qui les rend franchement moins intéressants à jouer que leurs homologues masculins. Dommage. Pour résumer, ce n'est certainement pas ce Roland Garros 2003 qui réussira à faire de l'ombre à Virtua Tennis 2 ou Smash Court Tennis Pro Tournament sur la machine de Sony, mais ça on s'en doutait un peu.
- Graphismes12/20
Des courts inégaux, tantôt complètement dépouillés, tantôt plutôt bien rendus. Une seule vue possible, des animations et une modélisation qui déçoivent. L'évolution graphique se fait tout de même sentir depuis les premiers volets de la série.
- Jouabilité10/20
On s'étonne d'abord de trouver le soft jouable, de pouvoir sortir des coups en angle avec de vraies trajectoires, et puis on constate le manque de possibilités dans les frappes, l'absence totale de sensations, et une physique de la balle toujours aussi peu réaliste.
- Durée de vie12/20
Une pléthore de modes de jeu pour qui souhaite rentabiliser au maximum l'achat du jeu. Ceux-là sont toutefois de pâles copies des références du genre, qui manquent de fun et dont l'intérêt en matière de plaisir de jeu s'efface rapidement.
- Bande son13/20
Des arbitrages adaptés à chaque tournoi, des bruitages corrects et un public qu'on préfère tout de même largement entendre qu'avoir sous les yeux.
- Scénario/
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Un titre qu'on ne pourra raisonnablement apprécier que si l'on n'a pas eu la chance de jouer à Smash Court Tennis Pro Tournament et Virtua Tennis 2 sur ce même support. Avec cette version 2003, Carapace rend le soft plus accessible mais toujours aussi limité en matière de fun et de possibilités. On déplore surtout le manque de sensations offertes par ce titre.